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Les pensées célèbres, celles de la Vagabonde de la Poésie, les pensées Momoriciennes et les vôtres si le coeur vous en dit

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Heureusement que tu n'es pas rentré au séminaire,
la Poésie aurait perdu un Poète

Belle journée mon Arthur


Paule


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Hi trois fois…chère Paule!…vu sous cet angle je peux me poser la question si je n’ai pas raté une vocation toute tracée!.
Ma passion pour l’écriture aurait sûrement trouvé ses limites!.
J’étais un enfant saint et finir en presque saint homme sous certaines conditions pourquoi pas!.
Je succombe vite à la tentation mais ce n’est pas très grave, après une petite confession tout est pardonné…n’est-ce pas?.
Bonne journée mon enfant!.
Tu vois j’ai le réflexe de la phrase du père!.
 

Matthale

Webmaster
Membre du personnel
Voilà, voilà, sauf que les acquis y vont mais y a trois peqs qui se rebellent.
J'ajoute ma goutte d'eau, le gouv qui se demandent encore aujourd'hui comment convaincre les entreprises (très fortunées, très riches), de diminuer leurs émissions;
Mais c'est mort, révolte là, ça fait 40 ans qu'ils se demandent.
On a déjà dépassé la date de péremption pour nos gosses et ils continuent de se refiler la patate chaude, genre ils ont déjà louer un appart sur la lune ou bien mars.
Vu que le capitalisme n'est pas viable pour sauver l'humanité, des exemples tous les jours y en a, tout le monde sait où est le vrai problème, mais y a pas 50 millions de gens dans la rue, là ça bougerait vite.
Les grappes de 5000 ça fait triste, ils prennent d'entrée les charges de crs et après les blocks viennent ramasser le reste, y a rien de constructif, c'est des escarmouches du temps de Louis XIV ça.
De la poudre aux yeux, rien, que dalle.
Là on parle plus de sauver des emplois (capital, pour ceux qui ont pas suivi ^^)
Mais des gosses et leurs enfants. Les nôtres aussi. (ça c'est social, pour ceux qui ont suivi ^^)
Donc c'est mort et tout le monde fait comme si de rien n'était, ne change rien, comme moi hein ?
Mais moi j'ai la même excuse que vous:
Si on y est pas tous, ça sert à rien ....
 
