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Les pensées célèbres, celles de la Vagabonde de la Poésie, les pensées Momoriciennes et les vôtres si le coeur vous en dit

On peut sans y être poussés vouloir quitter le monde et le siècle afin de rejoindre furtivement un coin de terre pour s’y ressourcer.
 
Définitif

Départ mémorable en dauphine, sensations intenses assurées.

Mon ami coureur cycliste Georges avait pour habitude de venir me chercher à mon domicile situé à l’époque dans l’impasse Raynal et Roquelaure, vous pouvez desserrer vos ceintures! De là, nous partions vers Figeac où Michel avait une voiture plus apte à rouler pour nous rendre à la course du jour.
Il faut dire que l’expédition s’annonçait toujours périlleuse la Dauphine capricieuse n’était plus très jeune et ressemblait plus à une serre mobile qu’à un véhicule de tourisme!
Une fois lancée dans la descente d’Ournes elle finissait par démarrer tant bien que mal, mais à y réfléchir d’un peu plus près, le mal l’emportait largement sur le bien.
Le vieux, car c’est comme cela que nous l’avions surnommé et cela simplifie parce qu’il flirtait avec l’âge avancé de trente ans et que les jeunes coureurs que nous étions à l’époque n’en avaient qu’à peine plus de vingt, le vieux disais-je m’avertissait de son arrivée par un long coup de klaxon strident. avec son éternelle interrogation :
«Tu es prêt ?»
J’allais alors chercher mon vélo, cadre et les roues séparés, pour me retrouver un instant plus tard face à un premier dilemme!
Comment allais-je pouvoir rentrer ma monture de compétition sans l’abîmer ?
Par un tour de magie que seuls les grands du spectacle possèdent Georges sans se démonter m’expliquait l’agencement idéal pour le premier exploit de la sainte journée.
Il ne fallait surtout pas s’inquiéter, ils étaient rentrés la semaine d’avant, il n’y avait donc aucune raison pour que le miracle dominical ne se reproduise pas encore une fois!
Notre-Dame des Voyageurs veillait sur nous!
Finalement le dit miracle a lieu et dans la foulée, j’entends : « Tu n’as qu’à t’asseoir sur un des cageots tu tiendras l’ensemble fermement d’une main afin que les cadres ne se frottent pas pendant le trajet.
L’aménagement du véhicule est d’une sobriété surprenante, le siège arrière vous l’avez déjà sûrement compris, n’est plus présent, ni d’ailleurs celui du passager avant, ce qui permet de jouir d’un espace très appréciable, c’est un coupé sport transformé avec art en un véritable break en quelque sorte!
A l’arrière, poussent 4E797E3C-9338-4B96-9461-409F56E5D455.png
 
