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Le Cours de Séduction

#1
Le Cours de Séduction

De la Rome d’Ovide aux amours stendhaliennes,
Les livres sont nombreux sur la séduction
Mais c’est Les Valeureux, du grand Albert Cohen
Qui m’a fourni, je crois, plus de précisions.


Que la séduction se fasse en un « éclair »
Ou plutôt qu’elle soit ample, « lente et soignée »
Chaque condition se doit d’être bien claire
Et je les veux ici chacune désigner :


Sachez par tout d’abord que leur nombre est de 7 :
La jeune femme, ainsi, « doit avoir un époux » ;
Il la faut « noble et vertueuse », un peu ascète ;
Il faut à chaque fois « un climat qui soit doux » ;


La dame aussi doit être en très « bonne santé »,
« Élégante » en morale et en habillement ;
Le séducteur doit, lui, avoir « un air qui plaît »
« Être de son milieu » ou jurer qu’il ne ment.


Ceci étant posé, vient le temps des « manœuvres » :
Celle des « goûts communs » mise sur le partage ;
La « moralité belle » offre mille couleuvres
Qu’avale une « amitié décente » et sans nuages ;


Quand la belle est ferrée : un coup de « mijotage »
Fondé sur une absence un peu trop prolongée
Et un retour subit dans ses proches parages
Pour la passer au « gril » et la faire plonger.


Dans Belle du Seigneur - de Cohen autre écrit -,
Le cours varie un peu, mais les effets sont mêmes
Qui mènent à l’amour éthéré, les « yeux frits »,
De la belle séduite à force de poèmes.


Là, les conditions se résument à 2 :
Celles de l’harmonie « physique et sociale ».
Les « manœuvres » y sont des « manèges » nombreux :
Onze en tout qui un peu vous tordent la morale.


La belle ici se trouve être alors avertie
De ce que l’« on s’apprête à la bientôt séduire »
Elle hausse les sourcils, se trouve divertie :
Le manège prend forme, je m’en vais le décrire.


Elle aime son mari : il faut le « démolir »
D’insinuations ou de rires féroces.
Puis la chose accomplie, faites-la un peu lire :
« Farce de poésie » où bat son cœur véloce.


Amollie par vos mots doucereux et mielleux,
Jouez-lui votre « farce du bel homme fort »
Et montrez le gorille et le lion fougueux
Qui sommeillent en vous en de badins efforts


La belle en sentira des rêveries d’étreintes
Que votre « cruauté » mentale et poétique
Tourneront en « amour religieux » et craintes
Tremblantes de désir obscur et romantique.


Laissez alors percer, sous la sauvagerie
De vos muscles roulant qu’elle voit sous la peau,
La vulnérabilité qui l’attendrira :
Jouez à l’orphelin : ce sera le pompon !


Elle prétextera un instinct maternel
Pour vous prendre à ses bras et éprouver ainsi
La dureté musclée d’un amant potentiel
Sans révéler le fond de ses pensées impies.


Sentant son cœur qui bat, rassurez-la un peu
En manifestant bien tout ce « mépris d’avance »
Que des femmes avez pendant qu’à votre peau
La chaleur et le sang attisent sa croyance.


Attendrie et piquée d’émotions soudaines
Prodiguez-lui « égards et nombreux compliments »
Tels qu’en faisait la Cour à toute souveraine
Et taillez tous vos mots comme des diamants


Quand la complimentée reçoit toutes vos fleurs
Distillez-lui aussi des « regards appuyés »
Qui des yeux la verront rayonner de couleurs
Et s’iront au bas-ventre aussi ramifier


Voyez comme soudain ondule son bassin !
C’est le moment de la « placer en concurrence » :
Portez quelques regards discrets mais assassins
Sur une autre égérie, le tout en sa présence.


La jalousie un peu lui déforme les traits ?
La « déclaration » effacera cela
Et chacun de vos mots, mièvres ou bien lettrés,
Emportera l’amour dedans ses entrelacs.


La belle alors pour vous ouvrira tout soudain
Tant son cœur que son compte ou les draps de son lit
Raflez tout, donnez tout ... toujours plus, jamais moins
Car à quoi bon la mort si lon na pas de vie ?


