Parmi les funestes personnes
Dont j'écris les biographies
Pinochet est en place bonne
Derrière Hitler et ses amis
Et, si aux autres, il déroge
C'est qu'un grand enfant il restait
Car dans son nom, disait Desproges
On y trouve le mot "hochet"
L'homme naît à Valparaiso
Un mois avant mil neuf cent-seize
Dans une famille catho-
-lique d'origine française
Il entre, jeune, au séminaire
Mais il en est vite éjecté
Par mesure disciplinaire
Les Français sont très dissipés
Alors au collège on le forme
Pour être un bon petit Chilien
Digne de porter l'uniforme
Quand il aura seize ans atteints
C'est à l'école militaire
Qu'il trouve enfin sa vocation
Il se fait soldat de carrière
Et gravit tous les échelons
C'est en tenue de capitaine
Qu'il se marie à vingt-cinq ans
Avec une jolie Chilienne
Mais Basque par ses deux parents
En mil neuf cent soixante-huit
Pinochet devient général
Il ne le doit qu'à son mérite
Jusque-là, le type est normal
Quand Allende se fait élire
Président de la république
Ce dernier émet le désir
Que dans son équipe, il rapplique
Chef d'État-major, on le nomme
Avec le grade qui s'ensuit
Alors Pinochet se sent comme
Un loup dans une bergerie
Après deux années difficiles
De grèves et d'agitation
De meetings, de slogans hostiles
Au gouvernement mollasson
Le rusé Pinochet renverse
Le Président qui disparaît
Puis une dictature exerce
Sur son peuple terrorisé
Chef d'une épouvantable junte
Il prend des décisions brutales
Exige une presse restreinte
Dissous l'Assemblée nationale
Interdit les syndicalistes
Abolit la constitution
Pourchasse les leaders gauchistes
Procède à leur arrestation
Après un an de cauchemar
Il plébiscite la nation
Pour être leur nouveau César
Les Chiliens ne disent pas non
La Commission des droits de l'homme
De l'O. N. U. condamne en bloc
La purge, le référendum
Et l'oncle Sam, sans équivoque
Lors, Pinochet, non sans malice
Libère quelques prisonniers
Militaires, gens de police
Et agents de sécurité
La récession économique
Touche le pays de plein fouet
Et un îlot du Pacifique
Pousse la clique à guerroyer
Il faut que le Pape s'échine
À calmer ses "guérilleros"
Car aux confins de l'Argentine
Les "muchachos" ont le sang chaud
Au bout de sept ans de malheur
La glace n'était pas rompue
Entre le peuple et son leader
Et par crainte, il est réélu
En mil neuf cent quatre-vingt-six
On tente de l'assassiner
Lors, il serre plus fort la vis
Sur ses opposants requinqués
Durant les deux années qui suivent
Le peuple enfin se manifeste
Et quand les élections arrivent
Pinochet se prend une veste
Deux ans encore il faut attendre
Pour que Pinochet se retire
La démocratie peut reprendre
Après seize années de martyr
Pinochet en contrepartie
Redevient le chef des armées
Pendant huit années et demie
Puis, à quatre-vingts ans passés
Il se fait élire haut-la-main
Sénateur à vie par ses pairs
Et sans souci du lendemain
Il coule des journées prospères
Jusqu'au jour où un grain de sable
Vient enrayer la mécanique
Une hernie désagréable
Inopérable en Amérique
L'oblige à partir en urgence
À Londres, se faire soigner
C'est là qu'un juge rouge lance
Contre lui un mandat d'arrêt
L'ex-dictateur octogénaire
Se retrouve vite en prison
Accusé d'être un tortionnaire
Dans son cachot il se morfond
Bientôt son état se dégrade
Et quand chez le juge, il se rend
C'est fatigué, tremblant, malade
Poussé dans un fauteuil roulant
Inquiet de sa décrépitude
Le gouvernement britannique
Dans son immense mansuétude
Le renvoie vers son Amérique
Là-bas, dans son Chili natal
Quand les militaires l'accueillent
Au son de l'hymne national
Il est debout sans son fauteuil
Mais la justice le rattrape
On lève son immunité
Or, à la prison, il échappe
Car son état s'est aggravé
On le conduit à l'hôpital
Dans un état désespéré
Là-bas, le bougre d'animal
Retrouve presque la santé
Juste la force qui suffit
Pour s'en aller paisiblement
Impuni, au fond de son lit
À près de quatre-vingt douze ans
