Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web.
Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons que vous en êtes satisfait.

  • Visiteur, merci de ne pas poster plus de 5 poèmes par jour. Ceci dans le but d'améliorer la visibilité du site.

LES DERNIERES CHRONIQUES DU CAFE RAGOTIN

LLUMIERELIVE

Maîtresse des concours
Membre du personnel
#1
Les dernières chroniques du Café Ragotin

café 2 de campagne.jpg

Chapitre 6



Vous souvenez-vous de ce petit café au fin fond de la France profonde ? De ces joyeux drilles accoudés au comptoir ? Un petit bistrot de village où les potins allaient bon train…
Malheureusement les nouvelles ne sont ni bonnes ni réjouissantes…

Les patrons du zinc, Jules et Albertine Ragotin ont été très affectés par le premier confinage, confination, comme vous voudrez…l’Albertoche a choppé une de ces dépressions carabinées! Elle ne s’en est hélas jamais remise…
Les premiers jours de cette incarcération à domicile, elle est restée au pieu, les yeux fixes et grands ouverts, la mâchoire pendante…Puis en plein milieu d’une nuit, Jules a entendu un remue ménage du tonnerre…La Ragotin faisait le ménage à fond dans le bistrot, tirant les tables, poussant les chaises, récurant à quatre pattes le carrelage, astiquant les verres, les bouteilles, les tasses, les sous tasses… Une fois terminé elle recommençait…Et ce petit manège a duré des semaines entières…Elle remplissait des verres, les vidaient, les lavaient, les essuyait et rebelote sans dix de der…
Alarmé, Jules a fait venir le toubib qui a diagnostiqué un pétage de plomb dans le ciboulot… « Faut surtout pas la contrarier, laissez-la faire ça lui passera ! »
Puis le déconfinage de la mi mai est arrivé mais Dame Ragotin était dans un tel piteux état qu’il n’était pas question de songer à la réouverture de l’établissement !
Ils se sont tout de même décidés à le rouvrir pour le refermer deux jours après, dû au confinement bis, l’Albertine n’a pas pu supporter ce bis, craignant le ter.
C’est avec tristesse que nous vous apprenons son décès, non pas par le Covid mais par un zigouillage des cervicales.
Un beau matin, alors que le Jules descendait dans sa cave pour se décrocher un bout de sauciflard il a découvert sa moitié accrochée à un suspensoir parmi les jambons…Les jambes pantelantes, les yeux vitreux, la langue pendante.
Après avoir fait main basse sur le bistrot la municipalité à pris un dividende pour placer le Jules dans un EPADH où il a croupi dans sa pisse, complètement gâteux et baveux jusqu’au jour où de force on a voulu lui injecter le vaccin…Fou furieux il s’est jeté sur l’infirmière retournant la seringue contre elle, la piquant dans la jugulaire avant de lui enfiler dans le gosier plusieurs flacons de Pfizer. La pauvre est morte sur le coup. Voyez y a pas que l’Astrazenecca qui risque…
On a enfilé à Jules une camisole de force et expédié dar dar dans un hosto psychiatrique incarcéral. On n’a plus aucune nouvelle de lui.

Le Marcel a du subir son aigre moitié …Plus question pour lui de s’arroser le gosier…Cure de désintox forcée…Au bout de quelques mois de sevrage et confinage, le Marcel continuait de lorgner du coin de l’œil le bistrot aux volets clos, espérant bien y retrouver ses copains un jour ou l’autre…et boire juste un petit coup…
Apprenant les déboires du Jules et de l’Albertine il a été envahi par une crise de dépression anxiogène de dangerosité fort inquiétante. Il a perdu 20 kg sans régime « comme j’aime » en l’espace d’une semaine. Il tenait plus sur ses fumerons, ne s’alimentait plus. Il s’est éteint en début d’année après absorption à sec de tous ses anti dépresseurs …Ses dernières paroles : « tout ça, ça vaut pas un bon coup de cidre ».
Sa femme a quitté le village et s’est installée chez sa fille, dans la grande ville.

