Apocalypse
Et la terre tremblait, et la terre grondait
Comme un être aliéné, possédé du démon.
Et la mer, déchirée et déchirante, hurlait
Noire de son sang et des larmes du dragon.
Et on les entendait jusqu'au fond des forêts,
Tandis qu'un soleil noir assoiffait l'horizon,
Et que de la banquise, embrasée, éclatait
Comme en un dernier souffle,
Le hurlement terrible du dernier larron
Juste au dessus des eaux, les esprits qui planaient
Etouffaient de terreur toute la création,
Tandis qu'au fond des plaines, les vents qui soufflaient
Détruisaient les couleurs, les parfums et les sons.
Des armées monstrueuses, épaisses et sombres
Avançaient dans les cieux, tuant la flamme ardente,
Et de leurs voix grondantes, sortant des décombres,
Les troupes furieuses déchiraient même les corps
Des âmes transcendantes.
Dans les yeux du dragon coulait la vérité
Et des voix murmuraient au fin fond des forêts,
Les êtres de lumière seraient oubliés,
Désormais, plus de rêves, plus de chants secrets.
Notre terre tremblait, sous les assauts des vils,
Achevant de trahir les ultimes soupirs,
Quand au milieu des ruines des anciennes villes
Les cris de l'orphelin finissaient de mourir.