Dernière édition:
Définitif.
Les grosses têtes de Figeac et de ses alantours

Figeac, vieille cité bénédictines "Fidiacum", ville de la foi. Pour justifier ses titres de noblesse on dit qu'un moine s'en fut voler les reliques de Sainte Foy aux pauvres Ajenais. Ce bougre s'appelait Havriciacus, un nom germanique et teuton qui a donné le havresac ou sac d'avoine. Il dut voyager à cheval et bien soigner sa bête, le brigand, ou bien fut-il
qu'un homme de sac et de corde tout simplement stupide.
Je vais vous parler aujourd’hui, des grosses têtes de Figeac et de ses alentours. Jean François Champollion…Charles Boyer…Georges Pompidou…Un héros de la résistance Jacques Chapou…La romancière Françoise Sagan…La peintre Edmée Larnaudie…Michel Colucci dit Coluche et enfin Madame Claude.
Avec votre permission, je vous décrirai aussi un membre de ma famille, Roger Marcouly qu’on ne peut qualifier de célébrité.
Mais je suis heureux de pouvoir vous le présenter dans ce récit, il a exercé la noble profession d’enseignant en tant que professeur agrégé de français latin grec à Oloron Sainte Marie au pied des Pyrénées-Atlantiques.
Je ne vous l’apprends pas, on est tous fiers de relater les exploits d’un des siens, quel que soit le domaine où il excelle. Ce fut le cas de mon oncle Roger même s’il n’a jamais obtenu les palmes académiques ! Je dois reconnaître qu’il n’a jamais couru après !
Eh bien non ! Vous vous en doutiez bien, sur sa terre quercynoise votre ami l’écrivaillon Momo ne sera jamais le plus célèbre ! Ne commencez pas avec vos : «Mais si ! Mais si !» habituels, même s’ils me touchent! Nul n’est prophète en son pays et je suis à une éternité de vouloir me comparer au Messie ou à une célébrité du coin ! Le plus connu des savants qui a foulé nos terres il y a plus de deux de siècles est le vénérable égyptologue Jean François Champollion. Il naquit à Figeac, ce qui pouvait laisser présager que beaucoup de génies allaient lui succéder!
Il n’en fut rien ! Les années succédèrent aux années, les décennies aux décennies, sans qu’aucune créature exceptionnelle ne vienne bouleverser la suprématie de notre lointain et brillant aïeul. Un peu comme si la vieille cité bénédictine "Fidiacum", ville de la foi. avait été mise culturellement sous scellés ! Si bien que plus une seule âme pensante au pays n’imaginait qu’un tel miracle puisse se reproduire un jour. La patience est heureusement une vertu que les gens du sud-ouest cultivent depuis longtemps, au même titre que celle du tabac dans un tout autre domaine. Alors, sans crier gare, une cigogne perdue dans sa migration nous fit cadeau à la fin du dix-neuvième siècle du petit Charles ! Non!…Pas attend ! Ni De Gaulle ! Mais Boyer ! C’était déjà un très beau bébé dès sa naissance et rapidement à cause de son goût prononcé pour le théâtre il allait grandir et se faire remarquer grâce à sa beauté naturelle.Son sens inné du dialogue et de la répartie allait l’aider dès le début de son immense carrière cinématographique. C’est à Hollywood que Charles a débuté, Il était le fils unique du non moins célèbre Maurice Boyer bien connu chez nous et que l’on surnommait comme il se doit : Momo ! Il s’agissait d’un marchand de moissonneuses-batteuses, de fourneaux de cuisine et de faucheuses. Louise son épouse s’occupait du foyer. Vousvous souvenez sûrement d’elle, je vous en ai déjà touché deux mots. Je l’ai très bien connue lorsqu’elle était pensionnaire à la clinique Font-Redonde où elle a tranquillement fini sa vie en 1966. Leur fils, pour revenir à lui, fit sensation à peine arrivé dans l’antre du cinéma mondial en jouant à ravir les rôles de jeune premier séducteur. Il tourna avec les plus grandes stars féminines américaines de l’époque. De retour au pays il a même eu le privilège de tenir entre ses bras notre Brigitte Bardot nationale lors du tournage de «La Parisienne» en 1957. Sa fin de vie fut tragique je vous laisse libre de la découvrir ou pas, vous me connaissez suffisamment pour savoir que je n’ose parler sans retenue que de la mienne. Revenons maintenant au pays, où un Président de la République Georges Pompidou vient d’être élu, cela me permettra dans la foulée d’avoir quelques mots sur Jacques Chapou, héros de la Résistance et d’un inconnu parmi ces patronymes prestigieux mon oncle Roger Marcouly qui fut un pilier du lycée Champollion en son temps. Georges Cazard, le principal ne manquait pas de nous le rappeler lorsqu’il nous convoquait dans son bureau, pas forcément pour nous complimenter! Imaginez un peu, Roger a été classé premier dans toutes les matières de la Seconde à la Terminale.Ce passionné de littérature se présentait aux épreuves de l’agrégation chaque année pour s’amuser ! On trouve son plaisir où l’on peut n’est-ce pas ? Curieusement, il a vu le jour à trente mètres de la maison où naquit jadis Jean François à croire, n’en doutons pas, que ce quartier de Figeac est exceptionnel pour doter sans attendre les enfants d’un cerveau très réceptif à la culture de haute voltige ! Il faudra que je suggère au maire qu’une maternité à la place de l’hôtel de ville pourrait être très bénéfique à la prospérité intellectuelle de notre ancienne cité médiévale.
-Pardon ? Que dites-vous ? Où déplace t-on la mairie ?
Eh bien, ce n’est pas très compliqué, on la délocalise à l’intérieur du bâtiment de l’Hotel de la Monnaie en lieu et place de l’office du Tourisme !
Et l’Office du Tourisme ? On le décentralise au pied de la pyramide de Bizet ou de Cheops, ou solution géniale qui taquine mon esprit à l’instant, on la transfère dans le hall de notre gare SNCF sauvée des flammes et bientôt à nouveau flambant neuve ! Ainsi, aussitôt arrivés, nos visiteurs recevront-ils des mains des hôtesses du rail le fameux petit fascicule de la cité bénédictine et cela pour ne rien manquer de ses attraits multiples contours pittoresques !
Dès leur départ, enrichis de nombreuses images inoubliables et soulagés d’un peu de monnaie, ils rempliront un questionnaire pour que l’on sache si leur séjour les a pleinement satisfaits !
Bon, si vous avez d’autres idées comme d’habitude, vous m’en faites part ! J’attends vos suggestions en poste restante. S’il
vous plaît, je vous demande d’avoir la gentillesse d’arrêter de me distraire
dans mon écriture, mon imagination devient un peu trop vagabonde !
