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grand-mère

bullitt

Maître Poète
#1
GRAND MERE

Tout au bout du chemin de pierres, il y a la maison
avec deux pots de fleurs cassés sur le perron
les volets sont fermés à demi et derrière les carreaux salis
il y a toujours les rideaux de cretonne fleurie
La niche du chien est restée sous le grand pommier
avec le temps son nom gravé s'est effacé
restent sa gamelle cabossée, son jouet préféré,
mais ni laisse, ni chaine surtout pas de collier
Plus loin le puits tout recouvert de mousse
et la chaîne qui grince lorsque le vent la pousse
la cabane aux outils à demi effondrée
avec à l'intérieur le rateau et la pelle rouillés
Derrière la maison, le jardin biensur à l'abandon
mais tout près de la source, des bottes de cresson
comme si elles voulaient qu'on s'occupe encore d'elles
quelques fleurs , assoiffées, se dressent vers le ciel
Et puis, la porte ouverte on voit la grande pièce
au fond la cheminée où pendait l'ail en tresses
le fauteuil à bascule, et tiens ! sur le dossier
le grand châle de laine à la main tricoté
sur la table cirée , la corbeille en osier
où sont encore rangées les aiguilles et la laine
une vieille paire de lunettes cassées
appuyée bizzarement contre un pot de verveine
Sur le lit, bien tiré, trône un gros édredon
avec, en son milieu, un petit creux bien rond
On voyait quelquefois dépasser deux oreilles
"ne pas déranger" Monsieur le chat sommeille
Sur le buffet , le grand marbre glacé
est couvert de photos datant d'un temps passé
des livres bien rangés, Beaudelaire et Raimbaud
Verlaine, Lamartine et surtout "des" Hugo
Ce qu'elle m'en a fait lire de ces belles histoires
de "dès ce matin dès l'aube" au "dormeur du val"
et comme j'adorais qu'elle me conte le soir
le récit des soldats gelés sur leur cheval
On mangeait les patates sous la cendre, bien dorées
on se brûlait les doigts et les rires fusaient
on buvait l'eau du puits si limpide et si pure
et on se barbouillait des bonnes confitures
elle sèchait ses mains sur son grand tablier
qui lui servait aussi à prendre sur le fourneau
la poêle bien trop chaude où dorait l'omelette
au passage elle mouchait le plus petit des marmots
et avant de servir essuyait nos assiettes
et puis enfin assise, elle nous disait "mangez !"
le facteur quelquefois s'arrêtait au portal
elle criait alors "bonjour Jules, avez-vous mon journal ?"
j'ai gardé quelques œufs, bien frais pour votre dame
des poireaux , des carottes et aussi des salades
Le portail restait toujours ouvert
et quand un chien errant entrait timidement
elle trouvait toujours, mais sans en avoir l'air
un restant de soupe sur le fourneau brûlant
Elle disait"vous savez, pendant la guerre....'
et ses yeux larmoyaient aux souvenirs d'hier
Elle nous parlait aussi de l'école en galoches
avec, pour goûter, une pomme dans la poche
et puis, en souriant, elle narrait les mariages
qui se faisaient en blanc tout au long des villages
Oh ! raconte encore grand-mère, le temps de naguère
le temps du bon vieux temps
Histoires qui rendent la vie plus légère
et qui gardent aux grands-mères leur cœur de vingt ans !
 

maryvelo

Maître Poète
#2
Une rencontre inter générationnelle que j'apprécie fortement.BRAVO et merci
 

Polymnie2

Maître Poète
#4
Toute une richesse
en savants souvenirs
qui font revivre les moments
les plus curieux!
Pensées illuminent les coins assombris
tel un réveil qui ne fonctionnerait plus
mais qui est là toujours neuf!

Un merveilleux poème
là, si près de la Grand-mère!

Amicalement, Poly
 

Polymnie2

Maître Poète
#7
Tu as le don
de recréer la vie d'y hier
tout bouge et revie
sous tes yeux d'amour
Tu me fais penser à Colette
qui fzisait bouger le moindre
objet décrivant sa vie
Elle ne parlait jamais d'elle
mais refaisait naître ses sentiments
à une moindre chose


Merci à toi, bises poly
 
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