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Le marquis de Sade revisité (1740-1814)

Filiatus

Maître Poète
#1
Ce jour, ma page d'écriture
Concerne un fol individu
"Le plus connu des gens obscurs"
"Le plus obscur des gens connus"

J'ai dit "fol", car presque funeste
Cet athée, joyeux libertin
Vante meurtre, viol et inceste
Sous les traits d'un vrai écrivain

Le deux juin mil sept cent quarante
Donatien sans faire de bruit
Avec une jouissance lente
Ouvre ses deux yeux à la vie

Il passe sa première enfance
Auprès de Bourbon Louis Joseph
Enfant d'un maréchal de France
Son cousin par Pépin le Bref

À dix ans, il est au collège
Louis Le Grand séant à Paris
Et noble, il a le privilège
D'étudier le théâtre aussi

À quinze ans, il devient cornette
Dans un corps de chevau-légers
Puis à seize, ou bien à dix-sept
Il est aspirant-officier

Il devient bientôt capitaine
Cavalier de grande valeur
Et dans ses relations mondaines
Il serait plutôt cavaleur

Il fait tellement de conquêtes
Dépense tellement d'argent
Qu'un jour, pour éponger ses dettes
On doit le marier urgemment

Vite, il reprend ses turlutaines
Avec d'anciennes relations
Recommençant ses jeux obscènes
Dans une petite maison

Son épouse qui est enceinte
Folle de rage et de dégoût
Contre son mari porte plainte
Et le fait envoyer au trou

Après une année sabbatique
Au fond de sa sombre prison
Il recommence ses pratiques
Parfois même avec des garçons

Il engrosse, puis dédommage
Ses amourettes inconnues
Des outrances et des outrages
Avec de l'argent qu'il n'a plus

Car son père qui vient de mourir
Laisse une dette colossale
Ce qui va de nouveau conduire
Son fils unique au tribunal

Donatien retourne en cellule
Pour deux ou trois longues années
Et nonobstant sa particule
Il est limogé de l'armée

En mil sept cent soixante-douze
Enfin libre, il quitte Paris
Et s'installe avec son épouse
Dans son château dans le Midi

Là-bas il s'adonne au théâtre
Il écrit, produit, fait l'acteur
Et sur la scène près de l'âtre
Il flirte avec sa belle-sœur

Sa pauvre femme ne proteste
Ce n'est pas par manque d'envie
Mais elle aime tant cette peste
Qu'elle est prête à gâcher sa vie

Le "Divin marquis" persévère
Et poursuit ses viles passions
Avec des donzelles légères
Qu'il excite avec des potions

Jusqu'à ce qu'une soit malade
Et s'épanche auprès du bailli
Aussitôt c'est la débandade
Donatien fuit en Italie

Accusé par Louis le Quinzième
De crime d'empoisonnement
De sodomie et de blasphème
On le juge immédiatement

La justice à mort, le condamne
Par contumace, j'imagine
Tandis que notre nymphomane
Drague de belles transalpines

Hélas, le tombeur se fait prendre
Et se fait jeter en prison
Sa femme accourt et, sans attendre
Organise son évasion

Le couple s'enfuit en Espagne
Et, dès que tombe la tension
La France, en cachette, regagne
Son château dans le Luberon

Mais notre homme est incorrigible
Il a tant le feu au derrière
Que cette fois-ci, c'est horrible
Il mutile ses partenaires

La police enfin le rattrape
Et le met aux fers, à Paris
La peine de mort qui le frappe
Est commuée en prison à vie

Pendant ces années d'infortune
Il occupe son temps à lire
Et l'observation de la lune
Lui attriste ses souvenirs

En quatre-vingt-un, son épouse
Lui rend visite tendrement
Donatien d'une rage jalouse
Se fait tout à coup menaçant

Il en fait son souffre-douleur
Et se met à frapper les gens
Si bien que la marquise en pleurs
Va se retirer au couvent

On l'expédie à la Bastille
Et là, pris d'hallucinations
Sur la muraille, il voit des filles
Dans d'érotiques positions

Il en écrit deux ou trois livres
Que les gens s'arrachent sous cape
Ce qui lui permet de survivre
À la stupéfaction du Pape