6EA3929F-F55F-4CF3-A362-2DE5C44E49FE.jpeg CYPRIEN

Aujourd’hui je vais vous parler à nouveau de notre voisin Cyprien. Il était né mendiant de son état, comme l’on devient épicier, maçon, ou encore forgeron!
En cette lointaine époque, la mendicité n’était pas interdite, les riches n’avaient pas honte des pauvres, les pauvres ne rougissaient pas de leur indigence, ils n’enviaient absolument pas leur richesse. La misère était chose commune on pouvait être plus ou moins pauvres, on vivait ainsi sans en faire un scandale !
La pauvreté n’étonnait personne, elle ne blessait personne, bien sûr je vous parle d’un temps depuis longtemps révolue. Jadis les vagabonds sillonnaient nos campagnes, les effluves printanières comme par enchantement les sortaient de leur torpeur hivernale dans le coin d’une grange où ils hibernaient tels des ours dans la paille ou dans le foin. La besace sur l’épaule, la barbe abondante, la bouche édentée, incultes, habillés de guenilles, ils partaient à la recherche d’un peu de travail pour un croûton de pain, un verre de vin. "Où il y a du pain et du vin le Roi peut venir" disait un proverbe, et dans le temps on se contentait de cette richesse ! Le cyprien de mon enfance était si pauvre que je pensais qu’il n’avait jamais eu une mère et un père.
Il était né comme ses parents sur un lit de fourrage tassé. L’accoucheuse de service la mère Puech était venue délivrer sa pauvre mère! Inutile de vous dire que le travail c’était déroulé sans anicroche ce jour-là ! Toutes les communes avaient leur spécialistes, des praticiens sans diplôme bien évidemment. Du guérisseur à l’infirmière en passant par le rebouteux au croque-mort, les gens du pays n’avaient donc aucun soucis à se faire ou presque ! Il arrivait parfois que les événements ne se passent pas comme on les aurait souhaités ! Ainsi une mise au monde pouvait avoir des conséquences tragiques. Un enfant par manque d’oxygène pouvait mourir ou au mieux devenir l’idiot du village. Le pire se produisait quand la mère et le bébé ne survivaient pas à cette redoutable épreuve.
Pour notre ami Cyprien le miracle de l’existence n’avait posé aucun problème, sa mère et lui allait pouvoir goûter aux joies que procurent la maternité. J’ai mis longtemps à me faire à l’idée de cet état de fait!
Je n’imaginais pas enfant qu’il ait eu une famille. Il s’appelait Cyprien et cela suffisait amplement à mes yeux, pourquoi se serait-il embarrassait d’un patronyme ? Je ne vous cache pas ma déception quand j’ai appris qu’il avait des géniteurs comme moi.
Sa maman l’avait initié à son métier de
mendiant, et tout petit il la suivait et l’imitait dans une gestuelle parfaite!
Il représentait un tout, semblable à ces personnages bibliques qui se suffisent à eux même, il pouvait très bien n’avoir aucune généalogie, son existence n’avait à souffrir d’aucune explication, c’était Cyprien, mon Cyprien, notre Cyprien le mendiant mythique de la vallée du Lot.
Cyprien avait une manière bien particulière de se vêtir il avait la fâcheuse habitude d’empiler sur sa carcasse les vêtements qu’on lui donnait.
Il avait ainsi l’allure d’un Vendredi tous les jours de la semaine ! Il superposait même les couvres chefs sur sa tête qui finalement ne paraissait pas dégarnie pour son âge ! D’ailleurs quel âge avait-il ? personne au pays aurait pu répondre précisément à cette question ! Lui-même le savait-il ?
Sa manière de se vêtir à l’aveugle avait l’avantage de libérer ses mains ce qui est essentiel pour un mal voyant qui cherche sa route à tâtons, et qui en plus tend la main pour quémander un morceau de pain.
Cyprien était un redoutable chercheur d’escargots du petit gris au bourgogne très peu avaient la chance de lui échapper même s’ils le voyaient arriver de loin avec leurs grandes antennes !
L’inverse n’était pas vrai comme je viens de vous l’expliquer !
Il venait les proposer régulièrement à ma grand mère qui les mettait à dégorger dans une grosse réserve d’eau salée grillagée.
Elle lui donnait alors quelques sous en échange, puis l’invitait à venir les déguster quelques jours plus tard.
Ces bestioles à cornes préparées à l’oseille étaient succulentes, c’était à notre tour de baver devant elles avant d’être copieusement servi !