Retrouvons plutôt Georges Pompidou dont l’élection eut un retentissement incroyable dans la vallée du Lot au point qu’aujourd’hui même, on en perçoit toujours l’écho lointain ! Un chamboulement comparable et aussi médiatisé que l’arrivée du Tour de France à Rocamadour cette année allait immédiatement se mettre en place ! Un magnifique hôtel-restaurant avec estrade baptisé Les Roses d’or, voyait le jour. Le tour de ville était en effervescence, c’était à celui qui aurait la plus belle vitrine, papi Mougeot mettait les bouchées doubles ainsi que son ami Moulinot le marchand d’articles de pêche, le village vivait une continuelle surchauffe. Le chef d’état passait régulièrement ses vacances dans sa ferme aux chevaux, située sur les hauteurs de Cajarc à l’endroit même où j’ai gagné ma première course cycliste, pour mieux vous situer cet endroit mythique ! Vous voyez tous maintenant où se trouve la propriété du premier homme de France au début des années soixante-dix.
Georges y avait ses habitudes, beaucoup moins entouré que les présidents actuels. Au volant de sa belle DS 19 il n’était pas rare de le croiser sur les petites routes tortueuses du Causse. D’un petit signe de la main, il aimait saluer les rudes campagnards de sa région d’adoption. Les bars entre le village du schmilblick et Figeac avaient droit à sa visite de courtoisie et c’est en bon lotois qu’il était reçu. Chez nous vous le savez tous, on ne fait pas de manière et on a le sens du devoir.
Mon oncle le connaissait fort bien, ils avaient mangé face à face pendant une année à Toulouse lorsqu’ils étaient étudiants. À ce propos il m’a rapporté une petite anecdote rigolote. Alors qu’ils étaient en train de discuter au sujet d’une certaine esthétique attribuée à Flaubert, sur un coin de table, Georges écrivait une lettre à sa copine. Je suppose que la conversation des deux futurs agrégés de lettres devait atteindre des hauteurs stratosphériques. Pompidou, posément sans faire une seule rature, aligna trois superbes pages ! Ce qui fit dire à mon oncle : - C’était un homme de lettres!
J’ouvre une petite parenthèse par rapport au membre de ma famille à qui je dois beaucoup. Je l’ai côtoyé régulièrement une quinzaine d’années avant sa mort. C’est un peu grâce à lui que je me suis lancé dans l’écriture, il m’a mis la main à la plume ! Il avait cette facilité d’élocution qui appartenait jadis aux savants de la littérature française, je n’ai eu qu’à l’écouter pour me faire une idée précise sur l’art de parler notre langue. Un jour il m’a raconté ce que fut son existence, j’ai eu le plaisir de goûter au bonheur que procure
l’élocution verbale. Pendant plus de deux heures sans aucune hésitation, il tourna les pages de sa vie aux rudes contours. Il m’a appris à rester simple dans la manière de m’exprimer. - Il faut, me disait il, à tout prix rester compréhensible, être à la portée de toutes les oreilles. Pour cela, il fallait éviter d’employer des mots savants, mais plutôt en donner la définition dans ses phrases. C’était ce qu’il faisait avec beaucoup d’humilité. Il était habité par un esprit pragmatique, excusez-moi, j’aurais dû écrire pratique!
«Il a vécu trop effacé» me disait ma tante institutrice. Elle ajoutait qu’il n’avait jamais eu d’ambition personnelle en dehors de celle de transmettre son immense savoir à ses nombreux élèves et d’être avec fierté le meilleur pêcheur de saumons du gave de Pau!
À ce propos, un jour qu’il revenait de
Jurançon en autorail et qu’il avait entamé une conversation sur la pêche, son voisin lui lança :
-Vous n’attraperez jamais autant de saumons qu’une personne d’Oloron Sainte Marie que je connais très bien !
- Ah bon ! Comment se nomme t-il ?
-Roger Marcouly
- C’est moi !
Gageons que s’il avait souhaité porter notre nom au plus haut au rang de la société, Georges Pompidou aurait agi dans ce sens. Ils ne se sont cependant jamais revus, les idées que prônait l’homme d’état n’étaient pas au goût de Roger, les deux copains n’avaient pas la même vision politique.
Jacques Chapou faisait également partie du cercle de ces écrivains disparus, Roger l’avait connu au lycée, c’était son ami, un meneur d’hommes me disait-il! Lors des matchs de rugby organisés dans l’enclave de la cour de la petite pension de famille, il s’imposait déjà en capitaine. Nous avons tous entendu parler de son engagement en tant que chef de la résistance lotoise. Pris dans une embuscade il a tiré sur l’ennemi allemand qui l’avait encerclé, puis se sentant condamné il s’est donné la mort avec la dernière cartouche engagée dans le barillet.
Comment ne pas rendre hommage au capitaine Philippe!
Rares sont les hommes aussi courageux voués corps et âme à leur patrie!
Je vais continuer mon tour du Lot et vous parler d’une romancière. Décidément, me direz-vous, les lettres, les hiéroglyphes passionnent les Lotois. Après tout, nous avons chacun nos défauts n’est-ce pas ?
En l’occurrence il s’agit de la grande Françoise Sagan, vous vous souvenez sûrement de son livre «Bonjour Tristesse» Sa vie n’a pas toujours été marquée par ce mot à la résonance lugubre, bien au contraire. Lorsqu’elle débarquait à l’improviste au pays elle faisait un tour de ville klaxon bloqué, elle signalait ainsi son arrivée dans sa superbe limousine décapotable foulard au vent ! Nous étions donc tous prévenus ! La célèbre dame prenait possession de sa maison natale. Les vedettes de l’époque venaient à sa rencontre, et les fêtes organisées prenaient alors souvent des allures sans limite.
Mais peu importe, la jeunesse doit-être vécue entre amis.
Je ne vais pas vous raconter son parcours certains l’ont déjà fait à ma place, la presse à scandale ne s’en est pas privée!
Je n’ai jamais attiré son regard, n’étais-je pas assez Playboy pour elle? Il faut le croire malgré mon surnom, ou peut-être pas à son goût et comme l’on dit : eh bien non je ne vous le dirai pas !
Je suis pourtant passé sous son balcon à cent vingt reprises lors de la course des fêtes, peut-être aurais-je dû rouler un peu moins vite, pour attirer son attention.
N’allez pas croire que j’en pinçais pour elle, j’aurais aimé lui parler tout simplement.
Vous me connaissez bien maintenant, je ne suis pas rancunier et je profite souvent d’une sortie sur ma bicyclette bleue pour aller la saluer à Seuzac où repose son corps en compagnie de son amour Peggy Roche.
C’est un charmant petit cimetière avec vue imprenable sur le causse, l’emplacement vous en conviendrez avec moi, est très important quand on sait que l’on prend place sous deux mètres de terre pour l’éternité. Nous ne sommes pas des pharaons mais quand même !
Leur tombe tombe en ruine, ça tombe mal pour ces deux grandes dames !
Face à elles je peux leur dire en m’inclinant :

