L’HUMUS
J’hume la mort qui me
Taquine. Dernier parti :
Un oncle de Lisieux.
Mon ex en fin de vie,
Coincée en maladie,
Me dit à mots couverts
Sa peine et son souci
De partir au désert.
Je suis fille de France,
Dit-elle en soupirant,
Leurs âmes sont en errance,
La mienne est à l’encan.
C’est fou comme on engraisse,
Qu’on enlaidit, en vrai,
La tête qui s’affaisse
Et le corps désancré.
Elle me dit, elle me dit…
Ses mots sont des oiseaux
Dont le vol alourdi
M’arrache des sanglots.
Moi, je suis sur le quai,
Mais pour combien de temps ?
Un printemps, deux étés ?
Qui le sait, qui le sent ?
Aussi j’écris des vers
Tissés au fil des jours,
Et l’Ankou à l’envers
Soudain se fait moins lourd,
Soudain se fait lointain,
Toute une éternité,
Sans plus de lendemain,
Pour me faire exister.
Les bourgeons au printemps
Me feront oublier
Ces feuilles rouge-sang
Arrachées, suppliciées.
Tant pis si on s’en va.
Tout ce qu’on a vécu,
Un enfant le lira
Dans le chant de la rue.
Au bout des émotions,
Et jusqu’au terminus,
De sa génération
Nous en serons l’humus.
J’hume la mort qui me
Taquine. Dernier parti :
Un oncle de Lisieux.
Mon ex en fin de vie,
Coincée en maladie,
Me dit à mots couverts
Sa peine et son souci
De partir au désert.
Je suis fille de France,
Dit-elle en soupirant,
Leurs âmes sont en errance,
La mienne est à l’encan.
C’est fou comme on engraisse,
Qu’on enlaidit, en vrai,
La tête qui s’affaisse
Et le corps désancré.
Elle me dit, elle me dit…
Ses mots sont des oiseaux
Dont le vol alourdi
M’arrache des sanglots.
Moi, je suis sur le quai,
Mais pour combien de temps ?
Un printemps, deux étés ?
Qui le sait, qui le sent ?
Aussi j’écris des vers
Tissés au fil des jours,
Et l’Ankou à l’envers
Soudain se fait moins lourd,
Soudain se fait lointain,
Toute une éternité,
Sans plus de lendemain,
Pour me faire exister.
Les bourgeons au printemps
Me feront oublier
Ces feuilles rouge-sang
Arrachées, suppliciées.
Tant pis si on s’en va.
Tout ce qu’on a vécu,
Un enfant le lira
Dans le chant de la rue.
Au bout des émotions,
Et jusqu’au terminus,
De sa génération
Nous en serons l’humus.