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Jean-Jacques Rousseau revisité (1712-1778)

Filiatus

Maître Poète
#1

Au Panthéon des nobles hommes
Et des nobles femmes aussi
Un jour j'y suis allé, mais comme
Simple visiteur averti

Face au tombeau du grand Voltaire
J'ai crû entendre dans la mort
Rousseau et son vieil adversaire
Semblant se chamailler encore

Rousseau père s'appelle Isaac
Mais il n'est pas juif pour autant
Car son fils, prénommé Jean-Jacques
Comme lui est un protestant

Né à l'été mil sept cent douze
À Genève, à l'ouest de la Suisse
Le père Isaac perd son épouse
Pour gagner Jean-Jacques, son fils

C'est son oncle Samuel Bernard
Un digne pasteur protestant
Qui lui inculque son savoir
Et lui trouve un métier décent

Quand il a dix-sept ans, Jean-Jacques
Quitte Genève, contrarié
Pour de l'autre côté du lac
Se réfugier chez... un curé

Le curé amusé l'adresse
À une baronne esseulée
Qui devient vite sa maîtresse
Pendant de très longues années

Dans la religion catholique
Elle le fait se baptiser
Et lui enseigne la musique
Si bien qu'il en tire un métier

Bientôt le couple part en France
Et emménage à Chambéry
Pour Jean-Jacques c'est une chance
La baronne y achète un nid

Pendant huit ans c'est le farniente
Jean-Jacques s'instruit en lisant
Joue de la musique et chante
Et rédige même un roman

À trente ans il quitte sa dame
Et à Paris vient s'installer
Là, comme il connaît bien ses gammes
Un brevet, il veut déposer

Mais l'Académie lui refuse
[Le procédé est démodé]
Jean-Jacques Rousseau s'en amuse
Car il a bien d'autres idées

D'ailleurs les salons qu'il fréquente
Regorgent de talents nouveaux
Dont cette personne brillante
Du nom de Denis Diderot

Jean Jacques vit en union libre
Au côté d'une blanchisseuse
Et comme ils n'ont guère la fibre
Familiale, ni affectueuse

Cinq fois de suite ils abandonnent
Leurs cinq enfants qu'ils ont tous deux
Mais le bon Dieu le leur pardonne
Car ils sont plus heureux sans eux

Avec ses nouveaux camarades
Voltaire et quelques érudits
Jean-Jacques forme une pléiade
Qui écrit l'encyclopédie

Il gagne un étonnant concours
À l'Académie de Dijon
Déclarant dans un long discours
Que l'essor, c'est la corruption

Il déclenche une polémique
Chez les intellectuels français
Qui, à trop faire de critiques
Participent à son succès

Fort de cette belle auréole
À la demande de son roi
En quatre coups d'archet de viole
Rousseau compose un opéra

En mil sept cent cinquante-quatre
Il remporte un nouveau concours
Qui invite encore à débattre
Mais qui l'éloigne de la Cour

Car chez ces nobles gentilshommes
On croit ferme, et depuis toujours
À l'inégalité de l'homme
Contrairement à son discours

Jean-Jacques, au faîte de la gloire
Protestant, se reconvertit
Puis s'en va exercer son art
En forêt de Montmorency

Il écrit le "Contrat social"
Et au bout d'un an le publie
Ce qui lui vaut le tribunal
Et l'éloignement du pays

Critiqué par les philosophes
Et aussi par les catholiques
En Prusse, il fuit en catastrophe
À la Cour du roi Frédéric

Rousseau meurtri dans son orgueil
Pour répondre aux accusations
Écrit un livre en un clin d'œil
Qu'il baptise "Mes confessions"

Mais, cette autobiographie
N'étant pas publié pour l'heure
Discrètement il se marie
Avec Thérèse Levasseur

En mil sept cent soixante-dix
La chute de monsieur Choiseul
Sonne l'heure de l'armistice
Mais il se retrouve bien seul

Car l'écrivain est misanthrope
Pour ne pas dire mégalo
Et aux quatre coins de l'Europe
Le boudent ses alter-egos

C'est en copiant de la musique
Qu'il gagne sa vie à présent
Et, passionné de botanique
Il publie quelques documents

En même temps, comme une drogue
Il poursuit l'écriture sage
De ses "Confessions et dialogues"
Qui déjà font plus de 1000 pages

Les "Rêveries du promeneur
Solitaire" est son dernier livre
Il y consigne avec bonheur
La beauté de son art de vivre

C'est au château d'Ermenonville
Chez le marquis de Girardin
Que Jean-Jacques l'âme tranquille
D'un A.V.C. soudain s'éteint