Curieuse femme aux dons multiples
Prostituée, aviatrice, espionne
Dont la vie fut un tel périple
Qu'aujourd'hui, encore, elle étonne
Drôle de dame, douée, certes
Qui parlait la langue d'Hugo
Aussi bien que la langue verte
Surnommée : "La Veuve qui clôt"
Issue de famille modeste
Sa mère est simple domestique
Mais a très souvent la main leste
Ainsi que son père alcoolique
En mil huit cent quatre-vingt-treize
Marthe qui vient d'avoir quatre ans
Doit apprendre sa catéchèse
Pour être une excellente enfant
Lors, elle devient couturière
Comme l'était sa sœur aînée
Puis, pour l'amour d'un militaire
Elle fugue quelques années
Mais le griveton l'abandonne
Quand un sculpteur la prend en main
Quelques portraits, il lui façonne
Puis il l'expédie au tapin
Alors elle vit un enfer
De cinquante passes par jour
Dans un claque pour militaire
Sans jamais rencontrer l'amour
Au bout d'un an Marthe s'esbigne
Et fait le trottoir à Paname
Lorsqu'un jour un monsieur très digne
Lui demande d'être sa femme
Ce monsieur est un milliardaire
Spécialisé dans l'aviation
Le mariage ne peut se faire
Qu'à une seule condition
Marthe veut séance tenante
Apprendre à piloter un "zingue"
Et le magnat dans cette attente
Se plie à cette lubie dingue
Nous sommes en mil neuf cent-treize
Et pour piloter un coucou
On ne se sent très à l'aise
Mais Marthe a attrapé le coup
On la surnomme "L'Alouette"
Et puis un beau jour, patatras !
La pauvre se blesse et végète
Trois semaines dans le coma
À son réveil la pauvre gosse
Sent son riche prince charmant
L'emporter célébrer leurs noces
Dans son beau cabriolet blanc
De sa jeunesse tumultueuse
Elle fait alors table rase
Après être respectueuse
Elle est respectable bourgeoise
Le vingt-cinq mai mil neuf cent-seize
Marthe devient veuve de guerre
Et bien que cela lui déplaise
Elle retourne à ses galères
D'aventures en aventures
Elle se retrouve embauchée
Par les gens de la préfecture
De police, pour espionner
Ses missions sont parfois très troubles
Elle espionne amis, ennemis
Elle devient un agent double
Et fréquente Mata-Hari
On arrête son responsable
Puis on le passe par les armes
La veuve est envoyée au diable
Sans préavis, sécher ses larmes
En avril mil neuf cent-vingt-six
Marthe reconquiert un mari
Qui deux années plus tard, en Suisse
Meurt d'une crise d'urémie
Mais le mort, avant qu'il ne parte
Eut comme aimable courtoisie
De léguer à sa chère Marthe
Une rente annuelle à vie
Elle s'installe à Bougival
Et mène une vie tapageuse
Ses amis d'un ton amical
L'appellent la "Veuve Joyeuse"
Marthe bien que quadragénaire
Écrit et publie ses "Mémoires"
Son ouvrage est un best-seller
Et le cinéma s'en empare
La veuve devient la maîtresse
D'Édouard Herriot, le sénateur
Qui pour le prix de ses largesses
Lui obtient la Légion d'honneur
Au cours de la seconde guerre
Elle côtoie des "maffiosi"
Mais on l'absout quand elle adhère
Sournoisement aux F.F.I.
Marthe, héroïne des deux guerres
Se présente aux municipales
Lors, elle est élue conseillère
À Paris, près de l'Arsenal
À l'Assemblée, elle propose
À ses collègues, de chasser
Les maquereaux des "Maison close"
Et repêcher les prostituées
En mil neuf cent quarante-six
Au gouvernement, la loi passe
Les bordels ferment leurs services
Quand s'ouvrent les hôtels de passe
À partir des années cinquante
Marthe se sent mise au placard
Alors pour renaître, elle invente
Un tome deux à ses "Mémoires"
Mais, les révélations, les arcanes
Évoquées dans ce tome deux
La font passer pour mythomane
Auprès des historiens sérieux
"Ce ne sont que fanfaronnades !"
Écrit l'un dans le Crapouillot
"Ce ne sont que des galéjades !"
