COMPOSTELLE
Et reposant sur le comptoir
Son verre torché à la va-vite,
Il sortit frêle au vent du soir
Sifflant sa chanson favorite.
Pesant et visqueux dans sa poche,
Ce courrier en recommandé
Lui faisandait de façon moche
Ses ans soudain désenchantés.
Quand la vie frappe, il faut partir,
Ne pas se retourner, bien droit,
Lever la voile en beau navire
Qui vogue vers les beaux endroits.
Ses pensions dues déshonorées,
Quatre mariages et trois divorces,
Et des familles recomposées
Ici, ailleurs et même en Corse.
Quitter le monde, fuir, c’est joli,
Mais ne compte pas que le physique,
Il faut sauver son âme aussi,
Alors en route vers le mystique.
Sur le chemin de Compostelle,
Se mit en route pour le pardon
De ses péchés en ritournelle,
Ses turpitudes en bataillon.
Au premier jour d’une longue marche,
Il subit des fans de Johnny
Qui mirent son moral à l’arrache
En beuglant « quand revient la nuit ».
Leur désespoir était poignant,
Ils lui firent bouffer leur cafard
A faire pleurer ses pieds saignants.
Il largua vite tous ces criards
Pour choir de Charybde en Scylla
Sur une veuve inconsolée
En son silence de bégonia,
Et qu’il finit par violer.
Sous le soleil ou bien la pluie,
A raison de vingt bornes par jour,
Sa longue marche se poursuivit,
Et ses rencontres aux carrefours :
Un retraité, un scout de France,
Douze chevelus et Jésus-Christ
Qui nous pardonne nos offenses,
Un Juif errant, un colibri.
Un soir il déposa son sac
En face d’une montagne pentue.
Picolant du Monbazillac,
Il visionna tout son vécu.
Et tout devint très évident.
Comme l’oiseau qui rentre au nid,
Sans plus attendre, incessamment,
Il lui fallait rentrer chez lui.
C’est ce qu’il fit, tambour battant,
En auto-stop, en TGV,
Un jour nouveau lui révélant
Ce qu’il avait toujours rêvé.
Mais il trouva l’appartement
Plus cafardeux qu’un matin gris,
Pillé, vidé, sanguinolent,
Les huissiers lui avaient tout pris.
Trainant alors ses lourds souliers,
Il se rendit sans plus attendre
Au PMU de son quartier
Pour se souler à se faire fendre.
Sur le chemin de Compostelle,
Tous ne trouvent pas l’absolution,
Et notre ami en sac-poubelle
En est la triste démonstration
Et reposant sur le comptoir
Son verre torché à la va-vite,
Il sortit frêle au vent du soir
Sifflant sa chanson favorite.
Pesant et visqueux dans sa poche,
Ce courrier en recommandé
Lui faisandait de façon moche
Ses ans soudain désenchantés.
Quand la vie frappe, il faut partir,
Ne pas se retourner, bien droit,
Lever la voile en beau navire
Qui vogue vers les beaux endroits.
Ses pensions dues déshonorées,
Quatre mariages et trois divorces,
Et des familles recomposées
Ici, ailleurs et même en Corse.
Quitter le monde, fuir, c’est joli,
Mais ne compte pas que le physique,
Il faut sauver son âme aussi,
Alors en route vers le mystique.
Sur le chemin de Compostelle,
Se mit en route pour le pardon
De ses péchés en ritournelle,
Ses turpitudes en bataillon.
Au premier jour d’une longue marche,
Il subit des fans de Johnny
Qui mirent son moral à l’arrache
En beuglant « quand revient la nuit ».
Leur désespoir était poignant,
Ils lui firent bouffer leur cafard
A faire pleurer ses pieds saignants.
Il largua vite tous ces criards
Pour choir de Charybde en Scylla
Sur une veuve inconsolée
En son silence de bégonia,
Et qu’il finit par violer.
Sous le soleil ou bien la pluie,
A raison de vingt bornes par jour,
Sa longue marche se poursuivit,
Et ses rencontres aux carrefours :
Un retraité, un scout de France,
Douze chevelus et Jésus-Christ
Qui nous pardonne nos offenses,
Un Juif errant, un colibri.
Un soir il déposa son sac
En face d’une montagne pentue.
Picolant du Monbazillac,
Il visionna tout son vécu.
Et tout devint très évident.
Comme l’oiseau qui rentre au nid,
Sans plus attendre, incessamment,
Il lui fallait rentrer chez lui.
C’est ce qu’il fit, tambour battant,
En auto-stop, en TGV,
Un jour nouveau lui révélant
Ce qu’il avait toujours rêvé.
Mais il trouva l’appartement
Plus cafardeux qu’un matin gris,
Pillé, vidé, sanguinolent,
Les huissiers lui avaient tout pris.
Trainant alors ses lourds souliers,
Il se rendit sans plus attendre
Au PMU de son quartier
Pour se souler à se faire fendre.
Sur le chemin de Compostelle,
Tous ne trouvent pas l’absolution,
Et notre ami en sac-poubelle
En est la triste démonstration