Nous avons magnifié la langueur de nos sens
La bruine tombe sur les ardoises de notre borde,
les oiseaux se sont tus
au psaume du matin,
ô ma Douce,
le vin de l’automne, s’écoule, monotone,
mais qu’importe, car cette nuit nous avons magnifié encore
la langueur de nos sens,
lors de la brûlure de nos joutes d’Eros.
Je vivais seule voilà peu
parmi les arbres et les bocages du Maine,
loin de toute bourgade,
quand tu m’es apparue, ivre de fatigue,
un matin de mai,
ma naïade de Lesbos,
dans ta robe de lin
et pourvue de bagages,
la scansion de tes escarpins
égrenait la fontaine du silence,
je te conduisis
sans mot dire dans ma chambre,
je te désignai ma couche
où tu t’endormis bientôt,
je m’assis près de toi, et pris ta main qui pendait
le long de ton corps.
A ton réveil, tu me souris, et à même
l’aile d’un baiser sur mes lèvres
je connus la Grâce infinie de l’amour,
puis tu me possédas des heures durant,
ô ma Fée de délicatesse,
jusqu’aux rives de la Jouissance,
depuis lors nous partageons les orgues de la Féminité
si belle et si douce !
Sophie Rivière