Vingt-cinq pour cent de mes ancêtres
Sont d'origine vivaraise
Cela me donne quelques aises
Pour écrire sur ce grand maître
Car même si ce fils de Russe
N'y vécut que quatre-cents mois
Il est plus Ardéchois que moi
Qui connais Privas tout au plus
Jean Ferrat est fils de Mikhaïl
Un juif russe exilé en France
Où il lui donne la naissance
À Vaucresson, près de Versailles
La France est coupée en deux zones
Au milieu de la Grande Guerre
Le père sûr de son affaire
Ne porte pas l'étoile jaune
Mal lui en prend car la milice
L'arrête et le remet aux Fritz
Qui le déportent à Auschwitz
Où il mourra de leurs sévices
Jean est caché par sa famille
Qui en zone-libre l'envoie
Là-bas, il exerce sa voix
Où percent marteau et faucille
Sans diplôme et sans expérience
À seize ans il monte à Paris
Et entre deux boulots pourris
Au théâtre il tente sa chance
Au début des années cinquante
Avec un groupe de copains
Il joue dans le quartier latin
De la guitare et puis il chante
Il met d'Aragon, en musique
"Les yeux d'Elsa", ce qui lui vaut
L'admiration d'André Claveau
Un interprète romantique
Ce n'est pas encore la gloire
Mais cela semble bien parti
Il passe en première partie
Du populaire Guy Béart
La chanteuse Christine Sèvres
Reprend deux-trois de ses chansons
Et pour un total unisson
À Jean Ferrat unit ses lèvres
En mil neuf cent cinquante-neuf
Il lui dédit son grand succès
Appelé "Ma Môme", et qui sait
Aujourd'hui il eût dit : "Ma Meuf"
Il rencontre Zizi Jeanmaire
Qui lui fait prendre son envol
En lui ouvrant le music-hall
Pour un spectacle à part entière
Son chant "Deux enfants au soleil"
Reçoit le prix de la SACEM
Mais on proscrit d'autres poèmes
Car pas pour toutes les oreilles
Il épouse à Ivry-sur-Seine
Sa belle compagne Christine
Dont il adopte la gamine
Puis remonte vite sur scène
Bientôt, il rencontre Isabelle
La très blonde Isabelle Aubret
Qui chante si bien ses couplets
Qu'il lui plaît d'écrire pour elle
Il lui compose avec tendresse
Une chanson :"C'est beau la vie"
Qu'elle chante le cœur ravi
Après quelques mois de détresse
Et pour honorer la mémoire
De son père mort déporté
À rebours des autorités
Il compose "Nuit et brouillard"
En mil neuf cent soixante-quatre
Après "Que serai-je sans toi"
Christine et Jean cherchent un toit
Pour pouvoir rêver près de l'âtre
Et ce bel endroit de cocagne
En Vivarais, ils le décèlent
Aussi, pour remercier le ciel
Jean Ferrat écrit : "La Montagne"
À la fin des années soixante
Il fait un séjour à Cuba
D'où il revient rempli de joie
Avec de bien belles bacchantes
Comme il est un peu communiste
Tendance "juste ce qu'il faut"
En soixante-huit, à Bobino
Il va chanter pour les grévistes
En mil neuf cent soixante-douze
Il fait ses adieux à la scène
Et pendant de longues semaines
Il s'isole avec son épouse
Peu de temps après ils se taillent
Vivre à Antraigues-sur-Volane
Entourés de leur chien, d'un âne
D'une chèvre et quelques volailles
Jean et Christine se séparent
Mais continuent de partager
Leur immense propriété
Car c'est un couple sans histoire
Mais Jean a besoin d'une muse
Pour composer d'autres chansons
Alors c'est Colette Laffont
Qui s'installe comme une intruse
Christine quitte la demeure
Ses monts, ses forêts, son soleil
Et va s'installer à Marseille
Où en quatre-vingt, elle meurt
Lorsque le mur de Berlin tombe
Jean est presque sexagénaire
Et voir le communisme à terre
Ça lui fait l'effet d'une bombe
Il poursuit sa vie en musique
Mais l'enthousiasme n'y est plus
Lors, sur l'avis de Robert Hue
Jean fait un peu de politique
En deux mil sept, il récidive
En supportant José Bové
Mais, malgré l'échec, ses idées
N'en restent pas moins combatives
Malade, il offre son concours
Aux élections de deux mil dix
Mais trop dur est son sacrifice
Il décède entre les deux tours
Sont d'origine vivaraise
