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Les miaous du port de la Madeleine récit définitif.

#1
Les miaous, du port de la Madeleine!
Presque définitif !

Avant de clôturer cette petite série sur mes amis à quatre pattes, et parler naturellement des poids lourds de la ferme, je ne pouvais pas écarter de mes récits les animaux sûrement les plus incroyables par leur intelligence.
Les petits félins naissaient la plupart du temps sans que l’on puisse les localiser. Les mères très malignes avaient compris depuis longtemps que la discrétion absolue favorisait la reproduction de l’espèce.
Aussi on pouvait difficilement approcher une portée dès sa venue au monde! La plupart du temps on apercevait les petites créatures alors qu’elles étaient presque sevrées. Il s’agissait de chats communs du type européen aux qualités très redoutables, vous pouvez me croire, même si je n’ai plus à vous convaincre de ma bonne foi, nous nous connaissons maintenant depuis suffisamment longtemps ! Les rats entre autres quelle que soit leur taille se méfiaient d’eux! Il n’était pas rare que l’on trouve des dépouilles aussi grosses que le prédateur ronronnant qui leur avait donné la mort!
Le silo à grains fournissait aux nombreux rongeurs une abondante nourriture ainsi que les grains de blé stockés dans la maison du mendiant. Les spécimens à très forte corpulence n’étaient donc pas rares!
Les matous régnaient en vrais chasseurs, ils n’étaient pas du style à jouer avec les souris. Combien de fois je les ai vus littéralement gober leur proie largement enfoncée dans leur gorge! La pauvre victime étouffée remuait désespérément ses petites pattes arrière, un peu comme si elle voulait écourter sa lente agonie !
L’heure de la traite pour les pattes de velours était la bienvenue, une gamelle traînait toujours dans un coin de l’étable, et mon père sacrifiait un peu du précieux liquide blanc contenu dans le seau à traire. Par dizaines, n’écoutant que leur faim, les félins à moitié sauvages se jetaient goulûment sur cet excellent breuvage!
C’est à ce moment précis qu’il n’était pas rare d’apercevoir un rongeur équilibriste en balade sur le rebord supérieur du râtelier!
Le faisait-il exprès pour les narguer, je ne le pense pas, la troupe des poilus était bien trop occupée pour l’apercevoir.
Nous vivions en compagnie de ces répugnantes bestioles à poil ras sans avoir la possibilité de nous en débarrasser !
Le poison était un danger pour les chats, en effet, ils pouvaient en consommant leur proie s’empoisonner et mourir dans d’atroces souffrances.
La solution se trouvait donc dans cette proximité, qui crée finalement un équilibre naturel entre la population féline et les nuisibles.
Le bord du Lot où nous avions l’habitude de jeter les déchets biologiques, était également propice à cette prolifération exponentielle.
Parfois, une crue soudaine pouvait éliminer une partie de ces nichées.
Mais une montée progressive de la rivière au contraire était nocive à nouveau à notre environnement, les rats quittaient alors leur trou et se réfugiaient dans les greniers!
Alors que mon frère avait invité pour quelques jours un correspondant, le lendemain matin ma mère toujours soucieuse du confort des personnes qu’elle recevait, posa cette question :« Vous avez bien dormi?». «J’ai mis un moment à trouver le sommeil, j’entendais des pas au plafond !».
Sa réponse fut très claire :«Ah ! Je vois, il s’agit des chats qui jouent aux équilibristes sur les poutres la nuit!».
Je ne sais pas si elle a réussi à le convaincre, mais il ne nous a plus parlé de ce phénomène à la limite du paranormal durant son séjour.
Revenons si vous le voulez bien, à nos amis les greffiers. Alors qu’une portée venait de naître, une voisine nous a rendu visite et nous a demandé si nous pouvions lui garder un chaton, et presque au même moment une cousine de Faycelles a formulé la même demande.
