Ta main sombre à l’anneau
J’avais mis ce jour-là la chemise à carreaux,
De celles que l’on voit chez les bourges cathos.
Tu avais dit un’ fois que tu m’y adorais.
Damier blanc et bleu roi : je t’avais écouté.
Mes cheveux étaient longs, mais je m’étais rasé :
Comme ça ton ardillon ne serait pas blessé.
Tes lèvres étaient douces, gonflées : des figues molles.
Sous tes cheveux, mes pouces caressaient tes oreilles.
Nos langues chaleureuses, disaient déjà les mots
De notre apothéose, de nos amours jumeaux.
Sous ta chemise en lin, j’avais senti éclore
Les pointes dures-douces qui dardaient sur mon corps.
Dans la paume des mains palpitaient nos deux peaux,
Et nos longs doigts sans freins déshabillaient nos dos.
Torses nus, enlacés : nos nombrils se touchaient.
Me baissant, j’embrassai de tes seins le crochet :
Peau sombre de l’Inde aux lèvres arrachée,
Découverte des limbes par ma langue léchés.
Je sens encore en songe ta douceur au présent,
Tes yeux dorés qui plongent vers ma nuque d’amant.
Tes mains sur mes épaules ou enserrant ma tête,
Me sont comme un licol tant fermes que discrètes.
Je viens m’empoisonner tout au long de ta fente :
Parfum de savonnée et de liqueur ardente,
Soie humectée déjà, du dessin de ton antre.
Dans mes cheveux, tes doigts me dirigent en ton centre
Qui s’écarte et m’attend sous l’étoffe imprégnée :
Délicate orchidée, pétales déployés
Que vient fouiller ma langue, quand mes lèvres effleurent
Et viennent enrober ta perle de chaleur :
Coquillage entrouvert où palpite le rose
Qui dit tout et suggère, et me séduit d’hypnose.
Et pendant que les ondes roulent sous nos peaux,
Tu te tournes et tu offres et ta lune et ton dos.
Je n’ai jamais, je crois, vu d’aussi beaux cheveux
– Noirs et épais de soie où se bercent mes yeux –
J’y plonge mon visage pour t’y mordre la nuque
Tandis que mon hommage, au sirop de tes sucs,
Se gonfle aux plis grenade et sombres qui l’accueillent
Et le bercent et l’attirent et le glissent à ton seuil
Et je poursuis le long du sillon aux ourlets,
– Comme un sceptre vital qui bientôt va brûler –,
Et la tension maîtresse soumet nos volontés
Au désir de nos corps par l’instinct dominés ;
Ton royaume enveloppe toutes les avancées
Douces qui l’envahissent et le viennent trousser,
Et soudain le possèdent autant qu’il les domine
Quand plonge en toi ma vie qui meurt et s’assassine.
Ta main sur la commode, cherche un appui, se tend
Sous l’onde qui s’étend, se propage et te prend
Tout au bord de l’abîme électrique et puissant
Pendant que nos deux cœurs nous font battre les sangs.
Ta main sur la commode, où l’anneau à tes doigts
Donnait à leur foncé comme un rehaut d’éclat ;
Ta main que mienne prit, claire à l’anneau doré,
Pendant qu’à ton anneau l’amant venait sombrer.
Aubépin des Ardrets
J’avais mis ce jour-là la chemise à carreaux,
De celles que l’on voit chez les bourges cathos.
Tu avais dit un’ fois que tu m’y adorais.
Damier blanc et bleu roi : je t’avais écouté.
Mes cheveux étaient longs, mais je m’étais rasé :
Comme ça ton ardillon ne serait pas blessé.
Tes lèvres étaient douces, gonflées : des figues molles.
Sous tes cheveux, mes pouces caressaient tes oreilles.
Nos langues chaleureuses, disaient déjà les mots
De notre apothéose, de nos amours jumeaux.
Sous ta chemise en lin, j’avais senti éclore
Les pointes dures-douces qui dardaient sur mon corps.
Dans la paume des mains palpitaient nos deux peaux,
Et nos longs doigts sans freins déshabillaient nos dos.
Torses nus, enlacés : nos nombrils se touchaient.
Me baissant, j’embrassai de tes seins le crochet :
Peau sombre de l’Inde aux lèvres arrachée,
Découverte des limbes par ma langue léchés.
Je sens encore en songe ta douceur au présent,
Tes yeux dorés qui plongent vers ma nuque d’amant.
Tes mains sur mes épaules ou enserrant ma tête,
Me sont comme un licol tant fermes que discrètes.
Je viens m’empoisonner tout au long de ta fente :
Parfum de savonnée et de liqueur ardente,
Soie humectée déjà, du dessin de ton antre.
Dans mes cheveux, tes doigts me dirigent en ton centre
Qui s’écarte et m’attend sous l’étoffe imprégnée :
Délicate orchidée, pétales déployés
Que vient fouiller ma langue, quand mes lèvres effleurent
Et viennent enrober ta perle de chaleur :
Coquillage entrouvert où palpite le rose
Qui dit tout et suggère, et me séduit d’hypnose.
Et pendant que les ondes roulent sous nos peaux,
Tu te tournes et tu offres et ta lune et ton dos.
Je n’ai jamais, je crois, vu d’aussi beaux cheveux
– Noirs et épais de soie où se bercent mes yeux –
J’y plonge mon visage pour t’y mordre la nuque
Tandis que mon hommage, au sirop de tes sucs,
Se gonfle aux plis grenade et sombres qui l’accueillent
Et le bercent et l’attirent et le glissent à ton seuil
Et je poursuis le long du sillon aux ourlets,
– Comme un sceptre vital qui bientôt va brûler –,
Et la tension maîtresse soumet nos volontés
Au désir de nos corps par l’instinct dominés ;
Ton royaume enveloppe toutes les avancées
Douces qui l’envahissent et le viennent trousser,
Et soudain le possèdent autant qu’il les domine
Quand plonge en toi ma vie qui meurt et s’assassine.
Ta main sur la commode, cherche un appui, se tend
Sous l’onde qui s’étend, se propage et te prend
Tout au bord de l’abîme électrique et puissant
Pendant que nos deux cœurs nous font battre les sangs.
Ta main sur la commode, où l’anneau à tes doigts
Donnait à leur foncé comme un rehaut d’éclat ;
Ta main que mienne prit, claire à l’anneau doré,
Pendant qu’à ton anneau l’amant venait sombrer.
Aubépin des Ardrets
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