Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web.
Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons que vous en êtes satisfait.

  • Visiteur, merci de ne pas poster plus de 5 poèmes par jour. Ceci dans le but d'améliorer la visibilité du site.

HISTOIRE CONCRETE

LLUMIERELIVE

Maîtresse des concours
Membre du personnel
#1
je suis revenue du bout du chemin...Il était onze heures...Il n'y avait aucune étoile dans ce ciel d'encre.
Soudain, quelque chose me frôla la main, c'était un vers luisant...Il toucha la terre et là une fleur surgit du sol. Une rose sans épine. Un papillon de nuit, une chauve souris tombèrent de mes cheveux. Ils se transformèrent en vase de Chine.
La nuit s'éclaira, s'entrouvrit. Un enfant jouait en mangeant du bambou, un chevreuil brandissait un drapeau noir...
Quel est cet étrange songe? Soudainement la route se coupa et se fut l'abîme sous mes pas...
Je ne tombai pas mais restai suspendue et pouvai marcher dans l'air, sans m'élever toutefois...
Ensuite je me retrouvai dans une grotte, éclairée par stylo-plume! Les murs étaient gris et noirs mais le plafond était d'or. Le sol était en fer, il faisait jour...Mais aucun soleil: c'était un cahier qui éclairait le monde...
Les arbres étaient en peau de chèvre, les feuilles en dents de loup...Il n'y avait personne...Je rentai dans la grotte mais le stylo-plume n'éclairait plus. Le sol de fer s'ouvrit et cette fois ci je tombai dans un trou!
Un trou bleu et d'azur...Je reposai maintenant sur le Mont Blanc. Des hirondelles faisaient leurs nids dans les chapeaux des vieilles dames. Un thermomètre au mercure se mit à parler et tint ce discours: "Prenez du cirage et noircissez vous...C'est à vous de payer, achetez des oeufs au lait"


Le vers luisant transformé en rose réapparu dans ma main et un groupe d'oeufs au lait se jetèrent sur moi. Je fus écorchée et mon sang coulait vert...Je pris racines et m'enfonçais sous terre...
Je me retrouvai sur la mer, en train de faire la planche avec une colombe sur l'estomac. Une vague d'eau de Celz me mouilla les lèvres. Je me mis debout et sautai pour rattraper une bicyclette qui nageait avec du chocolat...
Du chocolat, des oeufs au bacon et un scooter se baignaient. Une vieille chambre à air se dorait sur une plage de cambouis.
Le cambouis me fit voler très haut, la lumière du vers luisant s'éteignit et tout devint noir. Une odeur de pain mouillé me parvint et je me retrouvai au milieu d'un pudding géant. Des raisins rougissaient , ils étaient devenus mûrs.
Je bus du sel de l'an. C'avait un goût âpre. C'est un écureuil qui me l'apporta en me disant "C'est du sel de l'an, bois, tu verras..." Mais je ne vis rien, rien...L'écureuil se mit à rire en me montrant ses dents...Puis un grand jour surgit, en chemise de nuit. Il se levait et se frottait les mains avec une nappe d'eau. Le grand jour s'amusait avec le vent. Ils me tirèrent les cheveux et je dis "je pars" et je suis partie...
Je m'envolai vers la terre et me cachai sous une rose géante et sans épine. Je cueilli un pétale et le fit s'envoler en soufflant dessus...Le vers luisant éclaira la nuit noire...
Il était onze heures, je n'étais plus sur le chemin...Mais il n'y avait plus rien, plus de chemin, plus d'étoiles, plus de vie...


Cette histoire a été écrite en juin 1968. Enregistrée sur magnétophone avec bruitages et musiques appropriés... La bande depuis lors n'existe plus et le magnéto non plus...