Notre maison résonne encore des sanglots de mes ruts

[rivière]

Notre maison résonne encore des sanglots de mes ruts​

Ô ma Maîtresse, mon amante, ma Sirène,
je t’apporte chaque jour, dès l’aube, en mes mains tremblantes
des brassées de lys et de violettes blanches,
ces fleurs que j’ai cueillies​

parmi la prée, parmi les sentes des forêts,
adossée contre les beffrois de l’horizon,
contre l’océan de notre Amour. Notre maison résonne encore
des sanglots de mes gémissements,​

de mes soupirs, et de mes ruts,
les feuillages s’écartent en plis de rideaux
à la scansion de mes escarpins dès que je parais,
les oiselles me fêtent parmi les arbres, et les solstices des zéniths,​

les heures glissent dessus les champs et les vallons,
les dentelles du brouillard s’insinuent entre l’odeur fraîche des feuilles,
mais seul m’importe l’apaisement momentané de mon Désir.
J’adore tout de Toi, la magnificence première de tes traits,​

la virginité de tes iris d’azur, le marquisat de tes aisselles,
le continent de ta Chair de grâce,
la double amphore de tes hanches,
ma micro-robe transparente de soie, et l’ébène de ma chevelure​

se parsèment de lumière maintenant,
et ondulent sous les psaumes du souffle.
Le Soleil s’incline alors que j’effleure les roses,
les sources et les fleuves énoncent​

languissamment mon prénom de sagesse,
les étoiles, les montagnes, et les plaines
chantent les orgues de ma Fourrure-pétale.
Tu es bonheur et Tendresse, je te Vénère,​

je pleure lors de tes absences,
je vais dans notre armoire, et je respire tes habits,
mes bras languissants se serrent, et cherchent la lueur de ta Vénusté.
Je te veux pour toujours à mes côtés,​

sur le baldaquin des mousses, sur notre lit nuptial,
magnifie la sublimité de mes seins, étreins-moi,
dorénavant, reste, crucifie-moi de volupté,
je ne te bramerai qu’un mot : -encore !​

Sophie Rivière​

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