Puis il crie et tant s'égosille
Qu'on le transfère chez les fous
Douze jours après, la Bastille
N'est plus qu'un gros tas de cailloux

En mil sept cent quatre-vingt-dix
Sur un ordre de la Nation
Entouré de ses deux grands fils
Enfin il quitte Charenton

Il vient d'avoir la cinquantaine
Et maintenant souffre d'arthrite
S'il a pris un peu de bedaine
Il est surtout beaucoup presbyte

Il veut renouer avec sa femme
Mais cette dernière excédée
De sa conduite trop infâme
Par la justice est divorcée

Alors il se met en ménage
Avec une nommée Charlotte
Mais le vieux marquis reste sage
Devant sa jeune sans-culotte

Bien que la vie lui semble fade
Il adhère à la Convention
Se faisant appeler Louis Sade
Pour devenir chef de section

Mais l'aventure se termine
Quand Robespierre se radine
Car promis à la guillotine
Notre vieux marquis se débine

Quand Robespierre perd la tête
Quand la Terreur change de camp
Donatien sort de sa cachette
Pour éditer dix-huit romans

D'abord huit volumes d'"Aline"
Et puis huit volumes de plus
Nommés "La Nouvelle Justine
Ou les Malheurs de la Vertu"

Le "Divin marquis", sous l'Empire
Croit pouvoir vivre de son art
Mais avec l'Empereur, c'est pire
Il déteste cet égrillard

Donatien, une fois encore
Se retrouve entre quatre murs
Il hurle de rage, si fort
Qu'on le sent pour l'asile mûr

Aussi en juin mil huit cent-quatre
Il réintègre Charenton
Où il va mourir acariâtre
Sept ans avant Napoléon
 

Cortisone

Maître Poète
#2
Ce jour, ma page d'écriture
Concerne un fol individu
"Le plus connu des gens obscurs"
"Le plus obscur des gens connus"

J'ai dit "fol", car presque funeste
Cet athée, joyeux libertin
Vante meurtre, viol et inceste
Sous les traits d'un vrai écrivain

Le deux juin mil sept cent quarante
Donatien sans faire de bruit
Avec une jouissance lente
Ouvre ses deux yeux à la vie

Il passe sa première enfance
Auprès de Bourbon Louis Joseph
Enfant d'un maréchal de France
Son cousin par Pépin le Bref

À dix ans, il est au collège
Louis Le Grand séant à Paris
Et noble, il a le privilège
D'étudier le théâtre aussi

À quinze ans, il devient cornette
Dans un corps de chevau-légers
Puis à seize, ou bien à dix-sept
Il est aspirant-officier

Il devient bientôt capitaine
Cavalier de grande valeur
Et dans ses relations mondaines
Il serait plutôt cavaleur

Il fait tellement de conquêtes
Dépense tellement d'argent
Qu'un jour, pour éponger ses dettes
On doit le marier urgemment

Vite, il reprend ses turlutaines
Avec d'anciennes relations
Recommençant ses jeux obscènes
Dans une petite maison

Son épouse qui est enceinte
Folle de rage et de dégoût
Contre son mari porte plainte
Et le fait envoyer au trou

Après une année sabbatique
Au fond de sa sombre prison
Il recommence ses pratiques
Parfois même avec des garçons

Il engrosse, puis dédommage
Ses amourettes inconnues
Des outrances et des outrages
Avec de l'argent qu'il n'a plus

Car son père qui vient de mourir
Laisse une dette colossale
Ce qui va de nouveau conduire
Son fils unique au tribunal

Donatien retourne en cellule
Pour deux ou trois longues années
Et nonobstant sa particule
Il est limogé de l'armée

En mil sept cent soixante-douze
Enfin libre, il quitte Paris
Et s'installe avec son épouse
Dans son château dans le Midi

Là-bas il s'adonne au théâtre
Il écrit, produit, fait l'acteur
Et sur la scène près de l'âtre
Il flirte avec sa belle-sœur

Sa pauvre femme ne proteste
Ce n'est pas par manque d'envie
Mais elle aime tant cette peste
Qu'elle est prête à gâcher sa vie