Aubépin des Ardrets
__________
Brouillon des derniers vers :
 
Dernière édition:
#3
oui comme c'est féministe mais Cohen n'était-il pas homo très amoureux de sa mère ?
nous pourrions dire de même des hommes manipulateurs qui sont moins fins ?
le poème vaut 4 cacahuètes car aujourd'hui j'en ai assez de faire le singe
j'ai lu tout ce pauvre cohen trop jeune et bien mièvre et catho Non ?
le livre de ma mère
nous savons toutes que pour un homme seule sa mère est une sainte et les autres sont des P...
je n'en reste pas moins votre amie seigneur car vous êtes un homme d'honneur, un peu cynique !
Vous avez 100 fois raison Agatha, mais ce qui me plaît chez Cohen, c'est la splendeur, le drolatique, la cataracte joyeuse, la profondeur et la brillante bouffonnerie du verbe : je ris à chaque fois que je le lis et je voulais, ainsi, lui rendre un maigre hommage qui, je l'espère, ne l'a pas trop défiguré ;-)
 
#4
mais tout ça n'est pas de notre monde
seulement de la basse cour des nobles
Non, même pas de la basse cour des nobles : il s'agit ni plus ni moins de ce que dénonce Cohen tout en l'admirant : l'amour éthéré, "chimiquement pur", tel que le présente la littérature, comme c'est le cas avec Tolstoï entre la Karénine et son Prince Vronski : toujours sensibles et beaux, jamais courbés de douleur à retenir leurs vents en se tortillant sur place pendant que l'un récite à l'autre le plus exquis des poèmes. Le cours de séduction donné par Mangeclous dans Les Valeureux est, sur ce point, d'une très grande drôlerie, de même que les remarques "criées" de son auditoire.
 
#7
Pour les lecteurs qui seraient plus intéressés par la verve d'Albert Cohen que par mes rimaillannonages, deux pages extraites de Les Valeureux, où il est question de la troisième "manœuvre de séduction, dite de l'amitié naissante et grandissante". Ce cours est donné par Mangeclous, dont la carte de visite est la suivante :

1617893520003.png

IMG_20210408_164316.jpg
 
#8
ah j'ai oublié je suis en train de vider mes livres dans les boîtes de Brive et ils ont du succès ils sont tout neufs et annotés depuis des siècles
oui le style d'abord
alors dites-lui que l'essentiel n'est pas de faire des choses extraordinaires mais de faire extraordinairement bien les choses ordinaires
oui c'est vrai que je l'ai lu pour ce style très pointu, acéré, morveux, drôle
il devait être maigre jaloux soigné tout en apparence je ne sais plus je ne sais rien
mére pourriez-vous dire à Claude de me passer la salière en argent ?
mais comment mon fils, le gigot manquerait-il de l'ingrédient ?
je vais gourmander cette gourgandine de cuisinière avec ses gros seins apparents !
voilà ça c'est moi la bitche la femelle du serre-joint !!!
Dieu me damne !
j'ai lavé mes pieds à Pâques comme Josef Delteil !
Merci, Agatha, pour vos commentaires tout aussi sincères que féroces ;-)
 
#9
Jésus​

Laissez venir à moi les grands fous​

Je suis vieux dit le pape tout papu​

Fou comme un homme​

Dans sa soutane de momie​

Fou de bon sens et de soleil​

Sous son armure de mort​

Maître fou en sagesse​

Prend le maquis de l’âme​

Il fit eau fieffé fessu​

Se lava pieds à Pâques​

Jésus II dans son velours des dimanches.​

1990​

D’après Joseph Delteil​

Carnet de lecture​
Merci, également, Agatha, pour vos commentaires nourrissants ;-)
 

zuc

Le chat noir
Membre du personnel
#11
comme tout chat je suis plutôt charmeur mais de bonhommie naturelle et pas du tout dragueur ce qui fait que je peux séduire sans m'en rendre compte, plaire et passer à côté du grand Amour ou d'une belle aventure d'un soir, "lol"
je vois que tu es lecteur passionné de Cohen que tu t'inspires là de ses écrits, j'aime bien ton poème mais j'espère que c'est du second degré ;)
:cool:
 
#15
comme tout chat je suis plutôt charmeur mais de bonhommie naturelle et pas du tout dragueur ce qui fait que je peux séduire sans m'en rendre compte, plaire et passer à côté du grand Amour ou d'une belle aventure d'un soir, "lol"
je vois que tu es lecteur passionné de Cohen que tu t'inspires là de ses écrits, j'aime bien ton poème mais j'espère que c'est du second degré ;)
:cool:
Oui, zuc, il s'agit d'une sorte d'hommage, la bouffonnerie de revers de la séduction en moins. Le cliché des deux pages montre bien, je crois, ce que pensait véritablement Albert Cohen de toutes les simagrées de l'amour et de la séduction ;-)
 
#17
"Et montrez le gorille et le lion fougueux
Qui sommeillent en vous en de badins efforts"



Oui, il y a indubitablement de cela dans la "séduction" à la Cohen : le postulat selon lequel la force du gorille impressionnera favorablement - dans un mélange d'effroi et d'attirance - la belle à séduire. C'est, comme j'en reprend l'expression dans mon modeste texte, ce que Cohen appelle la "farce du bel homme fort", prouvant ainsi que, pour lui, le jeu de la séduction n'est rien d'autre qu'un jeu de dupes ;-)