A une personne du pays un jour d’automne Cyprien lança : -Vau castanar !…je vais ramasser les châtaignes, elle moqueuse : «et comment pourras-tu les trouver, tu oublies que tu es presque aveugle ?» Il lui répondît du tac au tac en expert en la matière : « Mes yeux ne servent à rien, c’est avec les pieds que je les sens !».
Cyprien avait des circuits bien à lui, il passait souvent par Capdenac, où une fois il avait donné un très mauvais exemple, car habité ce jour là !…paroles des gens du pays par l’esprit satanique !.
Jugez-en plutôt !
Une fois qu’il était ivre mort, parce que des personnes mals intentionnés, lui avaient apporté du vin en abondance, et que tout le monde était inquiet pensant qu’il avait rendu l’âme, tant son attitude était immobile et figée, soudain, le voilà qui commence à remuer faiblement. Chacun pousse un ouf de soulagement et remercie le seigneur ! Soudain Cyprien s’agite, son visage s’illumine, avec ce sourire si caractéristique aux aveugles : « Gara ! soupire t’il en extase : « me caldrià una drolleta !» Maintenant il me faudrait une fillette!. Tous les témoins s’enfuirent offusqués par ces paroles diaboliques, mais rassurés sur le sort du pauvre hère.
Il se rendait tous les ans à la foire de la commune, il faisait l’honneur de sa visite au villageois, c’était à sa manière un prince en déplacement.
Personne n’aurait pensé d’ailleurs qu’elle puisse avoir lieu sans lui !
L’annonce de son arrivée se répandait comme l’écho d’un son de clôche !
Les enfants à la sortie de l’école se précipitaient pour aller à sa rencontre.
Moqueurs parfois ils imitaient le vrombissement des voitures ce qui le mettait hors de lui !
Il faut dire, qu’un jour encore plus sombre que les autres une de ces satanées automobile avait tué son brave chien auquel il tenait beaucoup plus que la prunelle de ses yeux, vous comprenez aisément pourquoi !
Est-ce un signe, le jour où Cyprien a cessé de venir, la foire à décliné, puis a fini par mourir.
"Post hoc, propter hoc ? "
Relation de cause à effet ou pure coïncidence, mieux vaut ne pas essayer de trancher.
C’était un homme important finalement
au pays, il siégeait près de la barrière à l’entrée des villages. Assis sur les marches du calvaire de pierres de Loupiac ou de Faycelles qui lui servait de trône au carrefour de quatre chemins là notre Cyprien tenait conseil au milieu de sa cour d’enfants il n’était pas rancunier auxquels venaient se mêler quelques paysans qui ne manquaient pas l’occasion de l’harceler de questions indiscrètes.
Ces réponses étaient très pertinentes et souvent l’interlocuteur se trouvait bien embarrassé par une verve qu’il n’avait pas vu venir!
Que cela soit dans son fief de Causse et Diège au lieu dit le Cazalous ou dans le secteur de la Madeleine jusqu’au clocher des principaux villages il avait trouvé des âmes sensibles à la pauvreté.
Rosalie, Marceline, Justine, et la Maria lui ouvraient leur cœur en lui faisant profiter d’une charité exemplaire !
Ce n’était pas pour autant un profiteur, il n’arrivait jamais les mains vides, dans sa besace se trouvait tous les trésors que la nature généreuse offre aux chercheurs avertis au gré des saisons.
Dans cette précieuse réserve pouvait se cacher l’or noir du Quercy…des châtaignes…des noix, ou encore des fraises des bois.
Il trouvait dans cet échange de bons procédés
une ouverture enrichissante à son âme de mendiant.
Cyprien eut une fin tragique, aussi douloureuse que celle de la Virgile son amour. La dernière fois que j’ai entendu parler de lui, c’était par la voix de mon père qui a répondu à ma question : « On ne voit plus Cyprien depuis longtemps, où est-il ?».
« Tu sais Maurice il était âgé, il vivait dans une très vieille grange où un seul coin de toiture l’abritait, cet hiver il a voulu replacer quelques tuiles pour qu’il ne lui pleuve pas dessus et il a fait une chute mortelle ! on n’a rien retrouvé de lui à par quelques os, les rats l’avaient entièrement devoré !
Ainsi à finit tragiquement la vie de Cyprien, le mendiant qui marqua de son empreinte de pauvre et de riche à la fois ma prime jeunesse.
 
