Tu viendras à l'aurore ceinte du diadème de la Tendresse

[rivière]

Tu viendras à l’aurore ceinte du diadème de la Tendresse​

Tu viendras à l’aurore, dans ta robe courte de lin
à plis flottants, adossée aux bocages et aux hameaux,
parmi les sentes, parmi la cathédrale des mousses,
les oiseaux chanteront ta Gloire, et ta douceur,​

ô ma Sirène, mon amante, ma Muse, mon égérie, ma Lumière,
toi qui guides ma main de poétesse,
toi que je nomme sans cesse
dessus les parois de l’horizon,​

que m’importe que tu sois allée à Paris,
subjuguée par les paillettes et le puits du vide,
je t’attendrai, nue, dessus l’ombre de notre couche,
ma Chair de Grâce appellera ta chair,​

tu viendras dès demain, à l’aurore,
tes doigts lisseront les vergers de ma Toison,
l’arche de ma Fourrure ardente, tu contempleras, souriante,
l’urne de mes hanches, la sainte chapelle de mon Désir,​

je t’aime, et je te salue,
mon ami le souffle, toi qui soulèves ma chevelure d’ébène,
et qui m’apportes sans cesse des nouvelles de ma bien-aimée,
j’ai su tes déboires, tes chagrins, et tes joies,​

tu viendras à l’aurore
avec en tes bras des anémones et des violettes blanches,
ces fleurs que j’adore, je te murmurerai alors des odes saphiques
avec pour seuls témoins les arbres, et les animaux,​

tu viendras dès demain, à l’aurore,
ceinte du diadème de la Tendresse, et de la délicatesse,
j’ai tant besoin de la sainteté de tes caresses,
j’ai si envie de tes flancs contre les miens,​

dès demain, à l’aurore, je languirai,
ô toi la Splendeur de mon âme et de ma vie, je t’accueillerai,
je t’offrirai à genoux
dès ton arrivée mes seins fiers et lourds,​

tu me posséderas jusqu’à la brune,
et les iris troublés de vice,
je sangloterai, les sens inapaisés, et je gémirai, voluptueuse :
-encore, c’est si beau, si pur, si lesbien !​

Sophie Rivière​

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