Évidemment le préposé aux chats du port de la Madeleine était votre écrivaillon !
Cela ne me posait aucun problème après quelques échanges avec ma mère l’affaire était en marche !
Déjà me direz-vous !
La tâche allait être facile, la mère des petits était ma minette préférée une magnifique et pure Isabelle à poils longs !
Elle était docile c’était la seule que l’on autorisait à se promener à l’intérieur de la maison.
Chez Marceline ma grand-mère certains chats osaient parfois s’aventurer la porte étant toujours ouverte, mais le grand balai en paille se trouvait à portée de sa main, et inutile de vous dire que les allers-retours étaient plus que précipités. Une poule osait parfois franchir le seuil, mais il était très rare qu’elle ressorte vivante, donc l’instinct animal de survie primait sur toutes les gourmandises convoitées !
Mon ancêtre je n’en avais aucun doute à l’époque était à l’origine de la cocotte minute !
Chez elle, la fameuse dose de rappel n’existait pas!
Pour l’ensemble de la volaille cette fermière était impitoyable!
J’avais baptisé l’adorable génitrice Zabelou, ce fut le cas pour toutes les Isabelle à poil long que j’ai connues par la suite.
À l’exception après réflexion, d’une qui je dois vous l’avouer, avait une tête et un corps jusque là rien d’anormal, mais dont l’anatomie se prolongeait par deux jambes !
Revenons à nos moutons ! Non, que me faites-vous dire ! A nos chatons !
Je dois vous dire qu’à leur vue sur le coup j’ai été péniblement déçu, la Belle avait enfanté uniquement des petites boules noires !
Quel était donc le chat qui l’avait séduite ?
Mais vous l’avez tous entendu une fois : des goûts et les couleurs on ne doit pas discuter!
Après cette courte désillusion, j’ai fini par choisir deux bébés au hasard, en espérant qu’ils fassent bien l’affaire.
Les semaines se succédèrent assez rapidement, et les deux rejetons passaient presque autant de temps avec moi qu’avec leur mère qui m’en laissait la garde entre parenthèses bien volontiers.
Sachant que je devrais un jour m’en séparer, je les avais surnommé mes deux petits, semblables à deux agates noires à poils longs, leurs yeux étaient étrangement bleu ciel.
L’éducation à la Maurice ne tarda pas à se mettre en place, bien plus originale et rigolote que celle de leur maman, qui ne manquait pas de les remettre à leur place quand ils l’agaçaient en leur assénant un sévère coup de patte!
J’avais décrété qu’ils seraient définitivement sevrés et éduqués à l’âge de quatre mois, et qu’il m’était impossible d’imaginer que je les donnerais à leur futur propriétaire avant cette date limite.
Je les autorisais à m’accompagner quand j’allais pêcher sur la rivière, ils ont pris alors rapidement conscience que le lait maternel n’était pas la seule gourmandise qu’ils pouvaient convoiter. Ils profitaient d’une agréable promenade sur mon petit navire, tout en dégustant une partie de mes plus petites prises.
Leur mère de son côté finissait l’apprentissage en leur apportant toutes sortes de bestioles amusantes et remuantes, souvent comestibles.
Lorsque nous allions lancer l’épervier à l’étang la grande armada était alors en déplacement derrière la cheftaine arborant en guise de drapeau son uniforme à trois couleurs.
Il y avait des alevins en prévision à dévorer pour la petite troupe de soldats.
Le signal en début de matinée avait été clair. Dans un grand chaudron, nous préparions de quoi appâter la petite surface d’eau que nous appelions le trou du sable, où vers minuit le filet fermement lancé pour qu’il épouse une forme la plus ronde possible se refermerait sur
la pêche en train d’apprécier notre savant mélange.