Dernière édition:

Matthale

Webmaster
Membre du personnel
Sérieusement, ils nous faudraient tous les sportifs de haut niveau pour réussir un coup pareil.
Mdr, je ris vert, les films de sciences fictions étaient réels, Le manque essentiels de besoins vitaux rends les gens qui manipulent inconsistants, manipulables, ils finissent par se soigner pour des insomnies, des troubles du comportement, des problèmes digestifs, des actes de violences etc ...

ils ont fait science po, l'ena, moi j'ai fait la DDASS pendant 17 ans.
Résultat ? Idem, j'ai plus d'expérience, ils ont plus de savoir.
 
J’ai eu une vie d’une richesse infinie, j’ai connu la pauvreté, le dévouement et la cruauté humaine, j’ai tenu les plus belles femmes dans mes bras, deux d’entre-elles m’ont donné cinq merveilleux enfants, j’ai gagné beaucoup d’argent que j’ai rapidement dépensé, et je finis mon existence heureux comme je l’ai commencée dans ma chère région natale, avec en cadeau une retraite de miséreux.
 
Tautogramme L

Les Larmes Lactées lacérées Luisent Le Labyrinthe Lacustre libère les Lobes, Lady Lola Lorgne Longuement La Lune Languissante Lèche Les Louveteaux.

Les Lettres Loyales Labellisent La Lumière Libre Lactée La Légèreté Lointaine, Lampe La Langue Lumineuse Lunaire Lacunaire Lucifer Lâche Les Lactoses Létales.

Lueurs Langoureuses Larmes Lourdes Laquées, Luminescences Lancinantes La Louve, Louvoie Longe Lentement Le Légendaire Lac Loch...

Louanges, Laissez Les Libres Lola Loge Là!.
 
Dernière édition:
J’ai entrepris un travail monstrueux il s’agit pour moi de parachever 80 écrits qui relatent mon existence, et celle des gens de mon pays.
Deux fois 40 histoires vécues au sein de ma campagne natale.
Il me faut tout reprendre en prenant soin de corriger les fautes d’orthographe, placer la ponctuation au bon endroit, supprimer les lourdeurs, et les images qui se commandent.
Mon objectif un livre au début de l’été 2023 un autre en 2024.
Je posterai ici les textes corrigés.
Je remercie les lecteurs qui me suivent régulièrement.
J’ai pour mauvaise habitude d’écrire d’un seul jet de plume sans me relire.
Ce procédé permet d’apporter beaucoup d’émotion au récit, mais éclipse un peu la ponctuation et l’orthographe qui finit par être intuitive.
Un ouvrage se doit d’être parfait, ou presque !
 
Dernière édition:
Quand la cloche résonne version définitive !
Quel travail je suis épuisé !

Quand résonne le son de la cloche à l’école primaire de Capdenac Gare années : 1958…1959…1960.

Ding…dingue…donc !