-Bonjour Tristesse !

Je récite l’acrostiche à Françoise :

F atale destinée que notre vie sur terre,
R ien n’y peut exister, tout y est éphémère !.
A vec le vent qui siffle, les jolies fleurs des champs,
N e se balancent plus sous les ailes du temps!.
C ependant l'une d'elles dans sa prime jeunesse,
O se lui résister de toute sa faiblesse!.
I nsolites images cette nuit dans mes yeux!,
S' il le faut désormais j'affronterai les cieux,
E t je serai à toi, mon aimée, ma fleur bleue!

Puissent ces quelques alexandrins éclipser les bleus à l’âme de notre chère Françoise.
Enfin avant de vous laisser, je vais aborder le phénomène Coluche, qui séduit par les hauteurs de Cajarc, s’était posé près de Sainte-Croix.
Lui aussi avait été charmé par les paysages surplombant fièrement la rivière autrefois navigable . Ce fin gourmet, accompagné par ses copains allait savourer régulièrement la fameuse poule farcie de Madame Bès.
Je ne l’ai pas connu lui non plus, par contre au hasard de mes balades à vélo, je croisais de temps en temps le regard de Véronique, son épouse, qui se promenait en contrebas de sa propriété sur la route qui mène à Marin.
Un jour, moins pressé par l’illusion du temps qui nous harcèle, je me suis arrêté un instant pour lui parler.
J’ai prononcé ces quelques mots en l’abordant : «Il nous manque ! Il me manque» Elle m’a répondu :
«Pas autant qu’à nous…qu’à moi !»
Aujourd’hui ils sont à nouveau réunis, du moins pour vous chers lecteurs croyants ! Laissons alors planer le rêve, celui qui permet de réunir les âmes pures infiniment au firmament !
Je ne peux pas éclipser de ma rétrospective lotoise Edmée Larnaudie, l’excellente artiste peintre. Elle fut en son temps grand prix de Rome, elle repose dans l’enceinte de sa propriété à Larroque-Toirac.
Je sais, vous allez me faire une réflexion ! -Vous étiez à deux doigts d’oublier de citer la plus célèbre proxénète de France Madame Claude installée un long moment à Cajarc : Vous m’obligez à pousser le bouchon un peu trop loin non? Bon, le problème c’est que lorsque l’on me met une idée en tête aussi farfelue soit-elle, je ne peux m’en débarrasser qu’en la couchant sur le papier. L’image est forte, n’est-ce pas? Je sais pertinemment que je peux choquer les âmes sensibles ou exciter les autres. Me voici sur une voie sans issue avec vous et même fatale, n’ayons pas peur des mots! Nous voilà dans de beaux draps ou plutôt sous une belle couette. Je ne veux froisser personne aussi nous allons pénétrer ensemble dans cette maison close aux portes toujours ouvertes.
Suivez-moi !
Je ne peux pas me tromper d’adresse, au-dessus de l’entrée est accrochée la fameuse lanterne rouge ! Un œilleton s’entrouvre et j’aperçois un œil divin qui laisse présager une beauté charmeuse et charmante prête à me recevoir. Une voix sensible et sensuelle pour un amour sans suite se fait entendre. «Entrez-donc, cher ami, inutile de vous présenter les lieux, vous êtes je vois un habitué!»
«Chère madame Claude, je compte sur vous pour me présenter votre dernière beauté »
Je viens pour elle, j’espère que sa fraîcheur sera à la hauteur de ma grande espérance.
Momo est un poète avant tout, il va adorer conter fleurette à la jolie coquette.
Flore je vais la baptiser, mon ange du plaisir, je la désire déjà, cela ne se voit donc pas ?
Je la sens bien timide, je vais la rassurer, tendrement ; grâce à moi, elle connaîtra l’émoi, et les joies de l’amour qui n’aura pas de suite.
Oh !…Quelle destinée auras-tu mon enfant,
toi aussi claire et pure que la muse qui m’inspire ?
Madame Claude la tenancière pour revenir à elle, est avant tout une financière, les fraîches rondeurs laiteuses nourrissent abondamment sa bourse, en soulageant les bourses.
Elle n’est pas belle la vie?
Ainsi soit-elle !
 
Le bateau ivre dérive : 16 premières lignes

Sous l’arche étoilée où voguent ses pensées,
le vieux voilier louvoie près des récifs saillants.
Ô ! lames affûtées aux remous compensés,
ménagez les haubans du fier gréement vaillant.

Nuages intemporels aux confins des nuées,
vous éveillez ses sens dénués de bon sens,
Ils font flotter son cœur au-delà des buées,
où dérivent les proues vouées au contresens.

Ivre est ce bateau offensé par les vagues,
près des écueils hurlants il livre sa coquille!
Sans se soucier des vents son esprit divague
où les furieux brisants dévoilent les quilles.

Triste, erre sa coque sous l’astre fuyant,
il pleure sans âme les larmes aux ondes bleues.
Ô ! Lointaines lueurs éclipsez ce brillant !
Ô ! Mer, enrobe le, d’un blanc linceul sableux!
 
Dernière édition:
À travailler
Les langues de vipères de notre belle région!

Arthur Rimbaud les aurait surnommé les bouches d’ombres, je vais toujours plus loin que lui, je les ai baptisé avec toute l’affection que je leur porte les bouches d’égouts.
Chez nous et ailleurs, les gens les appellent communément, les langues de vipères !
Je ne pense donc pas que cela soit lié à une particularité de notre cité antique, même si elles se distinguent depuis de nombreuses générations par leur facilité à véhiculer des ragots de tous genres.
Grâce à elles nos connaissances ou pas sans être forcément curieuses, peuvent avoir de nos nouvelles sans se déplacer sur de longues distances, ce qui est bien pratique reconnaissez le avec moi.
Il leur suffit pour cela, qu’elles tendent l’oreille et ce qu’elles ne soient pas atteintes de surdité ! À leur tour si elles font parties du milieu. Elles pourront véhiculer toutes sortes de conversations bienveillantes ou malveillantes, bien entendu cette dernière possibilité est bien plus intéressante car elle ne manque pas de piquants atouts !
Le menu des ragots est donc très varié, la recette à toutefois tendance au fil d’une propagation galopante à amplifier quelque peu ce que j’appelle le vérité vraie. En effet c’est à celle où à clelui qui apportera la meilleure touche poivrée finale, qui
procure un goût inimitable aux meilleurs recettes de nos grand-mères! Là, s’appliquera de toute évidence la pensée de Pascal : "À la fin de chaque vérité, on se doit d’ajouter, que l’on se souvient de la vérité opposée". Évidemment souvent, la personne du pays aura une fâcheuse tendance à commérer sur son voisin direct, est-ce du à l’héritage de ces ancêtres autour d’un lavoir ? Ne doit-on pas laver son linge sale en famille ? Il n’y a pas de règle, c’est humain paraît-il, les bouches nauséabondes finissent toujours par avoir une meilleure connaissance de la vie de leur cible que de la leur, elle est tellement plus extravagante et salissante elle mériterait à elle seule un petit roman. Ce livre ouvert sur l’intimité du pauvre condamné malgré lui s’étoffe inexorablement, et finit par devenir une œuvre fleuve et dieu seul sait si elle aura une fin un jour. Elle le videra de son sang jusqu’au pied de sa tombe !
Le désigné finira par ressembler comme deux gouttes d’eau à celui qu’il n’a jamais été. Il percevra jour après jour les regards qui le suivent et le juge, le jauge même, au point de le mettre parfois très mal à l’aise. Il deviendra malgré lui l’attraction d’une partie du village, il s’en étonnera presque. Pourquoi cette renommée acquise de bouches sombres en oreilles d’âne l’accable t’elle avec tant d’obstination ?
Il sera le seul à ne pas connaître page à page cette saga, et il en s’en attristera! Peut-être qu’un jour un homme sage la lui racontera
et ils finiront tous les deux par en pleurer…de rire bien entendu!
 
