Monsieur Saint-Pierre, s'il vous plaît
Dernièrement un de vos anges
A dû réceptionner, en mai
Une dame aux cheveux orange
Monsieur le grand maître des saints
Cette dame n'est pas "beatnik"
Pas plus "hippie" que "punk à chien"
Juste un petit peu excentrique
Pour éviter le purgatoire
À la douce et gentille Yvette
Je vais vous raconter l'histoire
De cette reine du musette
À Tarbes, un beau jour d'automne
De l'année mil neuf cent vingt-deux
Vient au monde notre championne
Qui trille sur "areu-areu"
À peine quitté le berceau
On lui enseigne la musique
Passant du hochet au piano
Mais les parents peu romantiques
Ou peut-être un peu féministes
Soucieux d'un avenir pour elle
Conviennent qu'elle soit pianiste
Mais avec deux jolies bretelles
Son éducation se poursuit
À Paris où la jeune Yvette
Apprend compo et harmonie
Pour être une artiste complète
Quand elle revient au pays
C'est pour épouser un copain
Qui joue au football aujourd'hui
À Bordeaux, dans les Girondins
Entrevoyant un horizon
Prospère dans l'accordéon
Le mari, en fin de saison
Raccroche vite ses crampons
Et ainsi l'ancien footballeur
S'il n'est pas son imprésario
Devient le premier supporteur
De sa championne sans maillot
Les amis de son charmant prince
Ont des relations à Paris
Elle quitte alors sa province
Ses petits bals du samedi
Et du théâtre obscur et sale
Au fin fond de l'Occitanie
C'est dans de grandes belles salles
Que notre Yvette se produit
Elle joue si bien et si vite
À quatre notes par secondes
Qu'en mil neuf cent quarante-huit
La voilà championne du monde
Elle remporte bien des prix
Elle décroche bien des lots
Mais le plus noble c'est celui
De l'Académie Charles-Cros
En mil neuf cent cinquante-deux
L'accordéoniste a trente ans
Et pour se dérider un peu
Accepte un contrat amusant
Un mécène du Tour de France
Sachant la popularité
De l'artiste veut sa présence
Musicale à chaque arrivée
Durant de nombreuses années
Coiffée d'un joli sombrero
Sur le toit d'une auto, juchée
Elle joue rumbas et pasos
Et quand se termine le Tour
On la retrouve en bord de Seine
Où elle est reine des "Six-Jours"
Reine de la "petite reine"
Quand viennent les années soixante
Yvette passe aux oubliettes
Antoine et "Les Problèmes" chantent
Qu'ils préfèrent la clarinette
Pendant toute une décennie
Les "Yé-Yé" sont maîtres du monde
D'Angleterre aux États-Unis
Le twist s'installe sur les ondes
Verchuren, Azzola, Ledrich
Et notre Yvette nationale
Se contentent de quelques niches
Quelques émissions matinales
En quatre-vingt, Jean-Paul Gaultier
Le grand couturier fantaisiste
Relooke de la tête aux pieds
Notre aimable accordéoniste
Le grand couturier lui dessine
Une toilette en "Tour-Eiffel"
Et une crinière rouquine
Cache ses cheveux poivre et sel
Lors, la jeune sexagénaire
Retrouve la notoriété
Mais son bonheur est éphémère
Car son mari vient d'expirer
Elle revient dans la lumière
Vêtue en tricolore, à l'aise
Jouant pour le bicentenaire
De la Révolution française
En mil neuf cent quatre-vingt-dix
C'est au Casino de Paris
Que ses amis se réunissent
Pour applaudir ses mélodies
Neuf ans plus tard, la bonne Yvette
Près de Béjart est enrôlée
Pour le ballet "Casse-noisette"
Au théâtre du Châtelet
Après avoir écrit un livre
Où elle vide sa musette
Elle vend ses biens et part vivre
Dans une maison de retraite
Ce qui n'empêche pas la dame
À quatre-vingt-cinq ans, ma foi
Pour retrouver un gentleman
De faire le mur quelquefois
Sa toute dernière escapade
C'est pour retrouver Azzola
Mais là, plus vieille que malade