L’enfant aux deux ombres

Dieu, qu’il me semble lourd le son de la cloche qui résonne sous le ciel pâle de septembre. Je l’ai entendu à trois reprises dans la cour de l’école primaire de Capdenac Gare!
J’allais enfin découvrir la grande école, après une maternelle cousue main d’époque, dans le petit village du Mas de Noyer où j’ai appris à pétrir la pâte à modeler un couple d’années, sous l’ œil noir et glacial d’une institutrice qui déjà reconnaissait en moi très certainement un don d’artiste sculpteur, et qui me laissait réaliser des œuvres en long, en large et parfois même en travers tout en me gratifiant d’une paix royale.
Après ce brillant passage à la maternelle j’allais enfin fièrement commencer mes vraies études dans une grande école accompagné de mon fidèle frère à peine plus âgé que moi.
Immédiatement assis à ses côtés j’ai compris que le fond de la classe m’était assigné! Quelle délicate attention ! peu importe je disposais d’une bonne vue et j’étais déjà un grand garçon pour mon âge, les trente petites têtes assises devant moi n’allaient en aucun cas éclipser le tableau noir !
Mon aîné ne paraissait pas très éveillé pour son âge, la maîtresse en s’approchant de moi, m’a dit d’une voix sèche : « toi, Maurice, tu t’occuperas de Didier !…» Tiens, me voilà déjà investi d’une responsabilité, ici au moins on me fait confiance!
J’allais vite déchanter. Dans cet environnement public, je devenais sans le savoir un auxiliaire de vie scolaire, non rémunéré bien entendu. L’enfant aux deux ombres entrait déjà dans la vie active sans le vouloir et surtout sans le savoir!
Ma tâche toutefois restait simple, il faut bien le reconnaître!
Je devais simplement subvenir à la déficience mentale de Didier, dans tous les gestes de la vie quotidienne et surtout m’organiser pour ne déranger personne!
La porte de la classe donnant sur la cour de récréation se trouvait à deux pas de moi, et on m'avait laissé carte blanche, je pouvais à tout moment quitter l’endroit pour accomplir mon travail, qui je dois le reconnaître ne me déplaisait pas. Il n’existe pas comme vous l’avez appris de sot métier.
J’usais de ma faible intelligence pour agrémenter cette responsabilité dépourvue de lourdeur administrative!
Il m’avait semblé au tout début qu’après l’institutrice j’occupais le poste le plus important de la salle de classe.
Les jours se succédaient dans une ambiance bonne enfant, je me désintéressais totalement des paroles de l’intellectuelle qui dans des élans non contrôlés je suppose, allait finir par me dire régulièrement : « Toi Maurice, tu resteras un âne, tu ressembles comme deux gouttes d’eau à ton frère ».
Je n’avais pas pas l’impression que c’était l’image que me renvoyait le miroir!
J’ai appris bien plus tard que le quadrupède aux grandes oreilles faisait partie des cinq animaux les plus intelligents sur terre, ce n’est pas par hasard qu’il refuse d’avancer quand on l’attelle à un carreton !
Mais revenons à l’état de santé de Didier qui empirait de mois en mois, ma deuxième âme devenait de plus en plus pesante.
Il fallait que je sois le bouclier de ses humeurs changeantes avec la rapidité de l’éclair,
je contenais ses réactions soudaines, je me tenais constamment près de lui pour protéger les enfants de ses crises de nerfs qui pouvaient prendre des proportions énormes ! S’ajoutait à cela la sempiternelle question de l’ensemble des écoliers : qu’est-ce qu’il a ton frère pourquoi il est comme ça ?
Je les remercie indirectement aujourd’hui car peu à peu j’ai compris que nous étions finalement différents!
J’essayais tant bien que mal de répondre à cette interrogation et mon imagination me permettait d’avoir une réponse un peu différente tous les jours.
Les cent cinquante élèves de la cour dans une ronde incessante avaient une soif insatiable ils voulaient comprendre !
Cependant, malgré cet étalage de phrases curatives j’ai vite réalisé qu’aucune ne pourrait satisfaire la curiosité de cette petite communauté en galoches et culottes courtes!
Devenu un vrai saint-Bernard, mon dévouement était sans limite. Mes pauvres parents pris par le dur labeur de la petite ferme familiale ne se doutaient de rien, mes jours passaient ainsi cadencés par un monde aux fausses allures fraternelles.
Lors du deuxième son de cloche, j’assistai pour la première fois à l’appel des élèves pour le passage en classe supérieure, Inutile de vous dire que je n’ai pas entendu mon nom résonner. Je devenais un redoublant, je méritais sûrement cette sentence car mème si inconsciemment mes grandes oreilles étaient attentives aux les paroles de la maîtresse rien ne voulait vraiment germer en moi !
À l’écrit je dois bien le reconnaître je ne faisais pas beaucoup d’efforts, mon travail comme vous l’avez compris restait désespérément ailleurs!
Me voilà donc de retour à la place qui m’était assignée, je retrouvais avec un certain plaisir le banc ciré par mes fesses l’année précédente, et près de moi une tête bien connue qui devenait naturellement plus lourde, par contre l’horizon se dégageait et je disposais désormais d’une vue imprenable sur le tableau noir!
Mon occupation restait la même je la possédais par cœur, il me suffisait de subvenir à tous les gestes courants d’une seconde vie!
