Je tiens encore à vous remercier sincèrement toutes et tous pour l'aide morale que vous m'avez apportée et qui nous a permis de retrouver un équilibre après l'épreuve qu'avec ma famille nous venons de traverser.
L’adieu de Jacques
Cet extrait du roman "Les deux cœurs" concerne les vers allant de 9329 à 9428
LORIENT, le 19 Octobre 1961,
C’est fini. A présent je vais tourner la page
Et la mort, toute heureuse, a aiguisé sa faux.
J’ai rangé mes habits, j’ai fermé mon bagage,
Et de ma pauvre vie, j’en garde que des maux.
La porte est refermée. Je ressens la tristesse
Tandis que je m’engage à travers le trottoir,
J’ai beau fouiller en moi, plus rien ne m’intéresse
Et d’un pas décidé je vais vers l’abattoir.
Là, le petit chemin qui m’amène à la rive,
Je longe la clôture au gros fer barbelé ;
Plus haut, dans le ciel bleu, un nuage s’esquive
Sous le vent qui, fidèle, est là pour l’emporter.
C’est à l’orée du bois, auprès d’un chêne-lierre
Que se porte mon choix pour terminer ce jour.
Je dois faire attention car une grosse pierre
Semble là, tout exprès, pour me jouer un tour.
De la main, doucement, je caresse la mousse
Avant de m’accroupir et me mettre à genoux,
Me voilà installé. A présent, je retrousse
Le pan de ma chemise. Ah !... comme l’air est doux !...
J’étale un mouchoir blanc sur la mousse trop tendre
Car je devrai dessus, à mon instant dernier,
Poser l’unique bien que l’on pourra me prendre :
Tous mes chers souvenirs inscrits dans ce cahier.
Dégageant le poignard, la lame scintillante
Brille sous le soleil dans un éclat trompeur
Puis, sous le coup rageur, la ferraille tranchante
Pénètre dans les chairs, s’enfonce dans le cœur.
Le sang vient inonder ma main qui le tient ferme,
Qui se crispe sur lui dans un dernier sursaut,
La vie qui, lentement, approche de son terme
Laisse encore un répit, un dernier soubresaut.
A présent, c’est fini. Que Dieu me le pardonne !...
J’ai pris l’unique train qui m’amène au trépas,
Je garde au fond de moi ma belle sauvageonne.
Ô Maryse !... sache bien que je ne t’en veux pas.
Comme moi, mon aimée, tu as été victime
D’un destin pernicieux, jaloux de notre union,
J’ai conservé pour toi un amour si sublime
Que je n’accepte plus notre séparation.
J’emporterai de toi cette image éternelle
Que chaque soir mes yeux, avant de m’endormir,
Contemplaient très longtemps, car tu étais si belle !...
C’est vrai que je t’aimais, je t’aimais à mourir.
Si je devais te faire un quelconque reproche
Le seul que je ferais et dirais, tour à tour,
Pardonne ma franchise, tout cela est bien moche,
Tu m’as donné un vrai, un merveilleux amour.
Lorsque j’aurai rejoint le royaume de l’ombre
Je veux que ton esprit n’en ait pas de remords,
Sache que sous la pierre où règne la pénombre,
Je serai mieux ici qu’à souffrir au-dehors.
Avant que de finir, accorde-moi la grâce
De ne pas oublier celui qui, sans appui,
Celui qui n’a pas pu supporter la disgrâce
Mais qui t’aime d’amour, tout autant, aujourd’hui.
La vie quitte mon corps, n’éprouve pas de peine,
J’ai choisi mon destin, j’ai désiré mon sort,
Ô Maryse !... Maryse !... Ô Maryse, je t’aime !...
C’est fini, tout s’éteint, et j’entre dans la mort.
Extrait du roman les deux cœurs - 2005
L’adieu de Jacques
Cet extrait du roman "Les deux cœurs" concerne les vers allant de 9329 à 9428
LORIENT, le 19 Octobre 1961,
C’est fini. A présent je vais tourner la page
Et la mort, toute heureuse, a aiguisé sa faux.
J’ai rangé mes habits, j’ai fermé mon bagage,
Et de ma pauvre vie, j’en garde que des maux.
La porte est refermée. Je ressens la tristesse
Tandis que je m’engage à travers le trottoir,
J’ai beau fouiller en moi, plus rien ne m’intéresse
Et d’un pas décidé je vais vers l’abattoir.
Là, le petit chemin qui m’amène à la rive,
Je longe la clôture au gros fer barbelé ;
Plus haut, dans le ciel bleu, un nuage s’esquive
Sous le vent qui, fidèle, est là pour l’emporter.
C’est à l’orée du bois, auprès d’un chêne-lierre
Que se porte mon choix pour terminer ce jour.
Je dois faire attention car une grosse pierre
Semble là, tout exprès, pour me jouer un tour.
De la main, doucement, je caresse la mousse
Avant de m’accroupir et me mettre à genoux,
Me voilà installé. A présent, je retrousse
Le pan de ma chemise. Ah !... comme l’air est doux !...
J’étale un mouchoir blanc sur la mousse trop tendre
Car je devrai dessus, à mon instant dernier,
Poser l’unique bien que l’on pourra me prendre :
Tous mes chers souvenirs inscrits dans ce cahier.
Dégageant le poignard, la lame scintillante
Brille sous le soleil dans un éclat trompeur
Puis, sous le coup rageur, la ferraille tranchante
Pénètre dans les chairs, s’enfonce dans le cœur.
Le sang vient inonder ma main qui le tient ferme,
Qui se crispe sur lui dans un dernier sursaut,
La vie qui, lentement, approche de son terme
Laisse encore un répit, un dernier soubresaut.
A présent, c’est fini. Que Dieu me le pardonne !...
J’ai pris l’unique train qui m’amène au trépas,
Je garde au fond de moi ma belle sauvageonne.
Ô Maryse !... sache bien que je ne t’en veux pas.
Comme moi, mon aimée, tu as été victime
D’un destin pernicieux, jaloux de notre union,
J’ai conservé pour toi un amour si sublime
Que je n’accepte plus notre séparation.
J’emporterai de toi cette image éternelle
Que chaque soir mes yeux, avant de m’endormir,
Contemplaient très longtemps, car tu étais si belle !...
C’est vrai que je t’aimais, je t’aimais à mourir.
Si je devais te faire un quelconque reproche
Le seul que je ferais et dirais, tour à tour,
Pardonne ma franchise, tout cela est bien moche,
Tu m’as donné un vrai, un merveilleux amour.
Lorsque j’aurai rejoint le royaume de l’ombre
Je veux que ton esprit n’en ait pas de remords,
Sache que sous la pierre où règne la pénombre,
Je serai mieux ici qu’à souffrir au-dehors.
Avant que de finir, accorde-moi la grâce
De ne pas oublier celui qui, sans appui,
Celui qui n’a pas pu supporter la disgrâce
Mais qui t’aime d’amour, tout autant, aujourd’hui.
La vie quitte mon corps, n’éprouve pas de peine,
J’ai choisi mon destin, j’ai désiré mon sort,
Ô Maryse !... Maryse !... Ô Maryse, je t’aime !...
C’est fini, tout s’éteint, et j’entre dans la mort.
Extrait du roman les deux cœurs - 2005