Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web.
Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons que vous en êtes satisfait.

  • Visiteur, merci de ne pas poster plus de 5 poèmes par jour. Ceci dans le but d'améliorer la visibilité du site.

jour de grève à la SNCF

babyfruit

Grand poète
#1
Jour de grève à la S.N.C.F.



Depuis plusieurs semaines, des centaines de milliers d'individus dont je fais partie, jouissent du privilège de se métamorphoser en volaille. A peine ont-ils posé le pied sur le quai d'une gare que se produit ce phénomène singulier.
En un instant, quel que soit leur âge et leur condition sociale, ils forment une basse-cour gigantesque. Dressés sur leurs pattes, le croupion serré, la crête échevelée, ils s'agglutinent sur la langue de bitume. La gare toute entière s'emplit de leurs piaillements sonores. Au dessus de leur tête, des panneaux s'éclairent puis s'éteignent, achevant d'effrayer les pauvres volatiles.
Dans cet océan de plumes, la plupart se noient. Certains ne voulant pas renoncer contorsionnent leur cou, guettant la délivrance.
Mille becs furieux se pointent, prêts à livrer bataille. Soudain, tel un énorme lombric glissant le long des voies, le train arrive…
C'est alors la curée. L'assaut est bref mais ô combien sauvage. La galanterie n'est pas de mise en cette circonstance. Les vieux mâles à l'ergot acéré labourent les flancs des chétives gélines. C'est la loi du plus fort qui prévaut.
Pourtant, peu à peu, à force de coups d'ailes et de coups de bec, ou sur une patte ou sur le bout du croupion, chacun trouve sa place.
Enfin, ivre de caquetage, bondé jusqu'à la gueule, le train s'engouffre de nouveau sous terre vers les poulaillers lointains.


N.B. : la plume qui a écrit ce texte est celle d'un fonctionnaire dont l'entourage se plait à dire qu'il est d'essence volatile.