Définitif :

La vie des élèves pensionnaires au Lycée Champollion dans les années soixante, dur dur, c’était un petit avant goût de service militaire pour ceux qui avaient la chance de ne pas atterrir dans les paras !

Voici l’équipe de cross-country du lycée Champollion en 1969-1970.
C’était déjà un peu plus cool du point de vue de la discipline.
Nous avions été champions d’Académie puis sélectionnés pour les championnats de France universitaires.
Je reconnais sur la photo Pierre Roura, Chaussade et moi déjà avec un maillot de cyclisme Peugeot sur le dos. Je devais sûrement avoir, ce jour là, mon vélo pas très loin !
En 1967 1968 les cheveux longs étaient à la mode suite aux élucubrations d’Antoine…mais Arnal, Couraide, Cure et Cazard préféraient que l’on ait les idées longues!
À cette époque j’étais pensionnaire
et il régnait au sein du lycée une discipline d’enfer, qu’il ne faut surtout pas confondre avec celle de fer, bien moins rigide !
On devait sortir en week-end cravatés et celui qui oubliait suite à une grave inattention de revêtir cet ornement vestimentaire était contraint à un demi-tour dès que possible! Il était gratifié de deux jours de colle entre les murs de l’établissement. En prime il se voyait interdit de sortie en ville le mercredi après-midi qui suivait ! Bien entendu seuls les lycéens qui avaient par chance un correspondant sur Figeac pouvaient se promener en ville ce jour là !
Le règlement rigide était truffé de conditions sine qua non !
Heureusement, pour nos parents le prix de la pension n’en était pas plus élevé !
Le lourd portail ne s’ouvrait pas sur la liberté facilement comme vous pouvez le constater !
Le même sort guettait le pauvre collégien qui n’était pas apte à donner les dates de naissance et de décès de l’illustrissime Jean François Champollion lorsqu’il était stoppé dans son élan bien légitime par un surveillant à une encablure du monde libre.
Il était alors sanctionné sur-le-champ
de deux jours de retenue afin qu’il puisse apprendre et retenir ces deux précieuses et essentielles dates relatives au premier souffle et au dernier râle du déchiffreur de hiéroglyphes.
Nous dormions au cinquième étage et c’était dans un long chemin de croix que l’on regagnait nos lits. Les deux gardes de service à peine plus âgés que nous, stoppaient notre ascension à chaque étage pendant deux à trois minutes et au moindre bruit un pauvre pensionnaire pris au hasard dans le secteur du délit était invité à passer la fin de semaine au lycée.
L’escalier débouchait sur un immense dortoir d’une soixantaine de lits, plus peut-être? Ils étaient positionnés à droite et à gauche d’une large allée. Des lavabos sans eau chaude
et des toilettes apportaient un peu de confort à ce lieu de repos. Au bout de ce couloir central masqué par de larges rideaux se trouvait la piaule du jeune pion.
Le dortoir 52 était celui des garçons, il me semble que les filles étaient installées au 31, il m’est difficile de me le remémorer!
Tout ceci est très loin, évidemment les lieux de sommeil n’étaient pas mixtes !
Parfois une tentative presque désespérée était au programme d’un très courageux pour rejoindre son aimée, mais hélas le
veilleur de nuit semblable à une chauve souris agitée se baladait dans une ronde infernale dans les sombres corridors et malheur à celui qui se faisait prendre!
L’exclusion définitive du lycée était à la clé d’une telle pulsion sentimentale, le conseil de discipline ne rigolait pas avec les plus téméraires mais vous savez comme moi que l’amour est capable de nous transcender au point de nous faire oublier la peur et puis il y avait cette montée d’adrénaline très excitante.
Les sanctions pleuvaient, comme je viens de vous l’expliquer, nous en avions parfois deux ou trois en retard, c’est-à-dire qu’entre deux vacances principales on ne voyait pratiquement jamais notre famille.
Je me suis toujours demandé ce qui aurait pu se passer en cas d’incendie, les normes de sécurité étaient plus que sommaires !
Enfin, les miracles se produisent parfois, je vous en donne la preuve formelle !
Blouses grises et bleues pour les garçons, roses et bleues pour les filles.
Bref, c’était le bon temps comme se plaisent à dire les bien plus jeunes que nous aujourd’hui !
Être dans l’équipe de cross ou d’athlétisme nous permettait de pouvoir sortir de l’enclave du lycée au moins le mercredi lorsqu’on avait une sanction en retard.
Cependant, de temps en temps, les prisonniers du week-end pouvaient prendre le chemin ô combien bucolique du Cingle !
C’était une récompense qui conduisait à une petite bouffée d’air libre, l’esprit pouvait ainsi prendre de la hauteur et rêver de jours meilleurs.
Je n’ai pas le souvenir d’avoir tdragué les filles dans la cour, cela me parait étrange me connaissant, peut-être étions nous sur nos garde encore une fois par rapport au régime disciplinaire en vigueur !
Le réfectoire était au rez-de-chaussée, les salles de classes au-dessus pour certaines, et nous savions par avance ce qui allait nous être servi à midi et le soir grâce aux odeurs qui montaient généreusement vers nous en nous chatouillant les narines !
Le jour des frites était le bienvenu un vrai jour de fête !
La choucroute était accompagnée d’une carafe de bière, et nous avions droit à une bouteille de vin rouge pour huit élèves.
Moyennant un arrangement avec les tables
attenantes j’ai pris ma première cuite au lycée!
Le prof de français, qui m’avait en amitié, a eu la bonne idée de me faire lire un court passage de l’Assommoir du regretté Émile Zola!
L’intuition sûrement ! Il se demanda rapidement qui était le plus assommé de l’histoire cette après-midi là!
Je n’ai pas eu à souffler dans l’alcootest heureusement, malgré une navigation très douteuse entre les lignes!
Je me remémore le soir où j’avais été "saqué !" En d’autres termes, je n’avais plus droit qu’à une très pauvre ration du nectar tant attendu !
Nous avions un protocole bien établi.
Nous faisions tourner un verre et celui qui se trouvait en face de l’ouverture était la victime désignée de la soirée.
Ce jour-là, le verre en question s’était positionné entre moi et un autre pensionnaire.
Logiquement on aurait dû rejouer la partie entre nous deux!
Ce ne fut pas le cas et le litige tourna en ma défaveur suite à une mauvaise foi évidente.
Face à cette flagrante injustice, j’ai raclé le fond du plat et j’ai réussi à remplir une cuillère de fromage blanc fouetté que j’ai expédié sur la tronche de celui qui avait refusé d’admettre l’évidence.
C’est à cet instant précis que j’ai senti une main se poser sur mon épaule. C’était celle du surveillant général Arnal que l’on surnommait : Couraide ! Il donnait l’impression de déambuler avec sa tête solidement fixée à un balai au dos de sa vieille carcasse!
Sans hésiter, il prononça ces saintes paroles : « Marcouly tu resteras avec nous ce week-end !»
Depuis j’éprouve une certaine réticence à déguster du fromage blanc fouetté !
Ce réfectoire servait également de permanence, je me remémore la capture des grosses mouches. Grâce à un fil d’une blouse et à une gestuelle parfaite, on arrivait à attacher un minuscule bout de papier à une de leur patte et on les libérait ainsi…Vous avouerez qu’il en fallait peu pour nous faire rire!
Une barre de chocolat noir à cinq heures et un morceau de pain, et nous montions en étude pour deux heures studieuses dans un calme encore surprenant.
Voilà pour résumer sommairement la vie des lycéens à "Champo" cela nous donnait un petit avant goût d’armée !
Je suppose qu’aujourd’hui nos enfants ne connaissent pas cette sévérité ?
Mais peut-être avez-vous des bons souvenirs, aussi à vos plumes !
Allez un dernier souvenir !
Un pion particulièrement doué en 1967 ( 4 licences en poche) qui avait élu domicile dans le camping municipal, a posé cette question osée au principal lors de son recrutement : « Les dortoirs sont ils mixtes ?»
Un soir où nous étions à l’étude avec lui, et où, pour une fois il y avait beaucoup d’agitation, Cure alerté par le bruit pointa rapidement le bout de son nez à la porte : «que se passe t-il ici !»
Le pion sans se démonter une seconde lui rétorqua : « Rien, j’étais simplement en train de leur faire un cours d’espagnol en anglais !».
Nos rires résonnent sûrement encore dans la salle d’étude N 113 !
Une dernière petite anecdote me revient.
Lorsque j’ai mis les pieds pour la première fois dans l’enclave du lycée au mois de septembre 1967 j’avais en tête en milieu de semaine, de pouvoir assister aux fiançailles de mon frère aîné. Hélas n’ayant pas prévu d’amener un mot spécifiant que je sortirais le samedi , alors que la rentrée scolaire avait eu lieu en cours de semaine je n’ai pas pu assister à cette fête familiale.
Mon frère est pourtant venu pour essayer de me libérer mais, après son intervention le surveillant général Cure, un psychorigide sans égal, a simplement dit en me regardant : « Mon pauvre ami, il fallait que tu aies cette autorisation en poche en temps voulu , tu resteras donc avec nous dimanche !».
C’est ainsi que j’ai commencé ma cure au
lycée, et croyez-moi je n’en avais pas cure!