Le "Divin marquis" persévère
Et poursuit ses viles passions
Avec des donzelles légères
Qu'il excite avec des potions

Jusqu'à ce qu'une soit malade
Et s'épanche auprès du bailli
Aussitôt c'est la débandade
Donatien fuit en Italie

Accusé par Louis le Quinzième
De crime d'empoisonnement
De sodomie et de blasphème
On le juge immédiatement

La justice à mort, le condamne
Par contumace, j'imagine
Tandis que notre nymphomane
Drague de belles transalpines

Hélas, le tombeur se fait prendre
Et se fait jeter en prison
Sa femme accourt et, sans attendre
Organise son évasion

Le couple s'enfuit en Espagne
Et, dès que tombe la tension
La France, en cachette, regagne
Son château dans le Luberon

Mais notre homme est incorrigible
Il a tant le feu au derrière
Que cette fois-ci, c'est horrible
Il mutile ses partenaires

La police enfin le rattrape
Et le met aux fers, à Paris
La peine de mort qui le frappe
Est commuée en prison à vie

Pendant ces années d'infortune
Il occupe son temps à lire
Et l'observation de la lune
Lui attriste ses souvenirs

En quatre-vingt-un, son épouse
Lui rend visite tendrement
Donatien d'une rage jalouse
Se fait tout à coup menaçant

Il en fait son souffre-douleur
Et se met à frapper les gens
Si bien que la marquise en pleurs
Va se retirer au couvent

On l'expédie à la Bastille
Et là, pris d'hallucinations
Sur la muraille, il voit des filles
Dans d'érotiques positions

Il en écrit deux ou trois livres
Que les gens s'arrachent sous cape
Ce qui lui permet de survivre
À la stupéfaction du Pape

Puis il crie et tant s'égosille
Qu'on le transfère chez les fous
Douze jours après, la Bastille
N'est plus qu'un gros tas de cailloux

En mil sept cent quatre-vingt-dix
Sur un ordre de la Nation
Entouré de ses deux grands fils
Enfin il quitte Charenton

Il vient d'avoir la cinquantaine
Et maintenant souffre d'arthrite
S'il a pris un peu de bedaine
Il est surtout beaucoup presbyte

Il veut renouer avec sa femme
Mais cette dernière excédée
De sa conduite trop infâme
Par la justice est divorcée

Alors il se met en ménage
Avec une nommée Charlotte
Mais le vieux marquis reste sage
Devant sa jeune sans-culotte

Bien que la vie lui semble fade
Il adhère à la Convention
Se faisant appeler Louis Sade
Pour devenir chef de section

Mais l'aventure se termine
Quand Robespierre se radine
Car promis à la guillotine
Notre vieux marquis se débine

Quand Robespierre perd la tête
Quand la Terreur change de camp
Donatien sort de sa cachette
Pour éditer dix-huit romans

D'abord huit volumes d'"Aline"
Et puis huit volumes de plus
Nommés "La Nouvelle Justine
Ou les Malheurs de la Vertu"

Le "Divin marquis", sous l'Empire
Croit pouvoir vivre de son art
Mais avec l'Empereur, c'est pire
Il déteste cet égrillard

Donatien, une fois encore
Se retrouve entre quatre murs
Il hurle de rage, si fort
Qu'on le sent pour l'asile mûr

Aussi en juin mil huit cent-quatre
Il réintègre Charenton
Où il va mourir acariâtre
Sept ans avant Napoléon
Bravo Filiatus.
J'ai vraiment apprécié ma lecture.
Encore beaucoup de recherches pour nous offrir la vie de ce marquis
Merci
Gaby
 

Polymnie2

Maître Poète
#3
Une vie extra ordinaire!
Incroyable, mais vraie
le doute s'installerait-Il?
devant tant de grilles devant lui?
En tout cas il doit écrire avec des vers "cent" pieds
pour attirer tant de gens à pieds!

Une idée lumineuse pour ce fol individu
qui nous mène gaîment sur du jamais vu!
Quel Pépin parmi tant de pépins????

Très réussi, et merci encore pour la patience
en belle poésie, amitiés, Poly
 
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