La joie de nos langueurs

[rivière]

La joie de nos langueurs

Les mouettes volent au-dessus du Loir,
elles règnent sur les orages,
les bocages connaissent
la grâce de ces oiseaux si beaux.

L’aurore aux pieds d’argent
rôde encore sur la rosée de tes paupières,
notre chambre en notre borde près du Loir
sait la joie de nos langueurs,

viens, mon Amour, mon Epousée,
sens-tu, ma Divine,
le friselis de ma langue et de mes paumes
dessus tes seins haut plantés, fiers et lourds,

et le missel de ton pertuis.
Mets tes bras de sève autour de mon corps,
redressons-nous,
et face-à-face,

mettons-nous en ciseaux,
et frottons nos sexes l’une contre l’autre,
entamons la danse des tribades
pratiquer par Sappho et ses prêtresses,

bientôt, ma Sirène,
le plaisir prendra possession de nos chairs,
l’hymne de notre clarté montera
jusqu’au spasme suprême,

jusqu’à ce que nous buvions
le lait de nos nectars
bras et jambes entremêlées,
avant de repartir sans cesse à l’assaut,

car il n’y a rien de plus beau au monde
que la satisfaction de
nos rimes
si charnelles et si féminines !

Sophie Rivière
​