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Sans cible est la pluie

Eléâzar

Maître Poète
#1
C’est ainsi que la pluie tombe ici sur Paris,
Sur Bordeaux et sur Pau mais dans ma gabardine
Mon petit être gras, au ventre qui boudine
Est au sec protégé d’un dé de Campari.

Alors, où est de l’eau la cible ? Peu me chaut
Car mon toit est sur moi totalement étanche
Où ne vont ni goujon ni alimentée tanche
Amateurs d’aqueuse fraîcheur chassant le chaud.

Qui pousse le liquide élément au hasard
Sans viser les pieds de l’effacé, du sans cible ?
(Qui se prend, cependant - qu’il soit dur ou sensible –
Le colis d’un bon poids des cieux du grand bazar.)

Que je sois à Lens, à Blois ou sur mon vélo,
Je reste recouvert d’un mur très sûr de toile
Et quand je dors dans mon sac à la belle étoile
Je songe en rêvant à pouvoir esquiver l’eau.

La pluie a-t-elle un plan pour laver le sali,
Abreuver à temps le jeune plant de tomate ?
De sa casemate, elle sort en automate
Et affecte Aude, Alain et soudain blesse Ali.

Elle plic ploque sur la verrière d’André,
Hache menu menu le navet d’Antoinette,
Fait place nette dans un coin de la planète
Et tapote le long bec d’un héron cendré.

Bien des gens engageants et des fleurs la verront
Au hasard d’un sentier, d’un étang, d’une allée,
Sur le parvis mi-gris d’une église dallée
Dominant les brebis d’un bled de l’Aveyron.

Une nuit, elle a fui et a nui l’ex Ceylan
Désormais Sri Lanka à l’étroit près de l’Inde
Et la mer accourut sur terre à toute blinde
Suivie d’un vent soufflant d’un air vif excellent.

Pommelée en ondée, un sol jeune ou plus vieux
L’accueille – soulagé – en répandant sa masse
Et le fjord antique dont la glace s’amasse
La reçoit dans l’espoir d’un été moins pluvieux.

Peu me chaut son impact ; j’abhorre les grincheux
Négligeant les bienfaits de la vraie pèlerine
Plus aisée à porter qu’un ciré de marine
Pouvant se déchirer sur un piton rocheux ;

Hier, j’étais à côté d’un menhir acéré
Arrivé sans un bruit (passé par la Bretagne)
Et j’ai cru à une farce de la montagne
Quand son pic trop pointu sans parler m’a serré,

M’a troué sous le cou du haut du dos au rein :
Les nuées chargées ont rangé leur stock énorme
Entre peau et tissu, se gaussant de la norme,
A l’instar d’un vaisseau naviguant sur le Rhin.

La chantent, l’implorent en dansant, les Indiens
Sans que pende un seul sens au bout doux de sa goutte
Et peut-être à part Thor, le monde se dégoûte
De subir son fort sort sous tous les méridiens.

Don’, l’ondée, l’averse, la bruine, les eaux
Sont amis-ennemis, composants de la vie
Qui se plaint, dimanche et qui lundi est ravie
De nourrir dans les nids, les petits des oiseaux.

Selon ma volonté, en congé, ce jeudi,
Je serai son ami (mon cœur est perméable) ;
J’ôterai sans souci (pour lui être agréable)
Mon père imperméable (hé, c’est ce que je dis)