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La peur

OLIVIERW

Maître Poète
#1
La peur,

L’aube se lève sur le champ de bataille
J’ai une forte douleur venant de l’estomac
L’envie de vomir mes tripes, de vider ma peur
Car ce soir, je ne verrais pas le soleil se coucher.

Dans deux heures, sur le coup de sifflet de l’officier
Je vais sortir de la tranchée, baïonnette au canon
Galvanisé par la haine, il faut casser du boche
Ces salauds qui ont envahi mon pauvre pays.

Encore un peu de temps, regard sur des photos jaunies
Et sur des lettres froissées, un moment de nostalgie
De ces doux souvenirs du passé, de ces moments heureux
Mon esprit s’embrume, je dois réagir, ce n’est pas le lieu.

Mon capitaine regarde fébrilement sa montre
Compte les minutes et soudain il arme son révolver
Le son perce le silence de la nuit, c’est le départ
Vers l’abîme, la montée vers l’enfer, de fer et de feu.

Je sors de mon trou, comme les autres soldats
Les mitrailleuses crachent leur fiel de projectiles
Un camarade tombe, une balle en pleine tête
Sa cervelle se répand sur mon uniforme.

Les canons se mettent à tonner, les obus à tomber
Autour de nous, un éclat arrache le visage d’un copain
Il hurle de douleur, le sang pisse à longs flots
Je dois continuer, je ne peux m’arrêter.

Nous arrivons au niveau d’un rideau de barbelés
L’ennemi continue à tirer, à faucher les jeunes gens
L’un d’eux est accroché aux fils de métal
Il a les entrailles qui lui sortent du ventre.


Vingt minutes de fin du monde, de durs, d’âpres combats
La moitié de la troupe est décimée, morte ou blessée
Et voilà enfin l’ennemi, je le vois comme il me voit
Nous sautons dans la tranchée, pour le tuer.

Face à face, homme à homme, corps à corps
Nous nous battons à coups de poignard ou de pelle
J’enfonce ma lame dans le cœur d’un allemand
Je sens sa vie partir, il est crevé l’ordure !


La peur (2),

Je m’appelle Hans et je suis allemand
Mon père a péri dans les tranchées de Verdun
Tué au cœur d’un coup de couteau par un Poilu
Je ne l’ai pas connu, je n’avais que cinq ans.

Enrôlé dans la Wehrmacht, nous avons envahi
En un mois la Pologne, la guerre commence
Déclenchée par la folie d’un homme dénommé
Hitler, six années d’horreurs absolues.

Je n’ai rien demandé, seulement subi
Je l’avoue, endoctriné par un fanatique
Le peuple a suivi le Führer vers l’enfer
Atteint par les maux les plus infects.

Pourquoi ? Ai-je participé à l’abominable
Au pire, à la négation totale d’êtres humains
A leur méthodique anéantissement programmé
On se disait supérieur à eux, mais en quoi ?

Aujourd'hui !


Nous sommes petits enfants de boches et poilus
Nous ne voulons plus de guerre, mais que la paix
Nous pensons à tous ces morts, pour notre salut
Plus jamais çà ! Ils méritent notre respect !