Philomène aussi a filé un mauvais coton…Après une cuite mémorable due à son insuccès, elle ne buvait plus que des tisanes !
Elle avait troqué ses aiguilles à tricoter et ses éternels ouvrages, pulls, caches- nez et tout le toutim contre une idée d’artisanat…Elle s’était mise en tête de fabriquer des masques et de les vendre…Ce fut la Bérézina ! Evidement ses masque réalisés au crochet lui valu la risée de tout le village…Donc après cette déconvenue mordante et cuisante, elle a fait la razzia dans ses placards et mélangé vodka/gin/whisky/cognac/rhum/picrate et j’en passe et des meilleurs, bref un de ces cocktail molotov pire que de la nitro glycérine qui lui a valu une vidange d’intestin intempestive et pestilentielle sans parler du dégueuli de tripes et boyaux, rate, foie et poumons…Bref, la Mémène s’était jurée ainsi qu’ au bon Dieu et à tous ses saints de ne plus avaler que de l’eau aromatisée à la camomille, tilleul, thym et serpolet…Elle composait elle-même ses mixtures et allait ramasser « ses » herbes personnellement !
Hélas, on ne s’invente pas herboriste sans formation et cueilleuse de champignons !
Malencontreusement elle avait voulu se faire une omelette aux cèpes qu’elle avait confondus avec des amanites phalloïdes.
On l’a retrouvé trois semaines après, complètement desséchée et parcheminée…Elle n’avait pas que cassé des œufs mais aussi sa pipe…


Le Savant était resté égal à lui-même, bon pied bon œil. Il ne cessait pas de prodiguer ses points de vue sur la pandémie, le gouvernement, la médecine à tous ceux qui voulaient bien l’entendre (ou à qui faisaient semblant), donnant des conseils sur la manière de se préserver, de se moucher, de se vêtir, de se coucher, de se laver…
Lorsqu’il apprit que la mairie s’était appropriée le Café Ragotin (à vrai dire, il s’agissait d’une bâtisse municipale) il est devenu cramoisi de rage, vermillon de fureur…Arborant son gilet jaune, il s’est campé au beau milieu de l’unique rond point du village, scandant des slogans menaçants et hurlant des chants révolutionnaires, armé de pieds en cape de pétards du 14 juillet. « Touchez pas à mon troquet sans quoi je fais tout sauter ! »
Les forces de l’ordre ont accouru avec les renforts de la police municipale.
Un jeune recru a par erreur déchargé son flingue, crevant un œil au Savant, un autre bleuzaille lui a acéré des coups de rangers dans l’estogome et les parties coucouillonales, un autre l’a frappé à coup de barre de fer sur la caboche. Résultat final : une bouillie sanglante, un amalgame de tripes fumantes et de cervelle éclatée. Feu du Savant, ne restait que sa grande carcasse devenue muette pour l’éternité.

Quant au Totor et au Louis, ils n’avaient guère changé et continuaient à se voir en catimini pour s’humecter le gosier …Picoler en solitaire c’est pas marrant, vaut mieux trinquer avec un copain et échanger ainsi les microbes si toutefois ils en avaient… « Quand y en a un pour un y en a pour deux ! Comme ça pas de jaloux ! »
Un jour qui n’était pas fait comme un autre, Totor se bagnaudait tranquillos à travers le village…Il aperçu le Louis sur le trottoir d’en face, il traversa sans faire gaffe…Le Louis qui l’avait également aperçu fit de même. Malheureusement un gros cul dont les freins lançaient des signaux de faiblesse n’a pu les éviter et les a écrasés comme deux grosses bouses. Des relents de gas oil et d’alcool ont longtemps perduré sur le lieu de l’accident.

Vous vous demandez sans doute ce qui est advenu du Café Ragotin…C’est une permanence de la France en Marche…Il est évident que certains travaux ont du être effectués par les services municipaux, notamment l’arasement des trois marches donnant accès à l’établissement. En effet, vaut mieux tomber de bas que de haut.
Dorénavant, en traversant ce petit village de la France profonde, votre regard ne manquera pas d’être attiré par les effigies du plus haut dignitaire de la Macronie.



NB : faire disparaitre les « héros » de cette chronique ne m’a pas été facile, tant je me suis fendue la poire…J’espère qu’il en sera de même pour vous !

Bon, il ne me reste plus qu’ à créer de nouveaux personnages, d’autres lieux car l’actualité ne manque pas de piquant …

 

kinkin

Maître Poète
#3
Il s'en passe au bar et dire que les femmes sont des commères bravo Mumu pour ses brèves de comptoir amicalement Kinkin
 

Polymnie2

Maître Poète
#6
Il faut bien que les langues se délient
Les commères ne perdent pas leur temps
qui n'est pas con trop laid!

Merci à toi, bises, Poly