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délocalisation d'un ministère

babyfruit

Grand poète
#1
Délocalisation du ministère des anciens combattants (1992)

Exil pour Caen programmé

J’ai encore à l’oreille toutes vos promesses vaines,
Vos mensonges grossiers et vos calembredaines.

« Fontenay, mes amis ce n’est que pour un temps
Bientôt vous reverrez votre Bercy d’antan ! »
Fadaises que tout cela ! Sottes balivernes
Pensais-je à ces moments, le ministre nous berne.
Hélas ! J’avais raison de ne guère vous croire
Le voile se lève enfin, vous ne pouvez surseoir :
« De Bercy plus question, faites en votre deuil,
Il m’a fallu trouver un autre lieu d’accueil
C’eût pu être Cayenne, n’eût été la distance.
En fait, ce sera Caen, un choix de circonstance.
Restait le bâtiment. Plutôt que du moderne
J’optais pour de l’ancien, une vaste caserne
Construite sous l’empire comme l’autre à Bercy.
Je connais votre amour pour les vieux édifices
Fontenay fut pour vous un bien gros sacrifice
Ces immeubles en béton aux façades de verre
Convenaient-ils vraiment à votre ministère ?
Pourquoi ce mobilier ? Ce luxe d’ascenseurs ?
Et partout ces moquettes à quadruple épaisseur
Oublions tout cela ! Il vous faut du rustique
Que dis-je du rustique, il vous faut de l’antique !
Alors là, croyez-moi, vous serez servis
Sacrés petits veinards ! Allez, je vous envie !
N’eussent été mes fonctions qui me retiennent ici
Je serais bien part avec vous, vous tenir compagnie
Pensez donc quelle chance que de vivre au grand air
A cent lieues de Paris et de ses ministères !
Bon débarras, pardon, euh bon vent voulais-je dire
Bon vent ! Ah oui ! C’est le cas de le dire ! ».


Las ! Monsieur le ministre, les vents vous sont contraires
Et la tempête gronde parmi vos fonctionnaires
Non, Monsieur le ministre, nous n’irons pas à Caen
Ne comptez pas sur nous pour ficher le camp !