(Cliché de Sebastião Salgado)
Serra Pelada
Le ciel n’est pas si haut pour nos muscles tendus,
Et malgré cette boue dont nous sommes perclus,
Agrippés aux rondins qui rythment les grands troncs,
Adultes ou gamins, nous faisons le dos rond.
Ployant sous les kilos de la terre dans les sacs,
Collés sur le tableau d’un étrange cloaque
- Avec souvent pour seules pépites nos deux yeux -,
Nous tissons nos linceuls pour tutoyer les dieux.
Et parfois, cependant, dans la masse compacte,
Il surgit, le brillant, comme une cataracte
Inondant nos espoirs de grammes éclatants.
Alors nous la voyons, cette tour de Babel,
Et notre ascension se brouille à la Brueghel :
L’or fait sur nous pleuvoir la discorde en élan.
Aubépin des Ardrets
(Cliché de Sebastião Salgado)