CÉZANNE
Tu survivras par mon pinceau,
Mon père, lisant L’Événement,
Tu sais l’un de ces bas journaux,
Sur ton fauteuil te reposant,
Un béret noir dessus ta tête,
Aux pieds croisés de lourds sabots.
Où est ton sens de l’étiquette,
Papa qui fit toujours le beau ?
Tes mains serrant sur ce journal
Ta vie qui toujours durerait
Sont comme les griffes d’un animal
Qui jamais rien ne lâcherait.
Chapelier devenu banquier,
Tu t’imaginais naïvement
Que moi, ton fils, ton héritier,
Je me ferais entreprenant,
Qu’après mon droit au lycée d’Aix,
J’épouserais en bon bourgeois,
Et sans avoir connu le sexe,
Une descendante de bon aloi.
J’étais déjà en dépendance
Pour la montagne Sainte Victoire,
Désertifiant tes espérances
Et tes espoirs de pseudo gloire.
Quand tu appris, lisant mes lettres,
Que j’étais père d’un petit Paul,
Tu m’as coupé les vivres en maître
Qui veut qu’on lui tienne parole.
Moi qui peignais des vases, des pommes,
Des jardiniers joueurs de cartes,
De tes chemins qui mènent à Rome
Je m’en foutais comme de Descartes.
Toujours, en gros garçon timide,
Je déparais, faisais scandale.
Manet, Monet, peintres émérites,
M’avaient jugé un peu trop sale.
Et mon ami grand écrivain
M’assassinant dans son roman,
Et toi me rationnant le pain
Pour tes vieux principes de couvent.
Mais moi Papa j’ai survécu,
J’ai travaillé et j’ai douté,
Parfois comblé, souvent déçu.
Vilipendé j’ai résisté.
Un empire tu t’étais offert,
Valeurs boursières et du foncier.
Moi, au pinceau j’ai su te faire
Une parcelle d’éternité.
Je fus ce fils si décevant,
Ce bon à rien, ce bougre d’âne.
Mais j’ai fait mieux que ton argent :
A tout jamais, je suis Cézanne.
Tu survivras par mon pinceau,
Mon père, lisant L’Événement,
Tu sais l’un de ces bas journaux,
Sur ton fauteuil te reposant,
Un béret noir dessus ta tête,
Aux pieds croisés de lourds sabots.
Où est ton sens de l’étiquette,
Papa qui fit toujours le beau ?
Tes mains serrant sur ce journal
Ta vie qui toujours durerait
Sont comme les griffes d’un animal
Qui jamais rien ne lâcherait.
Chapelier devenu banquier,
Tu t’imaginais naïvement
Que moi, ton fils, ton héritier,
Je me ferais entreprenant,
Qu’après mon droit au lycée d’Aix,
J’épouserais en bon bourgeois,
Et sans avoir connu le sexe,
Une descendante de bon aloi.
J’étais déjà en dépendance
Pour la montagne Sainte Victoire,
Désertifiant tes espérances
Et tes espoirs de pseudo gloire.
Quand tu appris, lisant mes lettres,
Que j’étais père d’un petit Paul,
Tu m’as coupé les vivres en maître
Qui veut qu’on lui tienne parole.
Moi qui peignais des vases, des pommes,
Des jardiniers joueurs de cartes,
De tes chemins qui mènent à Rome
Je m’en foutais comme de Descartes.
Toujours, en gros garçon timide,
Je déparais, faisais scandale.
Manet, Monet, peintres émérites,
M’avaient jugé un peu trop sale.
Et mon ami grand écrivain
M’assassinant dans son roman,
Et toi me rationnant le pain
Pour tes vieux principes de couvent.
Mais moi Papa j’ai survécu,
J’ai travaillé et j’ai douté,
Parfois comblé, souvent déçu.
Vilipendé j’ai résisté.
Un empire tu t’étais offert,
Valeurs boursières et du foncier.
Moi, au pinceau j’ai su te faire
Une parcelle d’éternité.
Je fus ce fils si décevant,
Ce bon à rien, ce bougre d’âne.
Mais j’ai fait mieux que ton argent :
A tout jamais, je suis Cézanne.