Je me fixais pourtant l’objectif d’une bonne année scolaire.
J’apprenais dans mon coin et tout me paraissait simple, la meneuse d’enfants pour autant ne me faisait pas de cadeau. Face à ses yeux vitreux je représentais toujours l’esclave et surtout le bourricot!
Ainsi l’année passa-t-elle, rien ne me laissa entrevoir une quelconque amélioration j’étais voué à ce triste sort.
Peu importe, je devais avancer malgré les brimades et le poids de mon fardeau. Didier, malade mentalement et physiquement vomissait abondamment de la bile, face à cette nouvelle situation j’éprouvais une certaine honte vis-à-vis de mes petits camarades et je m’efforçais de leur cacher cette nouvelle catastrophe, j’essayais de tout anticiper je maîtrisais ma fonction de soignant parfaitement!
Il rentrait parfois dans des colères monstres, se mordait le poignet, je le calmais aussi rapidement que je le pouvais, en ces temps reculés les neuroleptiques hélas n’existaient pas encore.
Le troisième son de cloche fut semblable au deuxième et aboutit la même sanction. Figé, je ne bougeais plus du rang, je triplais ainsi le cours préparatoire sans comprendre la décision qui avait été prise par la bande d’instituteurs qui arpentait la cour dans des allers retours incessants !
J’ai fini par posséder la teneur des cours sur le bout des doigts, j’aurais je vous l’avoue pu remplacer l’an-saignante psychorigide !….Ne cherchez pas, je n’ai pas fait de faute, mon for intérieur se révoltait et il était en droit de le faire n’est-ce pas?
J’ai donc encore rejoint mon petit bureau qui devenait de plus en plus petit, boulet au pied! Maurice demeurait l’enfant nécessaire à Didier plus que jamais. On ne pouvait envisager de le scolariser sans moi, d’ailleurs dans un sursaut d’intelligence il avait dit : « Je ne veux pas aller à l’école sans Maurice ! ».
J’ouvre une petite parenthèse pour vous dire que je n’avais pas de devoirs à faire le soir en rentrant à la maison, je pouvais donc me concentrer sur un rôle qui m’était entièrement assigné.
Mon père dès que j’arrivais à la ferme après ma rude journée me disait d’aller détacher les vaches pour les garder, ce que je faisais avec plaisir, j’ai toujours adoré les animaux. Eh bien, savez-vous ce qu’il se passait ?
Mon fidèle frère était à mes côtés pour m’aider !
Les cloches mènent au clocher des églises. Le jour béni de la communion solennelle le curé de Capdenac-le-Haut m’a dit clairement: «Maurice il faudra que tu parles deux fois plus fort que les autres communiants pour que le seigneur puisse entendre la voix de ton frère !
Bien plus tard il m’avouera avoir été en admiration devant ma petite personne à qui il reconnaissait un sacrifice sans limite.
Il m’a confié ces mots ! « Toi, Maurice, tu rencontreras le Christ ! ».
Depuis je me demande avec une grande anxiété ce que je vais bien pouvoir lui dire!
Mais ne nous égarons pas comme des brebis, et revenons aux deux cloches ou ânons de cette histoire.
Cette troisième année au cours préparatoire la plus longue pour moi, je la dois sûrement en partie à une des rares phrases raisonnées de Didier, qui pouvait laisser penser qu’il allait peut-être refaire un jour surface.
À la remarque « Tu as renversé l’encrier sur le bureau, ce n’est pas bien, vilain !», il a répondu : « Ce n’est pas grave, on dira que c’est l’imbécile qui a fait ça ! ».
Ma taille devenait à mes yeux très encombrante, je grandissais très vite, trop vite !…Je toisais facilement deux têtes de plus que les petits bonhommes assis devant moi, un sentiment de honte m’envahissait mais j’étais impuissant face à cette fatalité voulue par l’infâme mégère, qui continuait à me brider, que dis-je à m’enterrer dans un cynisme savamment orchestré!
L’année harassante passa ainsi, je portais une croix de plus en plus blessante sur mes frêles épaules, j’étais confronté de plus en plus aux coups bas des enfants dans la cour je vivais en enfer.
Au quatrième son de cloche, je suis sorti enfin du rang pour connaître le cours élémentaire première année dans un soulagement total, mon frère allait à nouveau s’asseoir près de moi au fond de la classe, on ne change pas les habitudes qui fonctionnent aussi rapidement!
L’instituteur m’est apparu comme un dangereux psychopathe, les coups de règle pleuvaient sur les petites têtes!
Rien n’avait changé dans mon rôle je me rendais toujours à l’école le ventre serré, je refusais intérieurement ces conditions anormales, je ressentais de plus en plus la fatigue, je souhaitais mourir.
Reconnu malade après une analyse sanguine, j’ai été hospitalisé au milieu de l’année scolaire. Chaque jour pendant plusieurs semaines dans une clinique j’ai tendu le bras pour des transfusions, je me suis remis lentement enfin seul et libéré d’un monde très cruel.
Puis est venu le temps de ma convalescence, mes parents ont enfin compris qu’ils devaient me protéger de mon frère.
J’étais en train de reprendre goût à la vie quand une gentille assistante sociale de Capdenac a insisté auprès de ma mère pour me placer dans un centre héliomarin à Biarritz.
Hélas, sans le savoir, j’allais à nouveau remettre mes pieds dans l’enfer des hommes !
Mais cela relève d’une autre aventure beaucoup plus dure et surtout effrayante !

