
Un Printemps à Tizi
Après les neiges blanches et le froid de l’hiver
Avant toutes les danses brûlantes de l’éther,
Quand l’Oued Aïssi vibrait d’eau des montagnes
Et que la poésie se retrouvait au bagne,
Je vis soudain fleurir les genêts de la ville,
Comme un éclat de rire : nous étions en avril.
Plus loin, sur les collines, veillaient les oliviers,
Tous les vergers en ligne et de vieux caroubiers.
Partout le jaune et vert de ce printemps berbère
Répandait dans les airs, jusqu’au bleu de la mer,
Ces longs sucres nomades dont je suis balafré.
Et puis les coups de fer, de mitraille en musique,
- Comme un nouvel hiver étrange au tamazight -
S’unirent en pléiade et vinrent tout rafler :
Sur les berges riantes, se turent tous les chants,
Et les fleurs insolentes se teintèrent de sang,
Comme en rend la grenade ou la figue éraflée.
Mais la sève, déjà, poursuivait le printemps...
Aubépin des Ardrets
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*Fleurs de genêt. Source: ICI