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Gilbert Bourdin [Le Mandarom] revisité (1923-1998)

Filiatus

Maître Poète
#1
Chez les agités du bocal
Il existe des fous furieux
D'autres, qui ne font aucun mal
Mais il y a, entre les deux

De doux dingues, plein d'empathie
Auxquels certains donneraient tout
Leur femme et leurs économies
On les appelle les gourous

Celui que je vais vous décrire
Par rapport à des Raëliens
N'est ni meilleur et n'est ni pire
Mais je devais en choisir un

Le problème avec ce bonhomme
C'est qu'il porte un nom si courant
Que je dirai le "Mandarom"
Pour le citer dorénavant

Il naît en mil neuf cent vingt-trois
Au Lamentin, en Martinique
Il fait des études de droit
De médecine… et puis tout quitte

Il se marie, puis il divorce
Puis, il se marie derechef
Puis, re-divorce, à bout de force
Las des femmes et leurs griefs

Lors, pour les Indes, il s'embarque
Pour y apprendre le yoga
Près d'un authentique monarque
Le maharadjah "Sivananda"

Pendant trois années il s'imprègne
De cette discipline zen
Que dès son retour il enseigne
À de rares énergumènes

Aussi, il s'établit en France
En mil neuf cent soixante-sept
Dans une grotte de Provence
Où il convie quelques adeptes

Enfin, il fonde à Castellane
Le mouvement du "Mandarom"
Où sa folie mégalomane
Le fait passer pour un surhomme

Il se construit un monastère
Dans lequel viennent vénérer
Le "Messie cosmoplanétaire"
Des centaines d'illuminés

Tout cela ne serait pas grave
Si le fada n'avait pas pris
Ses adhérents pour des esclaves
Et des mineures dans son lit

Durant les années quatre-vingt
Et les années quatre-vingt-dix
La Radio, les grands quotidiens
Petit-à-petit réagissent

La télé fait des reportages
Parfois en caméra cachée
Mais pour l'opinion, c'est un mage
Avec quelques illuminés

Toutefois il faut reconnaître
Que quelques voix s'élèvent contre
Des statues de plus de vingt mètres
Qui sur le ciel la honte, montrent

En quatre-vingt-quinze, une affaire
De suicides dans une secte
Dite "Ordre du Temple Solaire"
Vient rendre le messie suspect

Les médias deviennent critiques
"Le Mandarom" semble plus sombre
Et sous la pression politique
Des plaintes sont posées en nombre

Mis en détention provisoire
Le gourou nie de A à Z
Et sans preuve rédhibitoire
À une relaxe, on procède

Mais le galactique despote
Diabétique est cloué au lit
Et de plus avec sa tremblote
De jour en jour, il s'affaiblit

Malgré une instruction rapide
Il meurt en quatre-vingt-dix-huit
Comme une vengeance perfide
Forçant l'extinction des poursuites