Dont j'écris les biographies
Pinochet est en place bonne
Derrière Hitler et ses amis
Et, si aux autres, il déroge
C'est qu'un grand enfant il restait
Car dans son nom, disait Desproges
On y trouve le mot "hochet"
L'homme naît à Valparaiso
Un mois avant mil neuf cent-seize
Dans une famille catho-
-lique d'origine française
Il entre, jeune, au séminaire
Mais il en est vite éjecté
Par mesure disciplinaire
Les Français sont très dissipés
Alors au collège on le forme
Pour être un bon petit Chilien
Digne de porter l'uniforme
Quand il aura seize ans atteints
C'est à l'école militaire
Qu'il trouve enfin sa vocation
Il se fait soldat de carrière
Et gravit tous les échelons
C'est en tenue de capitaine
Qu'il se marie à vingt-cinq ans
Avec une jolie Chilienne
Mais Basque par ses deux parents
En mil neuf cent soixante-huit
Pinochet devient général
Il ne le doit qu'à son mérite
Jusque-là, le type est normal
Quand Allende se fait élire
Président de la république
Ce dernier émet le désir
Que dans son équipe, il rapplique
Chef d'État-major, on le nomme
Avec le grade qui s'ensuit
Alors Pinochet se sent comme
Un loup dans une bergerie
Après deux années difficiles
De grèves et d'agitation
De meetings, de slogans hostiles
Au gouvernement mollasson
Le rusé Pinochet renverse
Le Président qui disparaît
Puis une dictature exerce
Sur son peuple terrorisé
Chef d'une épouvantable junte
Il prend des décisions brutales
Exige une presse restreinte
Dissous l'Assemblée nationale
Interdit les syndicalistes
Abolit la constitution
Pourchasse les leaders gauchistes
Procède à leur arrestation
Après un an de cauchemar
Il plébiscite la nation
Pour être leur nouveau César
Les Chiliens ne disent pas non
La Commission des droits de l'homme
De l'O. N. U. condamne en bloc
La purge, le référendum
Et l'oncle Sam, sans équivoque
Lors, Pinochet, non sans malice
Libère quelques prisonniers
Militaires, gens de police
Et agents de sécurité
La récession économique
Touche le pays de plein fouet
Et un îlot du Pacifique
Pousse la clique à guerroyer
Il faut que le Pape s'échine
À calmer ses "guérilleros"
Car aux confins de l'Argentine
Les "muchachos" ont le sang chaud
Au bout de sept ans de malheur
La glace n'était pas rompue
Entre le peuple et son leader
Et par crainte, il est réélu
En mil neuf cent quatre-vingt-six
On tente de l'assassiner
Lors, il serre plus fort la vis
Sur ses opposants requinqués
Durant les deux années qui suivent
Le peuple enfin se manifeste
Et quand les élections arrivent
Pinochet se prend une veste
Deux ans encore il faut attendre
Pour que Pinochet se retire
La démocratie peut reprendre
Après seize années de martyr
Pinochet en contrepartie
Redevient le chef des armées
Pendant huit années et demie
Puis, à quatre-vingts ans passés
Il se fait élire haut-la-main
Sénateur à vie par ses pairs
Et sans souci du lendemain
Il coule des journées prospères
Jusqu'au jour où un grain de sable
Vient enrayer la mécanique
Une hernie désagréable
Inopérable en Amérique
L'oblige à partir en urgence
À Londres, se faire soigner
C'est là qu'un juge rouge lance
Contre lui un mandat d'arrêt
L'ex-dictateur octogénaire
Se retrouve vite en prison
Accusé d'être un tortionnaire
Dans son cachot il se morfond
Bientôt son état se dégrade
Et quand chez le juge, il se rend
C'est fatigué, tremblant, malade
Poussé dans un fauteuil roulant
Inquiet de sa décrépitude
Le gouvernement britannique
Dans son immense mansuétude
Le renvoie vers son Amérique
Là-bas, dans son Chili natal
Quand les militaires l'accueillent
Au son de l'hymne national
Il est debout sans son fauteuil
Mais la justice le rattrape
On lève son immunité
Or, à la prison, il échappe
Car son état s'est aggravé
On le conduit à l'hôpital
Dans un état désespéré
Là-bas, le bougre d'animal
Retrouve presque la santé
Juste la force qui suffit
Pour s'en aller paisiblement
Impuni, au fond de son lit
À près de quatre-vingt douze ans