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BELLEVILLE

#1
BELLEVILLE

Je trainais à Belleville
En un bar un peu crade
Où mes tournées faciles
Me posaient camarade.

Les gens sont ce qu’ils sont,
Ouverts au tout venant,
Aux vers d’une chanson,
Aux refrains reprenant.

Un type à la guitare
Sur une scène ouverte
Chantait « il est trop tard »
D’une voix un peu verte,

Et ses mots qui planaient
Sur nos verres resservis
Etaient des fleurs fanées,
Des pétales qu’on oublie,

Des pensées qu’on décerne
Aux amours trépassés,
A la fille aux yeux ternes,
Mais non désespérés,

Qui jadis enflammait
Mes nuits de célibat,
Et me laissait cramé
Au terme de nos ébats.

L’alcool devenait rude.
Il flottait dans ce bar
Un souffle de solitude
Qui larguait les amarres.

A Belleville je trainais
Le passé un peu lourd
D’une vie traversée
Et reprise à rebours.

Et la nuit qui venait
Me rendait éphémère,
Fragile et désarmé,
Naufragé dans la mer.

Je trainais à Belleville
Dans un bar un peu crade
Où mes tournées faciles
Me posaient camarade.
 
#2
J'ai bien aimé ma belle lecture, il ne manque plus que la musique pour en faire une belle chanson. Merci.
ça me fait penser à celui-ci.
amicalement.