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Générations entre deux ombres suite 2

Polymnie2

Maître Poète
#1
2

Générations entre deux ombres

Les moments de repos, ils sont tous les deux dans la salle à manger, occupent un coin de la fenêtre largement ouverte. Traversent les rayons de soleil, pour s’étirer dans toute la pièce. La tapisserie unie s’embrase de raies finissant leur course sur l’abat-jour argenté de la lampe « postée » sur le guéridon. Un superbe arc-en-ciel lumineux irise sur tout son champ comme pour égayer le présent. La douceur de la température, alliée au rayonnement printanier, incitent les deux complices à se rapprocher. Le Grand-père assis confortablement dans son fauteuil, caresse d’un regard absent le visage de Pierre, tout en triturant l’étui à lunettes entre ses doigts ; Pierre, à cheval sur son fidèle petit banc, fait rouler nonchalamment une vieille voiture qu’il a récemment retrouvée, sur les dessins d’un coin du tapis.

L’Un comme l’Autre, restent pensifs ; chacun semble cohabiter un monde semblable irréel attachant. Mais, brusquement, Pierre traîne son siège vers le fauteuil et dit :

« Tu te souviens Grand-papa, lorsque je voulais savoir quelque chose, tu paraissais non seulement ne pas entendre mais tu avais des manies rituelles anticipant tes réponses ?

Il y en a une que je n’ai pas comprise : « Pourquoi sortais-tu systématiquement ta montre de sa petite poche avant de te lancer calmement dans de très savantes explications ? » »

Un ineffaçable sourire prenant l’écho d’un contentement se fixe sur les lèvres du grand-père. Il poursuit :

« Petit cachottier, j’ignorais que tu relevais chacun de mes comportements. Vois-tu, il faut de la réflexion pour pouvoir répondre aux grandes choses. En tirant ma montre, je jaugeais l’instant disponible pour savoir si je pouvais aller au fond de mes explications pour t’aider à assimiler le maximum d’un minimum à te communiquer ou vice-versa, sachant, qu’à la moindre occasion, je reviendrais sur le sujet. »



« Oh, ça je sais, car j’avais remarqué que tu faisais très souvent des rapprochements comme le « déjà vu » dans mon livre d’Histoire. Je n’étais jamais las de t’écouter.

Et bien ! Aujourd’hui, moi aussi Grand-papa, j’ai quelque chose à te rappeler :

« Quand je t’ai dit un jour que le plafond de la terre était le ciel, tu m’as répondu : « oui et non ». C’est l’espace qu’il y a entre la terre et le ciel qui nous sépare mais nous relie aussi car il est accessible.

« Comment se fait-il que tu t’en souviennes encore » ?

« Justement, c’est ce que je voulais te dire, mais c’est long à t’expliquer. Ecoute :

« J’avais sept ans et tu m’avais raconté quelques semaines avant, la guerre et tous les morts qu’elle a laissés. Je croyais, à l’époque, que nous habitions dans la terre et non sur la terre.

Et, lorsque par la suite, je t’ai entendu parler avec papa et maman des morts de la famille, précisant qu’ils étaient sûrement au ciel aussi, je me suis dit : « Tant de morts ! A force nous allons nous rencontrer »!

Ton « espace » m’a donc rassuré car j’ai pensé que l’espace entre les morts et moi se réduirait encore. Quand viendra le jour où je serai grand, il n’y en aurait plus, je te toucherai. »

Le demi-sourire, affectueux et attendri, fond sur le visage du grand-père, et dans ses yeux, le trouble de compassion reluit. Un temps de réflexion se passe, il poursuit :

« Je t’ai, en effet, précisé : « oui et non » en ne te répondant que sur l’espace qui, lui, est bien réel entre la terre et le ciel.

Personne, à ce jour, ouvertement n’a pu élucider le grand mystère du ciel. Nous le côtoyons à chaque horizon. Nous le voyons haut et bas. Il est aussi changeant que puisse l’être l’homme, à la différence qu’il n’est pas palpable. Pour nous, terriens, reste incontrôlable. Il s’offre tout entier en plein recul.

« Mais, pourquoi croyais-tu que nous vivions dans la terre »?

« Parce-que nous habitons dans une maison et non sur une maison ».

« Ah ! Je comprends ! Mais alors, le plafond, où le mettais-tu » ?

« Juste au-dessus du ciel. J’englobais le ciel et la terre. »

Ton raisonnement n’était pas bête du tout et contient une part de vérité que ton esprit développera dans un proche avenir.