Cela me donne quelques aises
Pour écrire sur ce grand maître
Car même si ce fils de Russe
N'y vécut que quatre-cents mois
Il est plus Ardéchois que moi
Qui connais Privas tout au plus
Jean Ferrat est fils de Mikhaïl
Un juif russe exilé en France
Où il lui donne la naissance
À Vaucresson, près de Versailles
La France est coupée en deux zones
Au milieu de la Grande Guerre
Le père sûr de son affaire
Ne porte pas l'étoile jaune
Mal lui en prend car la milice
L'arrête et le remet aux Fritz
Qui le déportent à Auschwitz
Où il mourra de leurs sévices
Jean est caché par sa famille
Qui en zone-libre l'envoie
Là-bas, il exerce sa voix
Où percent marteau et faucille
Sans diplôme et sans expérience
À seize ans il monte à Paris
Et entre deux boulots pourris
Au théâtre il tente sa chance
Au début des années cinquante
Avec un groupe de copains
Il joue dans le quartier latin
De la guitare et puis il chante
Il met d'Aragon, en musique
"Les yeux d'Elsa", ce qui lui vaut
L'admiration d'André Claveau
Un interprète romantique
Ce n'est pas encore la gloire
Mais cela semble bien parti
Il passe en première partie
Du populaire Guy Béart
La chanteuse Christine Sèvres
Reprend deux-trois de ses chansons
Et pour un total unisson
À Jean Ferrat unit ses lèvres
En mil neuf cent cinquante-neuf
Il lui dédit son grand succès
Appelé "Ma Môme", et qui sait
Aujourd'hui il eût dit : "Ma Meuf"
Il rencontre Zizi Jeanmaire
Qui lui fait prendre son envol
En lui ouvrant le music-hall
Pour un spectacle à part entière
Son chant "Deux enfants au soleil"
Reçoit le prix de la SACEM
Mais on proscrit d'autres poèmes
Car pas pour toutes les oreilles
Il épouse à Ivry-sur-Seine
Sa belle compagne Christine
Dont il adopte la gamine
Puis remonte vite sur scène
Bientôt, il rencontre Isabelle
La très blonde Isabelle Aubret
Qui chante si bien ses couplets
Qu'il lui plaît d'écrire pour elle
Il lui compose avec tendresse
Une chanson :"C'est beau la vie"
Qu'elle chante le cœur ravi
Après quelques mois de détresse
Et pour honorer la mémoire
De son père mort déporté
À rebours des autorités
Il compose "Nuit et brouillard"
En mil neuf cent soixante-quatre
Après "Que serai-je sans toi"
Christine et Jean cherchent un toit
Pour pouvoir rêver près de l'âtre
Et ce bel endroit de cocagne
En Vivarais, ils le décèlent
Aussi, pour remercier le ciel
Jean Ferrat écrit : "La Montagne"
À la fin des années soixante
Il fait un séjour à Cuba
D'où il revient rempli de joie
Avec de bien belles bacchantes
Comme il est un peu communiste
Tendance "juste ce qu'il faut"
En soixante-huit, à Bobino
Il va chanter pour les grévistes
En mil neuf cent soixante-douze
Il fait ses adieux à la scène
Et pendant de longues semaines
Il s'isole avec son épouse
Peu de temps après ils se taillent
Vivre à Antraigues-sur-Volane
Entourés de leur chien, d'un âne
D'une chèvre et quelques volailles
Jean et Christine se séparent
Mais continuent de partager
Leur immense propriété
Car c'est un couple sans histoire
Mais Jean a besoin d'une muse
Pour composer d'autres chansons
Alors c'est Colette Laffont
Qui s'installe comme une intruse
Christine quitte la demeure
Ses monts, ses forêts, son soleil
Et va s'installer à Marseille
Où en quatre-vingt, elle meurt
Lorsque le mur de Berlin tombe
Jean est presque sexagénaire
Et voir le communisme à terre
Ça lui fait l'effet d'une bombe
Il poursuit sa vie en musique
Mais l'enthousiasme n'y est plus
Lors, sur l'avis de Robert Hue
Jean fait un peu de politique
En deux mil sept, il récidive
En supportant José Bové
Mais, malgré l'échec, ses idées
N'en restent pas moins combatives
Malade, il offre son concours
Aux élections de deux mil dix
Mais trop dur est son sacrifice
Il décède entre les deux tours
Pièces jointes
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