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Frysztak

#1
Frysztak

Aux herbes folles du cimetière de Frysztak,
Sur les stèles mes yeux sont des cailloux d’abaque
Comptant vos noms yiddish en lettres hébraïques :
Léahlé ou Rebbusch, Avraham, Mordechaï.


Je vois des mains bénir et des lions rugissant
Sur d’antiques blasons de dynasties savantes.
Et puis je vois surgir tout un peuple bruissant
Dans cette confusion qui paraît si vivante :


Lehaïm à toi Téwiéh, laitier de mon enfance !
Shalom à toi Rivkah, éleveuse de poules !
J’entends vos voix qui fusent dans l’air du matin !


Moïschélé, savetier des semelles qui dansent !
Et toi, la belle Avah, aux prétendants en foule !
Tout ce monde qui fut et que pleure en mes mains.


Aubépin des Ardrets
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Frysztak : village polonais dont la population était au 3/4 juive en 1939
Lehaïm : signifie « à la vie » en hébreu
Shalom : signifie « bonjour » en hébreu
 
Dernière édition:

glycine

Maître Poète
#2
Ce que j'aime dans ce poème émouvant,
c'est que votre plume rend vivantes les personnes citées...
"savetier des semelles qui dansent"... quelle belle image !
 

iboujo

Maître Poète
#3
Intarissables souvenirs.. Qui sont ton empreinte actuelle..
Si se sont tes origines..

Tu n as pas rendu ce lieu triste..
Au contraire..

Une impression de Vie dans ce texte..

Beau Aubepin..
Jojo
 
#7
Ce que j'aime dans ce poème émouvant,
c'est que votre plume rend vivantes les personnes citées...
"savetier des semelles qui dansent"... quelle belle image !
Intarissables souvenirs.. Qui sont ton empreinte actuelle..
Si se sont tes origines..

Tu n as pas rendu ce lieu triste..
Au contraire..

Une impression de Vie dans ce texte..

Beau Aubepin..
Jojo
Merci, glycine, merci iboujo ;-)
"rend vivantes les personnes citées", "Une impression de Vie dans ce texte." : je suis comblé, bien sûr, même si, pour reprendre le titre d'un livre de photographies de Roman Vishniac, ce texte parle, malheureusement, d'Un monde disparu, celui de la vie des Juifs modestes, le "petit peuple juif" d'Europe de l'Est, celui des Shtetl et des ghettos juifs, dans lesquels le yiddisch se parlait. Ce petit peuple dont l'écrivain Scholem Aleichem sut admirablement fixer l'humour mélancolique, les approximations religieuses, les espoirs, la peur des pogroms et la vie, tout simplement (lire, par exemple, Tévié le laitier ou voir la comédie musicale Un violon sur un toit qui en a été tirée ; voir également cet extrait), et dont il ne reste pratiquement plus rien, hormis, souvent, des pierres tombales dans des cimetières délaissés (cimetière juif de Frysztak)...
 
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