Vois-tu, l’homme s’exprime par des mots qui limitent parfois leur étendue dans l’image, méritant un approfondissement, pour éviter bien des méprises aux jeunes oreilles, comme les tiennes par exemple ».

« Encore une chose Grand-papa, que j’avais remarquée ».

« Je t’écoute mon enfant ».

« Parfois tu semblais absent du moment ; ces fois-là tu te mettais à quelques pas de la fenêtre. Tu fumais la pipe et tirais dessus envoyant de larges bouffées de fumée qui rejoignaient presque le brouillard de dehors. Il faisait blafard ces matins là, d’autant que la brume de ta pipe assombrissait encore plus l’horizon »

« Oh, mais dis donc, il y a au moins trois ans que j’ai abandonné la pipe »!


Page 3 à venir
 
#3
Je pense devenir grand-papa
Ce week-end, j'ai eu droit à c'est quoi E=MC2 et à quoi correspondent les différents degrés de température
Des questions sans fin...
Heureusement que le net existe maintenant
Rires
Bises Poly
 

Vega46

Maître Poète
#5
Le temps passe Poly et les enfants posent de moins en moins de questions.

Quand je lis ton texte je m’aperçois que l’on appartient à une autre génération .

Les images du ciel de la terre pour moi ont une connotation religieuse loin de la réalité scientifique.

Le milieu dans lequel je me trouvais ne me permettait pas de poser des questions savantes j’ai à peu près tout découvert par mes propres moyens bien aidé quand même par mon instituteur !.

Mais après la soif d’apprendre est là insatiable grâce à un cerveau vorace!.

Mon amitié
Momo le clochard crasseux
 

Polymnie2

Maître Poète
#6
Le temps passe Poly et les enfants posent de moins en moins de questions.

Quand je lis ton texte je m’aperçois que l’on appartient à une autre génération .

Les images du ciel de la terre pour moi ont une connotation religieuse loin de la réalité scientifique.

Le milieu dans lequel je me trouvais ne me permettait pas de poser des questions savantes j’ai à peu près tout découvert par mes propres moyens bien aidé quand même par mon instituteur !.

Mais après la soif d’apprendre est là insatiable grâce à un cerveau vorace!.

Mon amitié
Momo le clochard crasseux
Merci à toi Momo, pour ta présence en cette
lecture et le partage en profondeur que tu précises.

Amitiés, ¨poly
 

Perceval

Maître Poète
#7
Le temps passe mais pour certains la complicité est si grande que rien n'y fait !
Le temps s'arrête pour eux ! quelle que soit le longueur de la discussion
Vraiment tres bien le texte n°2 ! au 3ème !!
Amitiés
Perceval casque-jbt8-jeu-temine.jpg
 

Philaly

Maître Poète
#8
Quelle belle complicité en ces liens qui se sont tissés serrés au fil des années...
IL n'est même plus question de maître et d'élève mais de deux "grands" pensants...qui cherchent le "maximum" dans le "minimum" qui leur est imparti....

C'est très tendre et émouvant.
Bises Poly
 

Polymnie2

Maître Poète
#9
Le temps passe mais pour certains la complicité est si grande que rien n'y fait !
Le temps s'arrête pour eux ! quelle que soit le longueur de la discussion
Vraiment tres bien le texte n°2 ! au 3ème !!
Amitiés
Perceval Afficher la pièce jointe 18173
Les grands parents sont importants pour les enfants
ils confient aisément leurs sensibilité et leurs questions
particulières ; les receveurs sont très gourmands de ces
périodes partagées car ils se sentent à même de les
aider, ayant l'œil chargé d'amour et de savoir.

Merci à toi Marc, Bises Poly
 

Polymnie2

Maître Poète
#10
Quelle belle complicité en ces liens qui se sont tissés serrés au fil des années...
IL n'est même plus question de maître et d'élève mais de deux "grands" pensants...qui cherchent le "maximum" dans le "minimum" qui leur est imparti....

C'est très tendre et émouvant dans le maximum du minimum.
Bises Poly
J'ai essayé de retracer un temps qui n'existe plus
du fait que les jours sont précipités, chargés de
travail et de soucis! Les enfants ne peuvent plus
recevoir le temps qui devrait leur être consacré!
c'est ici, que les grands parents jouent leur rôles!

Oui Philaly, c'est très tendre et émouvant car
par effet secondaire, je me suis rendu compte que
j'agissais ainsi, sans le savoir, avec la fille ainée de mon neveu
d'autant que sa maman la suivait de très près aussi.

Merci à toi, bises Poly