Voici l, pour terminer deux ou trois témoignages d’élèves suite à mon écrit :

Pour les filles blouses roses et bleu clair. Demi -pensionnaire il fallait montrer une serviette de table propre le lundi et pour nous en 67 il y avait des barrières dans la cour pour séparer les filles des garçons !

L’Education nationale vous le voyez ne prenait absolument aucun risque !

Salut, Maurice, et encore bravo pour tes chroniques si intéressantes et joliment rédigées. Celle-ci me concerne également car je viens de réaliser pourquoi le nom de Marcouly me disait "quelque chose"! "Mais oui, mais c'est bien sûr", comme disait le commissaire Bourrel! Dans ma classe de Philo-Lettres de 1966-67, il y avait un camarade du nom de Denis Marcouly, ton frère sans doute. Et la photo du prof de philo Pierre Bugat, je l'avais aussi publiée car j'y suis, sous le bras levé de Christian Daynac, en train de rigoler devant l'audace de Jean-François Foucaud qui fait le pitre sur le bureau professoral. Avant 1968, les filles ne rejoignaient le lycée Champollion qu'en Terminale, et les blouses roses et bleues étaient encore de rigueur. Et gare à nous si on se trompait, ça ne rigolait pas avec E729EC1C-357C-44F8-89AF-54B92D885E38.png "Couraide"! Encore moins avec les aventures amoureuses! Il y en avait eu une entre deux de nos camarades, Marie-José et Jean-Louis, qui s'étaient retrouvés à l'hôtel. Scandale à l'époque qui leur avait valu une sanction, mais je ne sais plus laquelle....
 
