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Conte expressionniste drolatique ( 10 )

Fysco

Maître Poète
#1
Ca roule, je vais me mettre sur les rails en un tour de main, ça va aller comme sur des roulettes et j'ai les crocs, nom d'un chien ! dit-il sans mâcher ses mots en se léchant les babines à l'idée d'aller à la soupe, de se mettre à table avec les petits plats dans les grands car il a un bon coup de fourchette pour manger son blé en herbe sans en perdre une miette.
En moins de deux, au pied levé, il met le pied à l'étrier cavalier seul, monte sur ses grands chevaux blanchis sous le harnais, et remet la vapeur, toutes voiles dehors, sans prendre de gants et le coeur sur la main qu'il a verte. Il ne baisse pas ses longs bras, même s'il a les deux pieds de grue dans le même sabot, le ventre mou et les dents du fond qui baignent, il veut caracoler en tête. Au creux de la vague il est tout feu tout flamme, et naturellement, terre à terre, il revient au galop comme un pet sur une toile cirée.
A la fête à neuneu, il est en goguette et mène grand train. C'est de la balle, Il fait du lèche-vitrine, jette l'argent par les fenêtres et ça en jette. Au diable l'avarice, c'est pas le Pérou mais c'est kif kif Byzance chante t-il à tue-tête comme une casserole. Il tire à pile ou face et jamais deux sans trois, je vous le donne en mille, il a du pot, il met dans le mille, fait bonne pioche, gagne à être connu, la timbale et ses éperons. Ca lui fait une belle jambe, il n'en fait pas un pataquès mais sable le champagne avec une bouteille qu'il sabre en cinq sec. Au café du commerce, il écoute des brèves de comptoir en hébreu et en chinois qui ne valent pas un fifrelin mais qui ne mangent pas de pain. Ce n'est pas sa tasse de thé mais, n'étant pas une lumière, il cède au chant des sirènes. Serrés comme des sardines, sous les projecteurs, Il discute le bout de gras à fleurets mouchetés avec de joyeux drilles qui lui font des réponses de Normand et des lapalissades en paroles sibyllines et il est heureux comme un poisson dans l'eau. Il en connait un rayon, en bouche un coin du tac au tac. Il leur refile de bonnes combines car il a plusieurs casquettes. Il bombe le torse, sait tout par coeur sur le bout des doigts, fait la preuve par neuf, et ils en prennent de la graine. Il brille de mille feux et ça vaut le détour. Il se donne à fond, tient parole et le bon bout mais c'est un travail de fourmi car son cheval de bataille , ce n'est pas du pipi de chat. Il sort par la grande porte, puis entre par la fenêtre, crève le plafond, crée de toute pièce, acquiert des lettres de noblesse, fait la roue et le pont, charge la barque à qui mieux mieux pour tout un régiment et récolte ce qu'il a semé pour gagner son pain.
La fête bat son plein, il est, tout nouveau tout beau, la coqueluche et dans leurs petits papiers et ça fait boule de neige comme une traînée de poudre. Ils sont treize à la douzaine, de France et de Navarre, à crever la dalle et à lui coller aux basques en file indienne et en rang d'oignons à faire des ronds de jambe. On fait les cents pas et la queue pour venir lui manger dans la main chapeau bas. Des hommes de main à la main sûre, leste et lourde, qui parlent avec les mains et à qui on mettrait la main au collet, lui serrent la main à mains nues, lui la passe dans le dos, l'empoignent à pleine main, votent pour lui à main levée, applaudissent des deux mains et ne repartent pas les mains vides, car après avoir mis la dernière main, de main à main, ça change de main montre en main. Personne ne lève la main sur lui en sous-main, ne lui force la main, ne lui lie les mains car il a la main mise et les mains libres pour tout ce qui lui tombe sous la main et qu'il puise à pleines mains. Il est en de bonnes mains et ne veut pas se salir les mains au moins jusqu'à demain.
De proche en proche et de bouche à oreille, on convoque le ban et l'arrière-ban dans les grandes largeurs et on lui demande la lune à décrocher, on lui fait la manche et ça lui pompe l'air. Il est sur toutes les lèvres, dans toutes les bouches, on fait des gorges chaudes, des pieds et des mains, il met l'eau à la bouche des bouches inutiles et il en a marre en son for intérieur. Il a la tête comme un tambour, le cerveau lent, les oreilles qui sifflent, est pris à la gorge et ne peut plus mettre le nez et un pied dehors sans se faire marcher dessus et piétiner. On lui tombe sur le poil et à un poil près, il n'a plus un poil de sec et bientôt il n'aura plus un poil sur le caillou. Ca lui fait froncer les sourcils à rebrousse-poil.
Il vaut mieux faire envie que pitié pense t-il mais il y a péril en la demeure. On l'attend sous l'orme et au tournant et il commence à avoir les foies. Comme l'âne de Buridan il ne sait plus où donner de la tête ni sur quel pied danser, il est mal barré. C'est un panier percé mais il veut garder une poire pour la soif et la substantifique moelle. Il va falloir couper dans le gras et ne pas se faire sucer jusqu'à l'os, ni finir dans le rouge, sur le carreau ou au clou, chez ma tante et sur la paille.
A suivre si on veut...