La maîtresse d’école psychorigide! 275E96C1-F479-4A44-8D4E-8867943090F8.png
 
42A85550-7F17-4D17-B22B-A43E99AAAA7C.jpeg Le début de ma vie, au bord du Lot au port de la Madeleine.

Version définitive !

Je vais essayer de vous brosser en quelques lignes un tableau de ce que fut mon début de vie au port de la Madeleine en bordure du Lot dans les années cinquante et cela, même si vous n’en avez rien à faire !
Cela n’a rien avoir avec la Madeleine de Proust pour vous aiguiller ainsi nous gagnerons du temps !
Pour ceux qui par hasard ne me lisent pas et qui tombent sur ces lignes, guidés par je ne sais quel instinct je vais vous résumer l’histoire de ce lieu qui comme l’écriture qu’enfante mon crayon ne paie pas de mine, mais qui par magie sait dévoiler son âme à celui qui tente de s’y intéresser.
Le port fluvial a en effet été le témoin privilégié de nombreux passages depuis l’Antiquité.
Des Romains au temps de la Guerre des Gaules jusqu’à moi l’eau pourrait nous chanter tout ce que son miroir a pu absorber puis refléter pendant ces longs siècles.
C’est pour vous éviter une démarche compliquée vers cet élément limpide qui n’aura pas forcément envie de vous livrer ses secrets, que je vais en bon riverain qui se respecte vous rapporter ces mots.
La voie romaine débouchait au pied du débarcadère, ce fut donc un passage obligé pour tous les illustres personnages qui voyageaient, et contrairement à ce que l’on pense nos aïeux passaient beaucoup de temps sur les chemins caillouteux de France et de Navarre.
Cela me conduit inévitablement à commencer par le premier que relate les livres d’histoire en pays d’Olt.
Je veux parler du célèbre et futur Henry IV roi de Navarre. Nous étions-vous n’allez pas me croire en période agitée et notre bon roi Henri ne traîna pas longtemps dans les parages. On raconte cependant qu’il s’arrêta un moment au passage pour se reposer et sûrement pour déguster une bonne poule au pot. Cette dernière précision, vous la devez à votre serviteur qui par moments, a un peu d’imagination.
Puis, par ordre chronologique ce fut au tour de Louis XI qui avait entendu parler des fameux miracles de Rocamadour. L’histoire ne nous dit pas si, face à sa majesté la Vierge noire a exaucé ses demandes ce jour là. Pour les plus férus qui souhaitent approfondir ce pèlerinage royal, je donnerai des renseignements plus précis sur cette journée exceptionnelle.
Ce fut ensuite le tour de Louis XIII en compagnie de Richelieu. Les notables de la région s’en furent l’accueillir rapporte le responsable de la Dépêche du midi de l’époque, au port de la Madeleine. C’est là que les discours de bienvenue furent prononcés, il ne fallait pas froisser les clans, Religieux et bourgeois du pays étaient tous là vous vous en doutez !
L’un d’entre-eux, un nommé Paillasse, remarqua que Richelieu lorgnait longuement en direction de la place forte d’Uxellodunum. Dès lors, la décision de désarmer la place fut prise !
Les pauvres habitants de Capdenac-le-Haut ont dû obstruer la fontaine de Jules César.
Une brave centenaire, au début des années soixante, nous disait : "Le Roi a dormi chez vous". Même si je n’ai pu malgré mes recherches confirmer ses dires, il plane quand même une certaine certitude à ce sujet.
Son départ du port fut un triomphe une double haie d’honneur jusqu’à Figeac était présente, avec des «Vives le Roi retentissants qui gravèrent de leur empreinte les roches les plus dures du Quercy.
Mais je m’égare. Revenons au vingtième siècle au début des années cinquante retrouver le port à peu près tél que comme nous le connaissons aujourd’hui.
Je suis le quatrième enfant de la famille un robuste.
Nous sommes en 1958 j’ai six ans, je vis avec mes pauvres parents et mes trois frères dans une annexe de la bâtisse principale datant du 15 août 1668, sobre. Il s’agit de l’ancienne écurie du relais des diligences, elle a été transformée sommairement et composée de deux chambres et d’une cuisine.
Nous dormons à quatre dans le même lit !
Eh oui, il faut savoir partager savamment l’étroitesse du lieu et ma foi en période hivernale une agréable chaleur humaine est toujours appréciable!.
Nous disposons, pour vous dire que nous ne sommes quand même pas en situation de pauvreté extrême du chauffage central, il s’agit d’un vieux poêle à bois placé au centre de la maison!.
L’eau abondante nous allons la chercher au puits dans un seau de dix litres, je me souviens de sa chaîne qui se déroulait rapidement durant sa descente, la remontée à la manivelle était beaucoup plus laborieuse !
Dix litres du précieux liquide à tout faire qui au bout de mes minces phalanges déséquilibraient l’ensemble de mon corps surtout quand au dernier instant, il fallait hisser l’ensemble hors de la cavité sombre à l’écho lugubre.
Bien plus tard, vers la fin des années soixante nous nous sommes raccordés au réseau communal pour faire comme tout le monde, bien plus pratique. Ce grand pas vers la modernité nous a conduits inévitablement vers l’eau paiera !
Les commodités se trouvaient au coin de la basse-cour. près de la fosse à purin derrière la grange. Une porte en bois ajourée nous protégeait des regards indiscrets, quelques pages de vieux journaux bien pratiques étaient accrochés là en permanence, elles nous permettaient d’avoir accès aux anciennes nouvelles. En période hivernale le froid saisissait mes tendres fesses ; l’été, une multitude de mouches voletaient autour du trou béant aux effluves très caractéristiques, et parfois l’une d’entre elles s’aventurait au point d’explorer ma plus tendre intimité en me chatouillant !
À portée de main se trouvait le gros bâton à fureter. J’adorais engager cet objet sanitaire dans le cavité qui au bout d’un moment se retrouvait obstruée par les excréments mélangés au feuilles lettrées en décomposition. J’enfonçais alors, à plusieurs reprises, le gros manche dans des ploufs et des plafs irrésistibles ! Comme par miracle le magma allait se loger dans l’abysse à lisier, libérant pour un long moment l’endroit béni dédié au grand soulagement.
Ma mère en grande courageuse, n’hésitait pas à braver toutes les conditions climatiques : une fois par semaine, munie de sa planche en bois inclinée, elle l’avait le linge et, et grâce à un bloc de savon de Marseille, nantie de gestes ancestraux calculés, savonnait puis frottait nos précieux vêtements les frappait en cadence pour enfin les rincer avant des les essorer. Une brouette en bois bien pratique attendait patiemment le précieux chargement. Suis-je l’inventeur de la multi-traction ?
