L’allégeance brûlante de nos seins
Te souviens-tu de nos courses à travers la prée
quand nous étions enfants,
du diadème de rosée qui s’agenouillait
dans les buissons chaque matin à notre approche,
des rimes
de nos premiers baisers
au cœur des ténèbres de nos chambres
lors de la découverte de nos corps,
de l’allégeance brûlante de nos seins
aux vitraux d’Eros et de Sappho,
de nos gémissements de volupté
parmi nos draps de percale.
Je te récitais continûment
des poèmes d’amour
que tu reprenais et tu lançais
alors tes mains en avant
pour saisir les cantilènes des oiseaux qui
embrasaient les cieux de leurs chants de gloire.
La liberté s’élevait
au fronton des bocages du Maine.
Tu m’as quittée un soir d’octobre,
attirée par les lumières de la Ville,
je t’ai attendue
des jours, des mois, et des années durant,
je n’ai eu pour me consoler
que les bras frais de quelques jeunes inconnues
auxquelles j’ai arraché
à la va-vite des lambeaux d’affection.
J’ai appris hier ta mort,
seule et malade, dans un pays lointain.
Je te ramènerai au sein de la forêt de Bercé
que nous vénérions tant,
et je psalmodierai auprès de ton mausolée,
à toute heure que Dieu fait,
l’ode cristalline de nos râles
sur nos corolles de chair !
Sophie Rivière
Te souviens-tu de nos courses à travers la prée
quand nous étions enfants,
du diadème de rosée qui s’agenouillait
dans les buissons chaque matin à notre approche,
des rimes
de nos premiers baisers
au cœur des ténèbres de nos chambres
lors de la découverte de nos corps,
de l’allégeance brûlante de nos seins
aux vitraux d’Eros et de Sappho,
de nos gémissements de volupté
parmi nos draps de percale.
Je te récitais continûment
des poèmes d’amour
que tu reprenais et tu lançais
alors tes mains en avant
pour saisir les cantilènes des oiseaux qui
embrasaient les cieux de leurs chants de gloire.
La liberté s’élevait
au fronton des bocages du Maine.
Tu m’as quittée un soir d’octobre,
attirée par les lumières de la Ville,
je t’ai attendue
des jours, des mois, et des années durant,
je n’ai eu pour me consoler
que les bras frais de quelques jeunes inconnues
auxquelles j’ai arraché
à la va-vite des lambeaux d’affection.
J’ai appris hier ta mort,
seule et malade, dans un pays lointain.
Je te ramènerai au sein de la forêt de Bercé
que nous vénérions tant,
et je psalmodierai auprès de ton mausolée,
à toute heure que Dieu fait,
l’ode cristalline de nos râles
sur nos corolles de chair !
Sophie Rivière