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Elle rit mais...

#1
Oh ! Dieu que je l’aime quand elle rit mais la
Langue qu’elle a sortie pour me dire un poème
Est belle comme mes vers : ah ! la rime est là
Pour donner de l’éclat à nos vies de bohème.

Je l’écoute en fermant ma bouche et j’ouvre en grand
Ma vue et mon ouïe subjuguées par le charme
De l’accent qu’elle met dans son talent flagrant
Aussi subtil qu’une violette de Parme.

Je suis abasourdi : elle lit mon écrit
Qu’elle apprécie ainsi qu’un « sanscrit » de Corbière
Dans lequel le poète écorché vif décrit
Sa vie mouvementée avant sa mise en bière.

Oh ! Je ne vaux pas de partager son fauteuil
Qui n’était d’ailleurs qu’un banc (peut-être une chaise) ;
Mais, lectrice, à ma mort, porteras-tu le deuil
Et m’accompagneras-tu au Père-Lachaise ?

Ah ! tu ris, tu crois que je ne vais pas mourir ?
Continue de chanter cette étrangissime ode
Que je t’ai destinée ; tu sais, je vais pourrir
Nu comme Jésus sous la férule d’Hérode.

Pour le moment, je laisse entrer son air exquis
Qui emplit mes poumons fleuris de violette
Et monte parfumer partout mon vertex qui
Se plaint d’une trop forte odeur de mimolette.

Voilà qu’elle pleure et qu’elle sourit en coin ;
Il doit s’agir des nerfs craquant quand on les lâche.
Je sais qu’elle aime assez bien la purée de coing
Dont mon poème est plein ; je me sens un peu lâche

D’avoir tant tartiné ma composition
D’une confiture plaisant tant à sa langue
Qui se sort sans montrer d’indisposition
(Ayant déjà léché un cœur sucré de mangue.)

Mes vers immangeables ont ce goût du poison
Irrésistiblement captés par l’attirance
Qui cherche à faire entrer un être en pâmoison
Sans que l’offrande du magma sente le rance.

Oh ! Dieu que je l’aime celle qui croit aimer
Un bon salmigondis de sucre canne en poudre
Mais je reste muet, je veux exploiter mes
Capacités à dans un sirop me dissoudre.

Vive la bohème qui ment aux bohémiens
Mais je ne veux pas de doute à ma bohémienne ;
Le mensonge innocent a le culte des miens
Et mon boniment fait que ma lectrice est mienne.