S'écrie un autre à la radio
La pauvre fait des conférences
Afin de taire les cancans
Elle débat partout en France
Jusques aux "Dossiers de l'écran"
Puis elle passe à autre chose
Elle fonde un prix littéraire
Axé sur d'érotiques proses
Où seule notre veuve adhère
En mil neuf cent soixante-treize
Elle rédige un tome trois
De ses mémorables fadaises
Que le public n'achète pas
Neuf ans plus tard, nonagénaire
Avec le vent pour oraison
La veuve ferme les paupières
Comme elle avait clos les maisons
Prostituée, aviatrice, espionne
Dont la vie fut un tel périple
Qu'aujourd'hui, encore, elle étonne
Drôle de dame, douée, certes
Qui parlait la langue d'Hugo
Aussi bien que la langue verte
Surnommée : "La Veuve qui clôt"
Issue de famille modeste
Sa mère est simple domestique
Mais a très souvent la main leste
Ainsi que son père alcoolique
En mil huit cent quatre-vingt-treize
Marthe qui vient d'avoir quatre ans
Doit apprendre sa catéchèse
Pour être une excellente enfant
Lors, elle devient couturière
Comme l'était sa sœur aînée
Puis, pour l'amour d'un militaire
Elle fugue quelques années
Mais le griveton l'abandonne
Quand un sculpteur la prend en main
Quelques portraits, il lui façonne
Puis il l'expédie au tapin
Alors elle vit un enfer
De cinquante passes par jour
Dans un claque pour militaire
Sans jamais rencontrer l'amour
Au bout d'un an Marthe s'esbigne
Et fait le trottoir à Paname
Lorsqu'un jour un monsieur très digne
Lui demande d'être sa femme
Ce monsieur est un milliardaire
Spécialisé dans l'aviation
Le mariage ne peut se faire
Qu'à une seule condition
Marthe veut séance tenante
Apprendre à piloter un "zingue"
Et le magnat dans cette attente
Se plie à cette lubie dingue
Nous sommes en mil neuf cent-treize
Et pour piloter un coucou
On ne se sent très à l'aise
Mais Marthe a attrapé le coup
On la surnomme "L'Alouette"
Et puis un beau jour, patatras !
La pauvre se blesse et végète
Trois semaines dans le coma
À son réveil la pauvre gosse
Sent son riche prince charmant
L'emporter célébrer leurs noces
Dans son beau cabriolet blanc
De sa jeunesse tumultueuse
Elle fait alors table rase
Après être respectueuse
Elle est respectable bourgeoise
Le vingt-cinq mai mil neuf cent-seize
Marthe devient veuve de guerre
Et bien que cela lui déplaise
Elle retourne à ses galères
D'aventures en aventures
Elle se retrouve embauchée
Par les gens de la préfecture
De police, pour espionner
Ses missions sont parfois très troubles
Elle espionne amis, ennemis
Elle devient un agent double
Et fréquente Mata-Hari
On arrête son responsable
Puis on le passe par les armes
La veuve est envoyée au diable
Sans préavis, sécher ses larmes
En avril mil neuf cent-vingt-six
Marthe reconquiert un mari
Qui deux années plus tard, en Suisse
Meurt d'une crise d'urémie
Mais le mort, avant qu'il ne parte
Eut comme aimable courtoisie
De léguer à sa chère Marthe
Une rente annuelle à vie
Elle s'installe à Bougival
Et mène une vie tapageuse
Ses amis d'un ton amical
L'appellent la "Veuve Joyeuse"
Marthe bien que quadragénaire
Écrit et publie ses "Mémoires"
Son ouvrage est un best-seller
Et le cinéma s'en empare
La veuve devient la maîtresse
D'Édouard Herriot, le sénateur
Qui pour le prix de ses largesses
Lui obtient la Légion d'honneur
Au cours de la seconde guerre
Elle côtoie des "maffiosi"
Mais on l'absout quand elle adhère
Sournoisement aux F.F.I.
Marthe, héroïne des deux guerres
Se présente aux municipales
Lors, elle est élue conseillère
À Paris, près de l'Arsenal
À l'Assemblée, elle propose
À ses collègues, de chasser
Les maquereaux des "Maison close"
Et repêcher les prostituées
En mil neuf cent quarante-six
Au gouvernement, la loi passe
Les bordels ferment leurs services
Quand s'ouvrent les hôtels de passe
À partir des années cinquante
Marthe se sent mise au placard
Alors pour renaître, elle invente
Un tome deux à ses "Mémoires"
Mais, les révélations, les arcanes
Évoquées dans ce tome deux
La font passer pour mythomane
Auprès des historiens sérieux
"Ce ne sont que fanfaronnades !"
Écrit l'un dans le Crapouillot
"Ce ne sont que des galéjades !"
S'écrie un autre à la radio
La pauvre fait des conférences
Afin de taire les cancans
Elle débat partout en France
Jusques aux "Dossiers de l'écran"
Puis elle passe à autre chose
Elle fonde un prix littéraire
Axé sur d'érotiques proses
Où seule notre veuve adhère
En mil neuf cent soixante-treize
Elle rédige un tome trois
De ses mémorables fadaises
Que le public n'achète pas
Neuf ans plus tard, nonagénaire
Avec le vent pour oraison
La veuve ferme les paupières
Comme elle avait clos les maisons
Pièces jointes
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