La remontée n’était pas des plus aisées, même si avec le temps une trace indiquait la voie à suivre absolument.
Je me souviens de l’avoir aidée,en me mettant derrière elle, et en la poussant avec toute la force de ma faiblesse !
Ma grand mère paternelle habitait la maison de maître attenante à la notre c’était la patronne des lieux, elle savait nous le faire comprendre, elle était cependant gentille avec nous tout en jonglant avec son caractère étrangement espiègle.
Une grande cheminée trônait à ses pieds deux tisons de bois qui se touchaient à peine lui permettaient de se chauffer, une grande marmite contenant de la soupe était continuellement accrochée sur l’âtre flamboyant!...et elle jetait de temps en temps à l’intérieur de cette réserve parfumée tout ce qui lui tombait sous la main !
C’était une rude à cuire, comme on n’en voit plus, ou peu de nos jours. Elle passa le terrible mois de février 1958 où les températures oscillèrent entre moins quinze et moins vingt -six degrés toute la lune, la porte de sa cuisine s’ouvrait sur une très grande pièce au sol cimenté récemment victime de la modernité ambiante du moment. Elle avait trouvé ce moyen ingénieux pour éviter que la fumée n’ envahisse la pièce.
La nuit venue elle montait à l’étage où elle avait sa chambre, munie d’un galet de la rivière qui s’était réchauffé lentement sous la rare cendre, en effet pour éviter la surconsommation de bois en dehors de la cuisson. Elle avait une technique infaillible !
L’astuce tenait dans l’ art de positionner les bûches qui tête à tête se touchaient à peine !
Mais elle aussi fut victime du progrès qui commençait à germer dans nos campagnes, avec l’arrivée du gaz au début des années soixante. Elle me lança :"tu vois comme c’est pratique le gaz, Maurice, une allumette et hop, c’est de suite chaud, et surtout la nourriture n’a plus goût à fumée !".
Je me souviens de l’avoir souvent entendue dire en patois : « ce soir j’ai trois plats au dîner, la soupe, chabrot et au lit ».
Elle était néanmoins une grande cuisinière elle avait à son actif plusieurs années de restaurant, une toute petite affaire à l’entrée du pont nommée aujourd’hui Belle Rive.
Eh oui, il faut souvent, vous le savez commencer avec peu de moyens.
Mon grand-père était pêcheur d’eau douce professionnel, il louait une concession entre les deux chaussées du Lot construites pour le rendre navigable. Il allait vendre sa pêche à Figeac, où les restaurateurs lui faisaient bon accueil !…Perches, tanches, cabots, anguilles, carpes, gardons, et autres remplissaient sa charrette.
Marceline au restaurant les préparait et elle roulait souvent ses clients dans la farine comme les poissons qu’elle leur servait !
Le client se faisait souvent rouler dans la farine par cet espiègle personnage !
" Elle est excellente votre truite madame !"
En réalité il dégustait sans le savoir un bon cabot fraîchement pêché !
C’était la maîtresse de la basse cour, elle seule s’arrogeait le droit de gérer la volaille de la ferme !
Elle nous conviait à un bon repas à condition qu’on lui capture l’animal désigné par son doigt.
Inutile de vous dire que la bête n’avait aucune possibilité de nous échapper, le ventre creux favorise l’agilité !
La volaille aussitôt attrapée, elle la saignait en nous demandant de la tenir par les pattes, et on voyait la victime se vider de son sang dans une lente agonie.
Sang, qui était récupéré dans une assiette creuse où un savant mélange de persil et d’ail entre-autres allait permettre de concocter une excellente sanguette dont elle avait le secret !
L’eau bouillante était déjà prête elle plongeait alors la défunte bestiole à l’intérieur du récipient fumant et commençait à la plumer.
Une petite demi-heure après s’épanouissaient des parfums aux effluves divines, à faire frissonner les narines les plus délicates, et qui exaltaient mes sens conquis pour toujours !.
Savait-elle lire ?…De toute évidence, pour moi elle faisait semblant !
Elle marmonnait en remuant la tête de droite à gauche, sans jamais prendre le journal à l’envers. Cependant , il y avait déjà quelques images !
Née, en 1888, je suppose qu’elle n’était pas allée à l’école. Les enfants des fermes et les filles en particulier avaient des occupations bien plus importantes aux yeux de leurs parents car le travail autour de la ferme primait avant tout, ce n’était pas le moment de s’asseoir sur un banc face à un tableau noir !
Cela ne l’empêchait pas d’avoir l’intelligence vive, elle se moquait ouvertement de ma grand-mère maternelle en l’imitant dans sa gestuelle, et sa répartie était très aiguisée. Le frère de mon père professeur fut le meilleur élève du lycée Champollion.
Les parents de ma mère logeaient dans la maison du mendiant. Inutile de vous dire que le confort était cruellement absent.
Leurs toilettes se trouvaient au-dessus de la rivière, une construction digne d’un poilu de la première guerre. Ils nourrissaient ainsi la faune et la flore environnantes !
Mais peu importait, ils étaient près de leur fille, la misère les avait accompagnés toute leur triste vie. On s’habitue à tout, n’est-ce pas ?
Mon grand-père légionnaire nous racontait ce que fut pour lui et ses camarades le calvaire de la guerre 14 18.
Nous avions d’ailleurs souvent droit aux mêmes épisodes, mais qu’importe nous buvions ses paroles, et à six ans les horreurs qui succèdent aux horreurs se ressemblent toutes.
La pauvreté nous entourait, il faut bien le reconnaître cependant on ne pouvait pas dire que l’on était parmi les plus malheureux du pays.
De temps en temps les journaliers passaient nous voir, et pour un maigre repas ou un morceau de pain nous aidaient au travail de la ferme toute la journée.
Ma mère avait le cœur sur la main, un jour elle a préparé une couche de fortune mais confortable pour Carnus le miséreux qui dormait habituellement sur une paillasse.
Il avait deux phrases fétiches dites en patois:
Aquò rai çò qui mingi tot que hèi vente
« Peu importe ce que l’on mange!....Tout fait pour ventre ! ».
Que mingi quan n'i a, quan n'i a pas be me'n passi !.
Ou, « je mange quand il y en a, quand il n’y en a pas je m’en passe ! ».
Pour moi ces deux phrases m’ont aidé à avancer dans mon existence chaotique.
Le lendemain ma mère lui demande : « vous avez bien dormi Carnus ?».
Traduit du patois…-« Com un président ! ».
-« Comme un président !».
 
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