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choses vues à bangkok

babyfruit

Grand poète
#1
Dans cette ruche bourdonnante qui est Bangkok, il existe des havres de silence et de paix, ce sont les parcs. Ils sont nombreux à Bangkok et de toute taille. Depuis l’immense Lumpini dont le roi a fait don à ses sujets au début de son règne jusqu’aux plus humbles, englués dans un océan d’immeubles et de véhicules automobiles. Le parc le plus proche de ma guesthouse fait partie de ces périmètres de verdure, minuscules sur une carte mais néanmoins charmants. A l’ombre de gigantesques tamariniers qui déploient généreusement leur feuillage jusqu’à terre, on peut rencontrer des occidentaux d’un âge respectable, plongés dans un roman de James Joyce ou de laurence Durrell. Ils occupent tous les jours le même banc, insensibles à
l’environnement, pénétrés par leur lecture. Après avoir sans doute bourlingué toute leur vie, le parc constitue leur dernier port d’attache. Dignes émules de henri Miller et de blaise Cendrars, ils font figure de vieux sages. C’est à peine si le piaillement de quelques mainates ou le vrombissement lointain de la circulation automobile vient troubler leur quiétude. Toutefois, dès que le soir tombe, le parc change de décor comme une scène de théâtre. De puissants micros tapis sournoisement dans la verdure crachent alors leurs décibels. En un instant, le temple de la littérature s’est mué en un club d’aérobic. Les vieux philosophes qui semblaient à jamais ancrés sur leur banc ont tous disparus. Une cinquantaine de Thais venus de nulle part se contorsionnent sur un fond de musique techno, guidés dans leurs ébats par un maître de danse improbable juché sur une estrade. Qu’importe si la chorégraphie laisse à désirer et si les corps ne sont plus souples et la tenue vestimentaire inappropriée. Ils y mettent tout leur cœur, convaincus du bienfait de cet exercice quotidien. En arrière-plan, insensibles à cette agitation, d’imposantes barges défilent sur le chao Phraya qui est à Bangkok ce que la seine est à paris. Encordées les unes aux autres par chapelets de trois ou quatre, elles sont tirées par des remorqueurs bien plus petits, qui se cabrent sous la lourde charge....