Les chaloupes des cyprès tanguent au gré du souffle

[rivière]

Les chaloupes des cyprès tanguent au gré du souffle​

Tu vas dormir bientôt, en robe de nudité, comme moi,
ô ma Sirène, mon amante,
dessus l’ivoire de notre divan, dans notre chambre,
tes paupières mi-closes se ferment,​

les chaloupes des cyprès et des chênes tanguent
au gré du souffle, derrière la vitre de notre maison,
la prée scintille à la lueur des lucioles et des cierges de lune,
les lys agonisent, je contemple dans l’ivresse du silence​

que rompt par à-coups non loin de moi, l’onde d’un ru,
ta longue chevelure d’ébène qui pend à la vergue de ton corps.
Tu es Splendeur et Magnificence,
toi qui m’as conduite cette nuit, à maintes reprises,​

dans des râles d’amour jusqu’à l’archipel de la Jouissance,
les cendres des heures s’écoulent, je soupire, fiévreuse,
avide de sensualité, mes seins inapaisés te réclament,
profane encore avec tes baisers sublimes,​

dans tes bras glorieux, la pureté de ma Grâce,
magnifie la double amphore de mes hanches,
et l’empire de ma Fourrure-pétales.
Les étoiles brillent toujours, et écrivent des larmes d’or​

sur les solives du zénith,
je te revois dans notre bourg,
je cheminais, dans la margelle du matin, triste, et seule,
depuis que ma compagne m’avait délaissée voilà quelque temps,​

tu m’es apparue, transparente de Vénusté, nimbée de chasteté,
parmi l’émeraude des arbres, et des folioles,
et les évêchés de Lumière, à ta vue, ô ma Déesse,
mon âme a bondi de joie, je me suis agenouillée,​

puis émue, transportée de liesse, je t’ai déclaré ma flamme,
et j’ai attendu, tremblante, la rose de ta réponse,
tu as acquiescé, tu m’as prise par la main,
tu m’as guidée vers ton logis​

où j’ai redécouvert les lais de la Passion et de la tendresse.
Je n’en peux plus de t’attendre, à ton réveil,
je te posséderai, mon Unique, ma Vie,
et tu seras Mienne à jamais, je le Veux !​

Sophie Rivière​

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