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Tête de mule.

#1
Tête de mule.

Gaëtan était un fier marin.

Mais Gaëtan, était une tête de lard !
Un fougueux dont la chevelure, généralement en bataille, reflétait son caractère fonceur.
Souvent, en fin de soirée, après avoir trop abusé d'une bière, il se pouvait être bagarreur.
Il aimait cela, le bougre !
Sa dentition en était une parfaite témoin.

Même, face à un mur de plusieurs centaines de mètres d'épaisseur, il se serait taper le crâne et en aurait eu raison.
Rien ne le lui faisait peur, à la différence de ses amis qui pouvaient faire preuve de prudence.

Gaëtan, était un gars comme cela.
On n'y pouvait rien.
Il était comme une bernique, collée sur son rocher, indécrottable.
Il n'avait pas été très brillant en scolarité, mais il était loin d'être un imbécile.

Il avait choisi le dur métier de marin-pêcheur.
Sur un coup de tête, il avait acheté un beau petit canot qu'il appela le " p'tit métier".

Têtu et teigneux, il décida tout de suite de travailler, seul, sur son rafiot.

Il s'avéra être un bon pêcheur.
Son avenir était prometteur.

Pour ce Noël, Gaëtan avait promis à sa mère, d'aller à la pêche aux homards.
Avec lui, pas de problèmes, la table de fin d'année sera bien garnie.

Ce jour du vingt quatre décembre, il partit, malgré une météo déconseillée, titiller l'animal.
Il aimait cela, aussi, Gaëtan.
Défier les éléments, manœuvrer son bateau et sentir bon la barre.
Il adorait voir les embruns bousculer son habitacle, voir la proue s'enfoncer dans les eaux et, conquérant, vaincre la vague scélérate.
Il adorait défier les éléments, ce con !

Ors, ce vingt quatre décembre, la vague scélérate latérale et les éléments ont eu raison de la coque de noix.
Ils le renversèrent comme un vulgaire, le retournèrent-en un rien de temps.
Si peu de temps, que Gaëtan n'eut pas l'occasion de comprendre.

En un tour de main il fut éjecté.
Son sort en fut réglé.

Dix jours après la disparition du "p'tit métier", on retrouva quelques débris sous la pointe des chats.
Un promeneur solitaire, sur les rochers de Gâvre, fut interpellé par l'attroupement anormal de nombreux goélands.

Les pompiers furent rapidement sur place et découvrirent le corps.
Au-dessus d'eux, dansèrent encore quelques-uns de ces Voraces qui souhaitaient, si possible, et encore, obtenir un bout de dessert.
Quelques mollusques et petits crabes affamés finissaient le nez, les yeux et toutes les autres parties tendres du cadavre.

Nul n'avait osé proposer à sa pauvre mère de voir le corps déconfit de ce fils travaillé par les eaux et la faune.
Puis, après les funérailles, lentement, elle avait déversé, sans larmes, les cendres sur cette autre femme, concurrente et jalouse, qu'est la mer !


Loïc ROUSSELOT