Il s’agissait d’un cocktail de pomme de terre, blé, maïs, mie de pain, menthe sauvage et d’ingrédients relevant subtilement l’ensemble. Sur le brasier la marmite dégageait des senteurs sauvages qui se répandaient sous la forme de grappe parfumée tout autour de la propriété. Vous pensiez peut-être que j’allais vous donner la recette complète du petit pêcheur d’eau douce, eh bien non! Vous n’aurez pas son temps de cuisson ! Les félins étaient prévenus, la soirée allait être frugale et mes deux très jeunes amis allaient connaître leur premier festin.
Je faisais d’eux ce que je voulais, je les mettais dans une petite bouilloire sans qu’ils bougent, sur mes épaules, mais leur plus grand plaisir ils le trouvaient en jouant aux funambules sur la bordure à bâbord et à tribord de la barque.
Un jour et c’est là que je voulais vous embarquer mine de rien, sans vouloir pour autant vous mener en bateau, un jour, disais-je, alors que pour une fois j’avais oublié de les prévenir et que j’étais à une centaine de mètres du rivage, je les ai entendus miauler près du quai avec insistance!
Que faire ?
La solution ils l’ont trouvée eux-mêmes et c’est là que ma petite histoire prend un petit air pimenté, ou du relief si vous préférez.
Voyant que j’étais indifférent à leurs appels désespérés, ils se sont mis à l’eau et m’ont rejoint à la nage!
Je n’en revenais pas, j’étais en train d’assister à une scène incroyable, nous étions à la mi-août, il est vrai, mais quand même le spectacle paraissait irréel un peu comme les apparitions qui avaient eu lieu ce jour-là partout dans le monde et depuis plusieurs siècles.
Les voyant arriver sans encombre, j’ai accueilli ces créatures à la physionomie surprenante de deux avortons mouillés comme des rats ! ils avaient préféré cette situation peu commune dans le cadre de leur espèce plutôt que de s’ennuyer…comment ?…Je vous laisse réfléchir une seconde !…Eh oui !…Comme des rats morts!
Et deux minets qui se morfondent seuls croyez-moi, c’est vraiment pathétique à observer! Maintenant ne m’accusez pas de vous avoir tendu ma canne à pêche pour vous faire comprendre en détail ce que j’ai vécu ce jour-là !
Les nageurs, dans cette traversée stressante, avaient perdu la moitié de leur volume, j’ai salué bien entendu leur initiative héroïque! Nous avons ensuite comme à notre habitude taquiné le gardon, le goujon, la perche, ou le soleil.
Il a bien fallu que l’on se sépare, les semaines passent trop vite au gré des uns, trop lentement au gré des autres, mais elles perdent toute consistance lorsqu’on est un petit bonhomme très heureux! Arriva fatalement le jour des grands au revoir et j’ai dû tenir à contrecœur mon engagement. Une boule ronde est partie sur l’autre berge à cent mètres du lieu où elle avait ouvert pour la première fois les yeux. Heureusement j’ai obtenu l’autorisation d’aller lui rendre visite quand je le souhaitais. Quand il m’apercevait il ne manquait pas l’occasion de venir se frotter en ronronnant contre ma jambe. Il a eu une vie heureuse car très choyé, il est mort
à un âge très respectable dans sa dix septième année. Sa sœur a eu presque le même parcours chez ma cousine de Faycelles, à la différence près que nous l’avons récupérée alors qu’il venait d’avoir seize ans. Elle a fini son existence près de son ami le le gentil dresseur et de sa mère à la patte agile Baronne du port de la Madeleine.
Elle nous a quittés à l’âge de dix huit ans, avant Zabelou que j’ai aperçue très affaiblie pour la dernière fois, alors qu’elle allait avoir vingt et un ans. Elle se trouvait dans la grange aux naissances et c’est là que lui ai fait un dernier câlin.
Je pense qu’elle est allée mourir dans un coin de la ferme, je n’ai jamais retrouvé son corps au pelage tricolore. CE58A476-62DD-4FDA-A744-2FB7343A9D57.jpeg