Dame Yvette ne revient pas
Dernièrement un de vos anges
A dû réceptionner, en mai
Une dame aux cheveux orange
Monsieur le grand maître des saints
Cette dame n'est pas "beatnik"
Pas plus "hippie" que "punk à chien"
Juste un petit peu excentrique
Pour éviter le purgatoire
À la douce et gentille Yvette
Je vais vous raconter l'histoire
De cette reine du musette
À Tarbes, un beau jour d'automne
De l'année mil neuf cent vingt-deux
Vient au monde notre championne
Qui trille sur "areu-areu"
À peine quitté le berceau
On lui enseigne la musique
Passant du hochet au piano
Mais les parents peu romantiques
Ou peut-être un peu féministes
Soucieux d'un avenir pour elle
Conviennent qu'elle soit pianiste
Mais avec deux jolies bretelles
Son éducation se poursuit
À Paris où la jeune Yvette
Apprend compo et harmonie
Pour être une artiste complète
Quand elle revient au pays
C'est pour épouser un copain
Qui joue au football aujourd'hui
À Bordeaux, dans les Girondins
Entrevoyant un horizon
Prospère dans l'accordéon
Le mari, en fin de saison
Raccroche vite ses crampons
Et ainsi l'ancien footballeur
S'il n'est pas son imprésario
Devient le premier supporteur
De sa championne sans maillot
Les amis de son charmant prince
Ont des relations à Paris
Elle quitte alors sa province
Ses petits bals du samedi
Et du théâtre obscur et sale
Au fin fond de l'Occitanie
C'est dans de grandes belles salles
Que notre Yvette se produit
Elle joue si bien et si vite
À quatre notes par secondes
Qu'en mil neuf cent quarante-huit
La voilà championne du monde
Elle remporte bien des prix
Elle décroche bien des lots
Mais le plus noble c'est celui
De l'Académie Charles-Cros
En mil neuf cent cinquante-deux
L'accordéoniste a trente ans
Et pour se dérider un peu
Accepte un contrat amusant
Un mécène du Tour de France
Sachant la popularité
De l'artiste veut sa présence
Musicale à chaque arrivée
Durant de nombreuses années
Coiffée d'un joli sombrero
Sur le toit d'une auto, juchée
Elle joue rumbas et pasos
Et quand se termine le Tour
On la retrouve en bord de Seine
Où elle est reine des "Six-Jours"
Reine de la "petite reine"
Quand viennent les années soixante
Yvette passe aux oubliettes
Antoine et "Les Problèmes" chantent
Qu'ils préfèrent la clarinette
Pendant toute une décennie
Les "Yé-Yé" sont maîtres du monde
D'Angleterre aux États-Unis
Le twist s'installe sur les ondes
Verchuren, Azzola, Ledrich
Et notre Yvette nationale
Se contentent de quelques niches
Quelques émissions matinales
En quatre-vingt, Jean-Paul Gaultier
Le grand couturier fantaisiste
Relooke de la tête aux pieds
Notre aimable accordéoniste
Le grand couturier lui dessine
Une toilette en "Tour-Eiffel"
Et une crinière rouquine
Cache ses cheveux poivre et sel
Lors, la jeune sexagénaire
Retrouve la notoriété
Mais son bonheur est éphémère
Car son mari vient d'expirer
Elle revient dans la lumière
Vêtue en tricolore, à l'aise
Jouant pour le bicentenaire
De la Révolution française
En mil neuf cent quatre-vingt-dix
C'est au Casino de Paris
Que ses amis se réunissent
Pour applaudir ses mélodies
Neuf ans plus tard, la bonne Yvette
Près de Béjart est enrôlée
Pour le ballet "Casse-noisette"
Au théâtre du Châtelet
Après avoir écrit un livre
Où elle vide sa musette
Elle vend ses biens et part vivre
Dans une maison de retraite
Ce qui n'empêche pas la dame
À quatre-vingt-cinq ans, ma foi
Pour retrouver un gentleman
De faire le mur quelquefois
Sa toute dernière escapade
C'est pour retrouver Azzola
Mais là, plus vieille que malade
Dame Yvette ne revient pas