
En septembre, à Séville
Non, je ne l’ai pas vue, la fameuse Bienal ;
Je n’ai pas entendu les chansons lacrymales,
Le roulement têtu du bois des castagnettes
Ou des pieds en percus rappelant les claquettes.
En septembre, à Séville, les oranges sont vertes,
Aux palmiers de la ville, les dattes découvertes
S’écoulent en régimes de fruits jaunes et ocres
Pendant que dans les cimes des perroquets les croquent.
Par ici, les cigales ont un chant électrique ;
Les cloches inégales font un son arthritique,
Et l’odeur du jasmin, avec ses blanches fleurs,
Fait à chaque matin oublier la chaleur.
Si parfois s’éparpillent quelques restes de coques
De tournesol mobiles dans les rues qui sont propres,
Des moineaux plus légers que le rire des enfants
Y cherchent à manger quelque miette en piaffant.
¡Escuchame, Pepa!, s’écrit Alejandra,
¡Hola, Baby! ¿¡Qué tal?!, dit la grande Nona,
Alors que me déroutent tes taches de rousseur
Et que l’eau goutte-à-goutte d’un grand climatiseur.
En septembre, à Séville, les oranges sont vertes,
Aux palmiers de la ville, les dattes découvertes
S’écoulent en régimes de fruits jaunes et ocres
Pendant que dans les cimes des perroquets les croquent.
Dessous ta blouse vive, dansent des pointes douces ;
Ta main sous ma chemise, sur tes lèvres mon pouce :
En septembre, à Séville, tes prunelles sont vertes,
Tes dessous en résille, tes jambes entrouvertes.
Aubépin des Ardrets, Séville, en septembre 2018
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