Dernière édition:
Définitif

Deux médecins opèrent à cœur ouvert à Figeac

Reconnaissance aux frères Jacques

Bien entendu lorsqu’on parle de Figeac, deux noms reviennent inlassablement, vous les avez tous en mémoire, il s’agit de Jean-François Champollion et de Charles Boyer.
Aujourd’hui je tiens à vous présenter deux hommes exceptionnels.
Deux personnages de l’ombre, mais dévoués cœurs et âmes à leur profession de médecin.
Je vais d’abord vous parler de Monsieur Chancel car je l’ai bien connu personnellement.
Il avait son cabinet dentaire boulevard Georges Juskiewenski.
A peine le petit escalier en pierres sèches franchi, on se trouvait face à l’entrée où un petit couloir étroit nous dirigeait vers la salle d’attente. Confortablement installés, on pouvait à loisir lire quelques revues éparpillées sur une table basse. Depuis, ce décor sobre a peu évolué me direz-vous !
Les émanations médicamenteuses aux effluves bien connues venaient emplir alors nos narines et, comme si cela ne suffisait pas à nous rappeler que nous étions dans un cabinet dentaire, on percevait un sifflement harmonieux bien caractéristique en prémices à un petit air de douleur promis!
Rien cependant de très décourageant, notre brave praticien avait des années d’expérience derrière lui ! Une retraite bien méritée allait bientôt lui permettre de regagner sa grande propriété boisée située en Auvergne.
Aussitôt dans l’enclave du cabinet, je m’installais confortablement sur le fauteuil incliné en lui disant: « Vous savez, je viens vous voir pour une douleur à une dent, cependant, je n’ai pas d’argent pour vous régler les soins !» Le serment d'Hippocrate était donc par nécessité immédiatement appliqué. Mon soignant, vêtu d’une grande blouse blanche, me mettait immédiatement en confiance en me lançant la phrase suivante :« A t-il était une seule fois question d’argent entre nous?».
Tout en actionnant sa terrible roulette à l’intérieur de ma bouche qu’il maintenait grande ouverte grâce à un de ses doigts, il me parlait de ses plantations de sapins, de ses poulets et autres animaux à quatre pattes qui peuplaient son domaine. Il ne manquait pas de me causer aussi de ses consœurs qui exerçaient depuis peu dans notre vieille cité. Au passage, elles en prenaient plein les dents. Il m’avait rapporté qu’un patient était venu le consulter pour l’extraction d’une molaire. Cette dent résistante était ancrée de telle manière que nos dentistes féminines n’avaient pas réussi à la déloger d’une mâchoire qui avait fini par être meurtrie à vif!
-Heureusement que j’étais là pour achever le travail me lança t-il ! Chirurgien dentiste c’est un métier d’homme, faut avoir de la poigne pour ne pas se manquer!
Cette façon maligne qu’il avait d’entretenir une conversation qui ne pouvait aller que dans un sens détournait mon attention, ce qui me permettait de faire l’abstraction d’une douleur souvent montante pendant le soin. Il me regardait avec ses yeux vitreux et j’avais beau lever le bras pour lui signaler une vive douleur comme il avait été convenu dans notre pacte, l’engin tournant à plusieurs milliers de tours à la minute finissait sa besogne hautement curative. Je n’allais quand même pas me plaindre d’un soin qui était gratuit!
J’ouvre une petite parenthèse pour vous parler de l’époque d’avant, où l’on pouvait trouvait la mort suite à une rage de dent.
Je rappelle pour les plus jeunes d’entre vous que les "arracheurs de dents" se tenaient au service de la population sur les places des villages jusqu’à la fin des années trente. Le service dentaire local se déplaçait généralement le jour de la foire aux bestiaux.
Il était inutile de prendre rendez-vous, voilà pour le côté pratique.
Pour couvrir les hurlements des patients, les roulements de tambour se faisaient entendre, il faut ajouter que les pinces monseigneur non stérilisées ne laissaient aucune chance aux dents creuses excessivement douloureuses et tremblantes montées sur coussin d’air !
L’expression "mentir comme un arracheur de dents " prenait alors tout son sens, car elle intervenait après ces paroles rassurantes :
« Approchez-vous de moi sans crainte, avalez ce verre de gnôle, vous ne sentirez rien !»
En avant la musique ! Et au suivant !
Le verbe extraire n’avait pas encore acquis ses lettres de noblesse.
En parlant de noblesse et avant de refermer ma bouche sur cette parenthèse rigolote, savez-vous pourquoi l’ensemble de la bourgeoisie et de la royauté ne sourit jamais sur les peintures qui les représentent ?
Trois…deux…un…zéro !
Tout simplement par rapport à l’intérieur de leur bouche dans un état pitoyable !
Il va falloir que vous pensiez à édenter vos acteurs, Messieurs les réalisateurs, lorsque vous campez la royauté par exemple, sur la bande cinématographique !
Le Roi Soleil n’était pas doté d’un sourire éclatant aux émanations printanières, son ministre Jean Baptiste Colbert non plus à l’opposé du Président Macron et de sa première Ministre Elisabeth Bornée aujourd’hui ! Ah non ! Pardonnez-moi
cette erreur volontaire, c’est le surnom que je lui ai donné : Je parlais naturellement de Madame Borne !
Les sans-dents d’autrefois ne faisaient pas forcément partie du pauvre peuple, comme vous le constatez.
Les implants à 6000 euros la dent ne sont venus au secours des nantis que bien plus tard!
Eh oui! Pauvres hères,vous n’avez pas toujours eu à souffrir d’une différence physique avec la haute société.
Revenons aux années soixante où frère Jacques, c’est ainsi que je l’avais surnommé par apport à son prénom, était connu des pauvres gens de la région. Il prodiguait des soins sur les ratiches des malheureux sans leur demander le moindre sou. Il avait su me rassurer en me disant que j’étais doté d’une belle dentition pour l’époque, je n’ai connu la brosse à dents qu’en 1967 à mon entrée au lycée Champollion. Son diagnostic je dois le reconnaître a été excellent, je peux encore aujourd’hui mordre dans une pomme sans me soucier de la dureté du fruit.
Merci, Monsieur Chancel, vous avez permis aux sans dents de ne pas se faire un sang d’encre, des praticiens comme vous j’en suis persuadé n’existe plus actuellement.
Le deuxième personnage de l’ombre était médecin il s’agit de Monsieur Issaly. Ma mère , qui était infirmière à l’hôpital de Figeac, m’en avait toujours parlé comme d’un être à la bonté inégalable. Une perle dans la profession! L’argent, lui aussi oubliait de le réclamer aux indigents, mais parfois également aux personnes moyennement aisées.
Une petite anecdote à son sujet m’a été rapportée dernièrement.
Il s’était déplacé à plusieurs reprises chez une grand-mère en fin de vie et, fidèle à son habitude, il l’avait soignée sans rémunération.
Cependant, un voisin proche de la famille marquait ses passages sur un petit carnet. La vieille dame très âgée a fini malgré ses bons soins par aller à la rencontre de Saint Pierre, du moins c’est ce que le curé a sermonné le jour de son enterrement! L’homme fit part des visites répétées du médecin à un membre de la famille d’une honnêteté exemplaire, qui se rendit en consultation chez notre bienfaiteur avec la ferme intention de lui régler les notes d’honoraires.
Après la question d’usage sur l’état de sa santé, Maître Issaly eut ces mots :
« Que venez vous faire ici si vous n’êtes pas souffrant ?»
« Je viens régler les visites que vous avez faites chez Madame : L……..».
« Je n’ai aucune idée du nombre de déplacements que j’ai pu effectuer chez cette brave personne !»
«Ils sont notés ici, au nombre de six».
«Je vous remercie, cher Monsieur, cependant mes soins pour cette dame ont été toujours gratuits, donc je n’accepte aucune somme la concernant».
Ainsi ce brave praticien d’un autre âge exerçait son noble métier à Figeac. On pouvait le voir circuler en ville à bord de sa belle traction avant noire. Il avait ses habitudes et en bon vivant, à heure fixe, il discutait avec les habitués au comptoir de certains bars où il avait, rapporte t-on, son propre verre qui l’attendait.
Comment ne pas être admiratif face à ces âmes du devoir, qui ont pratiqué la médecine avec un seul souci, le bien être des pauvres gens du peuple, avec en permanence en tête un serment que je rappelle ici :
"Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.
Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.
J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.
Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.
Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.
Admis(e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les moeurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.
Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.
J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.
Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque.”
Que le Divin s’il existe, se souvienne de ces deux braves Figeacois exemplaires, hélas par beaucoup aujourd’hui oubliés!
Le docteur Issaly a exercé des années trente environ jusqu’à la fin des années soixante dans le même créneau que le chirurgien dentiste Chancel.
Pour moi, dans un autre registre c’est vrai, ils ont eux aussi leur place au panthéon de notre petite ville, au même titre que Jean François Champollion et Charles Boyer!
Une anecdote qui confirme le dévouement de ce praticien dans l’âme m’a été rapportée par Jean.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’ épouse de Roger Martin du Gard un écrivain français célèbre de la première moitié du vingtième siècle, lauréat du Prix Nobel de Littérature en 1937, réfugiée avec son époux à Figeac, a elle aussi été soignée gratuitement .
Dans la copie numérique de la lettre manuscrite retrouvée sur Internet Roger Martin du Gard insiste pour payer ses honoraires à un docteur humaniste ! Il y avait à l’ époque de nombreux médecins altruistes et passionnés par leur métier. Pardonnez-moi, restons simples, je voulais bien entendu parler de la disposition bienveillante que possèdent certains êtres pour leur semblables ! C’ est malheureusement de plus en plus rare aujourd’hui n’est-ce pas ?
Je me demande même avec anxiété s’il en existe encore.… 19D6E62B-334C-41FA-8EA7-8DE91AE0C1C5.png
 
