Le premier client du credit agricole
Mon père fut le premier client de l’agence de Figeac au début des années cinquante.
Vous n’imaginez pas tous les avantages que peut nous offrir le système financier.
Un chéquier à la main permet de se lancer dans des transactions rapides et efficaces sans avoir à trimballer sur soi des sommes astronomiques, avec tous les risques qui sont liés à ce type d’échange pour le moins aventureux. C’était bien entendu avec le crédit que l’on pouvait obtenir le dernier cri de la technologie moderne. Ce fut un des arguments que le banquier avança pour convaincre les premiers clients de l’agence !…Et même les seconds paraît-il !
Mon père rencontra son voisin Fernand peu de temps après et lui indiqua le processus à suivre pour obtenir le miraculeux chéquier qu’il tenait en main.
Après quelques hésitations quand même, notre brave paysan passa la porte du coffre -fort.
Inutile de vous dire que le système ingénieux des rendez-vous n’existait pas encore!
Reçu avec toute la courtoisie due à son rang, empreinte indélébile de ce temps révolu, suivirent quelques sages paroles. Il obtint sans difficulté le droit d’utiliser à sa guise le fameux carnet aux nombreux feuillets.
Et sans se préoccuper de savoir si son compte avait suffisamment de provisions, notre Fernand se lança dans des dépenses inconsidérées.
Il ne tarda pas à recevoir une convocation par courrier lui indiquant qu’il était attendu d’urgence au guichet. Le banquier avait quelque chose d’important à lui communiquer.
Il attela donc la charrette à sa jument grise, s’habilla du dimanche et se rendit à ce rendez-vous en se demandant tout le long du chemin ce que voulait lui dire ce brave homme cravaté.
Voici le dialogue rapporté par un journaliste du coin:
« Bonjour Monsieur»
« Bonjour »
« Je vous ai convoqué car votre compte accuse un solde débiteur très important !»
« Un qué?»…« Un quoi?»
«Vous n’avez pas l’argent que vous dépensez à tour de bras depuis plus d’un mois!»
«Ah compreni mas es pas grèu! Qué aquò tenga pas!…Per reglar aquel problèma dichas ieu çò que devi! Vos vau far un chèc !»
«Ah je comprends mais ce n’est pas grave!…que cela ne ne tienne!…
Pour régler ce problème dites -moi ce que je dois! Je vais vous faire un chèque !»
C’est ainsi que nous avons fait nos premiers pas dans l’ère moderne qui nous a grandement simplifié la vie n’est-ce pas?
Pas de doute, vu le logo ils avaient bien l’intention de se faire du blé sur le dos des paysans sans jamais leur lâcher la grappe! Hi trois coups
Mon père fut le premier client de l’agence de Figeac au début des années cinquante.
Vous n’imaginez pas tous les avantages que peut nous offrir le système financier.
Un chéquier à la main permet de se lancer dans des transactions rapides et efficaces sans avoir à trimballer sur soi des sommes astronomiques, avec tous les risques qui sont liés à ce type d’échange pour le moins aventureux. C’était bien entendu avec le crédit que l’on pouvait obtenir le dernier cri de la technologie moderne. Ce fut un des arguments que le banquier avança pour convaincre les premiers clients de l’agence !…Et même les seconds paraît-il !
Mon père rencontra son voisin Fernand peu de temps après et lui indiqua le processus à suivre pour obtenir le miraculeux chéquier qu’il tenait en main.
Après quelques hésitations quand même, notre brave paysan passa la porte du coffre -fort.
Inutile de vous dire que le système ingénieux des rendez-vous n’existait pas encore!
Reçu avec toute la courtoisie due à son rang, empreinte indélébile de ce temps révolu, suivirent quelques sages paroles. Il obtint sans difficulté le droit d’utiliser à sa guise le fameux carnet aux nombreux feuillets.
Et sans se préoccuper de savoir si son compte avait suffisamment de provisions, notre Fernand se lança dans des dépenses inconsidérées.
Il ne tarda pas à recevoir une convocation par courrier lui indiquant qu’il était attendu d’urgence au guichet. Le banquier avait quelque chose d’important à lui communiquer.
Il attela donc la charrette à sa jument grise, s’habilla du dimanche et se rendit à ce rendez-vous en se demandant tout le long du chemin ce que voulait lui dire ce brave homme cravaté.
Voici le dialogue rapporté par un journaliste du coin:
« Bonjour Monsieur»
« Bonjour »
« Je vous ai convoqué car votre compte accuse un solde débiteur très important !»
« Un qué?»…« Un quoi?»
«Vous n’avez pas l’argent que vous dépensez à tour de bras depuis plus d’un mois!»
«Ah compreni mas es pas grèu! Qué aquò tenga pas!…Per reglar aquel problèma dichas ieu çò que devi! Vos vau far un chèc !»
«Ah je comprends mais ce n’est pas grave!…que cela ne ne tienne!…
Pour régler ce problème dites -moi ce que je dois! Je vais vous faire un chèque !»
C’est ainsi que nous avons fait nos premiers pas dans l’ère moderne qui nous a grandement simplifié la vie n’est-ce pas?
Pas de doute, vu le logo ils avaient bien l’intention de se faire du blé sur le dos des paysans sans jamais leur lâcher la grappe! Hi trois coups
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