La Vallée des Enfants
J'ai retrouvé sous la poussière des années,Le coffre en bois de mes si précieux jouets d'enfant,
Et parmi eux, la clé et la carte de cuir,
De mes chasses aux trésors sur de grands navires,
Ou parmi les forêts oubliées par le temps,
Souvenirs effacés au fin fond d'un grenier.
Suivant le tracé sur le plan, comptant mes pas,
Je suis parti corsaire, en quête d'aventures,
Vers les sous-bois, qu'enfant, j'ai emplis de mystères,
Et j'ai vu la porte derrière les fougères,
Cachée entre deux racines, sous la ramure
D'un grand cèdre, aussi beau que le palais d'un roi!
J'ai tourné la clé dans la serrure ouvragée,
Découvrant un tunnel moussu, voilé de soie,
Des gravures sculptées sur ses parois d'écorce.
Elles m'ont guidé, m'ont donné l'espoir, la force,
D'avancer la torche en main, le coeur en émoi,
Devant les secrets qui me seraient révélés.
Puis j'ai vu le vantail, clôturant le chemin,
Une grande porte et, sur elle, des énigmes,
Pour être autorisé à en franchir le pas.
"Toi seul me connais, tu es celui qui me voit.
De tous tes rêves, me voilà le paradigme.
Avec mon nom, passe le seuil d'un lieu sans fin."
J'ai trouvé le sésame et j'ai poussé la porte.
Le grand cèdre se dressait sur une colline,
Dominant la belle vallée ensoleillée,
Où s'élevait une magnifique cité,
Aux tours d'or et d'argent, surmontées d'opaline.
J'ai mis des rênes au vent, pour qu'il m'y transporte...
J'ai volé jusqu'à la fontaine de cristal,
Là où, les petits m'attendaient en souriant.
L'un d'eux m'a dit en me saluant, "aie confiance,
Vois notre trésor! La fontaine de jouvence,
Qui a fait de ce lieu, la Vallée des Enfants,
Dont l'eau fait cesser, de la vie, le cours fatal!"
"Plonges-y et tu auras dix ans à jamais,
Libéré de tes soucis, tu joueras sans fin,
Ou retourne d'où tu viens , pour vivre l'amour,
Prendre soin de ta famille, compter les jours."
J'ai rangé carte et clé dans le coffre en sapin,
Et, pour toi, mon fils, j'ai grandi sans un regret...
"Dis papa, quel était donc le mot pour entrer?"
Hélas mon fils, tu dois tout seul le découvrir,
Car il est différent pour chacun d'entre-nous.
C'est le nom secret de ton rêve le plus fou,
Celui qui, dans la tristesse, te fait sourire,
Et songer à l'enfance et ses belles années...