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Landru revisité (1869-1922)

#1
Pour ne pas rester anonymes
Dans l'abyssale éternité
Des hommes commettent des crimes
Sans faire la chose à moitié

Certains tuent un roi, une reine
Ou bien dépècent père et mère
D'autres tuent des gens par dizaines
Et les voilà au dictionnaire

Mais il est des tueurs d'autre espèce
Indifférents à l'avenir
Qui tuent avec délicatesse
Presque par amour, par plaisir

Et leurs noms sont aussi célèbres
Que les tueurs cités ci-dessus
Mais pour moi, pas un de ces zèbres
N'avait le talent de Landru

Henri-Désiré, je suppose
Était un enfant désiré
Car j'en devine un peu la cause
C'était un garçon, le premier

Julien Alexandre Sylvain
Sont les prénoms du paternel
Et Flore est le prénom divin
De la mère, née Henriquel

Les Landru habitent Paris
Rue Puebla, dans le dix-neuvième
C'est là que naît l'enfant chéri
Dans un genre de HLM

Sous la Troisième République
La tribu quitte le quartier
Et loue un logis idyllique
En pleine île de la Cité

Désiré fréquente l'école
Des Frères, rue Bretonvilliers
Ses parents même le cajolent
Pour en faire un jour un curé

Mais le gamin, lui se délecte
D'algèbre et racines carrées
Il voudrait être un architecte
Mais n'en a les capacités

Pour séduire une jeune fille
Il prétend être un intello
Il en obtient la peccadille
Un mariage et un marmot

De vingt-quatre à trente et un ans
Il change vingt fois de métiers
La naissance de quatre enfants
Met le couple en difficulté

Aussi pour toucher le pactole
Landru lance une souscription
Sur des bicycles à pétroles
Sortis de son imagination

Il touche une importante somme
Sous une identité d'emprunt
Déclenchant une chasse à l'homme
Qui bien sûr ne conduit à rien

Il poursuit ses escroqueries
Dissimulé sous de faux noms
Mais un jour la gendarmerie
L'arrête et l'envoie en prison

En mil neuf cent sept, il est libre
Et change son fusil d'épaule
Touchant la romantique fibre
Il entre dans un jeu de rôle

Après de fausses fiançailles
Avec une sotte, bien vraie
Landru prend la dot et se taille
Et jamais ne réapparaît

Mais la police le rattrape
Et l'emprisonne pour trois ans
Mais le barbu garde le cap
Car il manque encore d'argent

Bien vite il achète un garage
Qu'il revend immédiatement
Sans avoir donné un seul gage
Au propriétaire d'avant

Il est repéré assez vite
Mais la justice ne l'empoigne
Car notre escroc a pris la fuite
Sachant qu'il mérite le bagne

Pour s'octroyer des revenus
Il se fait beau comme un sous neuf
Courtisant quelques ingénues
Qui voient en lui un charmant veuf

Il les convie à un séjour
Dans une villa isolée
Qu'il a loué pour quelques jours.
À Chantilly, à Vernouillet

En cette fin des Années folles
Débute une guerre insensée
Les jeunes veuves se consolent
Dans le lit des bourgeois aisés

Jeanne Cuchet, une lingère
Une esseulée de trente-huit ans
Séduite par notre compère
Se fait voler tout son argent

Quand bientôt Jeanne le retrouve
Landru s'excuse en larmoyant
Et face au chagrin qu'il éprouve
Avec son fils de dix-sept ans

Elle s'installe à la campagne
Chez le barbu hospitalier
Lors, les deux naïfs sous sa poigne
Disparaissent à tout jamais

Il fait disparaître leur corps
Dans le fourneau de la villa
Puis rentre à Paris à l'aurore
Et redevient un bon bourgeois

Deux fois encore il récidive
Dans sa maison de Vernouillet
Mais, devant l'odeur excessive
Il va s'installer à Gambais

Gambais, tout près d'Aubergenville
Là, Landru loue une maison
Sur une butte assez tranquille
Ventilée en toutes saisons

Il s'y rend en chemin de fer
Avec ses victimes du jour
Où il est seul dans cette affaire
À s'offrir un aller-retour

Tandis qu'au front partent se battre
Les pères, les fils, les amants
Landru demeure près de l'âtre
À faire cuire les mamans

Quand il retrouve sa famille
Il apporte toujours des fleurs
De l'argent, de la pacotille
Normal, on le croit brocanteur

À l'hiver mil neuf cent dix-huit
Monsieur le maire de Gambais
Reçoit des lettres insolites
Concernant ses administrés

Cinq ou six couples inconnus
Depuis un bout de temps déjà
Résideraient à leur insu
À Gambais sous le même toit

Il apparaît, après enquête
Qu'il s'agit d'un même occupant
Un monsieur Landru en goguette
Marié, père de quatre enfants

Et ses invisibles compagnes
N'auront fait qu'un bien court séjour
En cet endroit, comme en témoignent
Leurs os retrouvés dans le four

Confondu l'escroc séducteur
Avouera avoir contacté
Deux cent quatre-vingts jolis cœurs
Dont seuls onze furent brisés

Le procès de ce misérable
S'ouvre en novembre vingt et un
Une foule considérable
Veut voir de près cet assassin

L'aristocratie, les artistes
Mistinguett, Colette, Raimu
Viennent écouter en touristes
Les insolences de Landru

Dans ses réparties drolatiques
On sent qu'il n'a aucun remord
Et c'est en parfaite logique
Qu'on requiert la peine de mort

Condamné à la guillotine
Son recours étant rejeté
Quand bientôt sonnent les matines
Et qu'on vient pour le réveiller

Quand le curé [pince-sans-rire ?]
Lui dit : "Croyez-vous au prophète ?"
Landru répond : "Je vais mourir
Et vous, vous jouez aux devinettes !"

Un verre de rhum, il repousse
"Car c'est mauvais pour la santé"
"Partir dans les bras d'une rousse"
Est sa dernière volonté

À son avocat qui l'exhorte
D'avouer avant le grand voyage
Il lui répond d'une voix forte
"Cela, c'est mon petit bagage"

À six heures, par un temps clair
Le vingt-cinq février vingt-deux
Le sieur Anatole Deibler
Décapite le présomptueux
 
#2
Le tome 3 de "Mes revisitations" est parti chez l'éditeur. Pour ne pas perdre la main, je "revisite" quelques personnages dans le but, peut-être, de faire un volume 4.
 

lilasys

Maître Poète
#3
J'avoue que cette histoire est horrible .....Et personne durant toutes ces années n'a rien vu !!!
Il en reste des landru...SS mais que fait la justice?
Merci pour toutes ces histoires horribles ou passionnantes
Bonne après midi