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Ma colo, ma Drayère

Eléâzar

Maître Poète
#1
C’est un bâtiment lourd aux pierres apparentes
Confié aux Armées et plus tard aux douaniers
Dont les missions n’eurent peu de sources parentes
Qui ne fut pas ceint de plantureux bananiers

La bâtisse restée longtemps sans âme vive
Fut rachetée par les curés de Saint Ferjeux
Un quartier bisontin pariant que revive
L’abandonnée par des prières et des jeux

Des chansons en canon chantées avant la soupe
Des déjeuners et du dernier repas du soir
Assez légers pour que supporte tout le groupe
Des petits la nuit dans leurs lits venue s’asseoir

Les séminaristes passent dans les allées
Avec autour du cou l’enfant mort qui endort
La joie et le cafard, les monts et les vallées
Traversés par des cœurs fragiles tissés d’or

Cachés aux riches qui croient que le pauvre gosse
N’a pas de matière à ronger qu’un ongle long
Alors qu’il ne voit pas la grosseur de sa bosse

Qui l’empêche d’aller nicher avec l’aiglon
Surplombant la vallée pareille à cette fosse
Qui l’ensevelira lui aussi ah la rosse !