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#1

Lapwent

Alors qu’on entendait le Buffalo soldier
Du reggae de Marley qui vibrait dans les airs,
Je fus soudain saisi par cette foule noire,
Et d’un coup je compris un large pan d’histoire

Qu’illustrait le dessin de ces corps dans les cales,
Disposés un à un comme un goût de mains sales.
Mes aïeux sûrement y avaient pris leur part
Et voilà maintenant qu’ils happaient mon regard :

Des familles entières, comme moi en sueur,
Des mères et des pères, anxieux ou rieurs,
Dont les ronds blancs des yeux me paraissaient des salves.

Ma blancheur écarlate s’empourpra plus encore
Quand je réalisai qu’en cet aéroport
J’avais devant les yeux : les enfants des esclaves.

__________
Illustration : disposition de la « marchandise » humaine dans un navire de transport d'esclaves africains
Lapwent : désignation de Pointe-à-Pitre en créole
Buffalo soldier : pour l’écoute, cliquer
ici
 
#2
Intéressant ! Et porteur de questionnements. Devrions-nous endosser les "erreurs" de nos aïeux, s'en affliger, en avoir honte ?
Une pointe au cœur dans l'ère à "lapwent" du progrès : une ère de pitreries où l'on perd peu à peu l'essentiel et où l'esclavage – bien qu'aboli partout – est toujours présente dans les pays les plus fragiles.
Merci, Hayuna, pour votre lecture et ces réflexions.

Lorsque des aïeux ont commis des crimes, des violences, des injustices il est toujours bon de s'y confronter, surtout si, par le jeu des dynamiques et des inerties de l'histoire, les descendants des criminels demeurent toujours promis à de plus "radieuses" et "brillantes" (question de point de vue, j'en conviens) destinées que les descendants des victimes.

Dans le cas ici particulier de la Guadeloupe (mais cela vaut pour l'ensemble des Caraïbes et, plus généralement, pour l'ensemble du continent américain) le fameux commerce triangulaire prend "physiquement" corps sous ses propres yeux : les descendants de ces Africains déportés sont là, en vrai, et pas seulement dans les livres d'histoire ; et ils rendent autrement plus sensible et saisissant ce sinistre pan de l'histoire française que la délicate richesse de Bordeaux, les féminines et envoûtantes statues représentant les colonies au pied de l'escalier monumental de la gare Saint-Charles à Marseille*, ou les exquises mises en scène muséographiques du Quai Branly, par ex.)


Entre l'imaginaire et la réalité : "Colonies d'Afrique" à Marseille : chérubins apaisés, corne d'abondance et formes généreuses, promesse de délices, quiétude, sérénité, lascivité aussi ; à mille lieux des travaux forcés et des brimades rapportés par un André Gide ou de l'ambiance crépusculaire du Cœur des ténèbres de J. Konrad ou, même, du Congo de Tintin.
 
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