Petit duo avec l’ami Charles
Baudelaire!

Le prestige de la poésie qui relève d’une technique luxuriante, mérite notre attention. Comme dans la nature "les parfums, les couleurs et les sons" dans une ténébreuse et profonde unité" tous les arts s’y retrouvent et s’y répondent. Elle rivalise avec la peinture, la sculpture et la musique. Elle ne vit comme les beaux arts que de couleurs de relief et d’harmonie.
 
Rencontre du troisième type!

Aux premiers souffles de l’aube à l’heure où la faune fuit vers les sous-bois, sur le chemin caillouteux de la promenade où l’air s’est chargé d’élans aux odeurs pastorales et où le ciel s’étend en reflets envoûtants je marchais, quand subitement ma fidèle chienne au détour d’un sentier marqua un temps d’arrêt, face à nous, droit comme le mât d’un navire échoué, une silhouette cheveux tendus sous une voile aux quatre vents me lança... « Ici, le temps a suspendu son vol, il n’y a plus d’heures propices !» Puis, aussi rapidement qu’elle nous était apparue, pareil à un mirage, son image fuyante quitta ce lieu aux effluves magiques. Non loin de là, alors que je m’interrogeais encore sur cet étrange rêve éveillé et que je foulais sans m’en rendre compte des vers égrenés récemment, sous l’arche d’un vieux pont deux créatures figées comme des pictogrammes sortis d’un monde imaginaire m’interpellèrent : -Ne nous reconnais-tu pas l’ami ?...Le premier me lança : «Faut-il pour cela, que je me couche sur le frais cresson vert et que le ruisseau desséché à mes pieds chante en accrochant follement aux herbes des rayons d’argent ?» -Et moi à reprit son compagnon en arborant une physionomie spectrale plus que pittoresque : «Dois-je m’immaculer d’un interminable ennui au pied de cette pleine, pour que tu puisses apercevoir un ciel de cuivre sans lueur aucune? Ainsi, l’artifice qui apparaît à tes yeux sûrement irréel te permettra de voir vivre et mourir la lune ?» Pas de doute, il s’agissait bien du couple infernal ! Profitant d’un moment de lucidité, j’ai juste eu le temps de leur poser cette question : « Que faites-vous dans cet espace?» Alors, les deux amants en cœur, dans un écho perçant qui me glaça le sang eurent ces mots grisants : Que crois-tu ? Nous t’attendons !».

-Bon, je sais bien que vous n’allez pas me croire, pourtant j’ai eu le réflexe d’immortaliser cette scène irréelle sur ce cliché !
 
La petite église abandonnée…

Ne suis pas plus belle et romantique que la massive cathédrale Notre Dame de Paris ?

Bonjour mes chers enfants,

Il y a bien longtemps que je n’ai pas vu âmes qui vivent, parfois des promeneurs jettent un œil furtif vers moi, je les entends prononcer au loin ces quelques mots : « Oh ! qu’elle est jolie cette petite église posée aux flancs de la colline !»
Oui, je suis charmante, pourtant mon ossature aux murs lézardés, aux portes absentes, au clocher sans cloches ni couverture mériterait qu’une main généreuse s’attarde un peu sur moi.
Je suis une des préférées du monde Saint d’ici pour ma simplicité misérable, je suis devenue ainsi au fil du temps qui fuit avant que je m’effondre.
Abandonnée ?... C’est ce que vous croyez, car souvent animée par un chœur où chantent mille cœurs, éclairée sous un ciel d'esprits purs qui flattent de louanges les anges qui planent par centaines au-dessus de mon grand perchoir.
L’hôtel, qui se dresse fièrement sous la voûte silencieuse drapée de brillants éternels accueillera toujours une pluie incessante de poussières égarées.

Abandonnée ?...C’est ce que vous pensez ?...C’est ce que vous croyez?