Bacharach
Alors que le soleil d’octobre brillait encor
Sur certaines abeilles et sur cette mer d’or
De la vigne et des bois, de vibrants éclats mauves
Accompagnaient nos pas : des sauterelles fauves.
Depuis Kaub nous longions la crête des collines ;
En bas nous entendions les péniches en ligne :
Grondements aquatiques des hélices et remous
De reflets argentiques sur l’eau sombre qui bout.
La nuit nous avions vu, des deux côtés du Rhin,
Le long bruit sec et nu de grands convois de trains ;
Leurs lampes dans le noir nous avaient rappelé
L’étrange train du soir d’un manga japonais.
Après un sol jonché de glands et de cupules,
Le regard accroché au vol des libellules,
Nous avions bruni nos mains sur quelques noix,
Trouvé un petit nid de mousse tombé bas,
Et puis dans un chemin, la rencontre incertaine
De réfugiés syriens ramassant des châtaignes
Avait laissé pensifs nos regards sur la vie :
Sur quel rafiot poussif le mektoub nous convie ?
Plus loin, quelques sarments nous avaient vu tirer
Des grappes aux Allemands, de doux reflets cuivrés.
Dans leurs grains si serrés qui crevaient sous nos doigts
Le jus frais et sucré sentait comme autrefois.
C’est alors qu’apparurent le bourg et son château,
Le schiste des toitures, comme pris dans l’étau
D’un grand pli du relief. Toile peinte d’un art
De l’ancienne noblesse : c’était là Bacharach.
Je crois que c’est Heine qui nous menait ici.
Nous avions lu, plus jeunes, son livre de Rabbi :
Une histoire d’enfant mort et de Juifs accusés,
Un moment où un tort terrifiant est causé.
Aubépin des Ardrets
Première page du brouillon
Alors que le soleil d’octobre brillait encor
Sur certaines abeilles et sur cette mer d’or
De la vigne et des bois, de vibrants éclats mauves
Accompagnaient nos pas : des sauterelles fauves.
Depuis Kaub nous longions la crête des collines ;
En bas nous entendions les péniches en ligne :
Grondements aquatiques des hélices et remous
De reflets argentiques sur l’eau sombre qui bout.
La nuit nous avions vu, des deux côtés du Rhin,
Le long bruit sec et nu de grands convois de trains ;
Leurs lampes dans le noir nous avaient rappelé
L’étrange train du soir d’un manga japonais.
Après un sol jonché de glands et de cupules,
Le regard accroché au vol des libellules,
Nous avions bruni nos mains sur quelques noix,
Trouvé un petit nid de mousse tombé bas,
Et puis dans un chemin, la rencontre incertaine
De réfugiés syriens ramassant des châtaignes
Avait laissé pensifs nos regards sur la vie :
Sur quel rafiot poussif le mektoub nous convie ?
Plus loin, quelques sarments nous avaient vu tirer
Des grappes aux Allemands, de doux reflets cuivrés.
Dans leurs grains si serrés qui crevaient sous nos doigts
Le jus frais et sucré sentait comme autrefois.
C’est alors qu’apparurent le bourg et son château,
Le schiste des toitures, comme pris dans l’étau
D’un grand pli du relief. Toile peinte d’un art
De l’ancienne noblesse : c’était là Bacharach.
Je crois que c’est Heine qui nous menait ici.
Nous avions lu, plus jeunes, son livre de Rabbi :
Une histoire d’enfant mort et de Juifs accusés,
Un moment où un tort terrifiant est causé.
Aubépin des Ardrets
Première page du brouillon
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