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Arlequins

#1
Au premier coup, j’ai cru être aveugle; une obscurité absolue régnait en ce lieu. Soudain une puissante lumière jaillit tout autour de mon être; ils étaient-là, dansant autour de moi, riant comme si c’était leur ultime réunion; rien ne semblait les perturber.
Tout en gigotant, ils s’échangeaient avec moult précision, des cartes adroitement extirpées de leurs poches. Ils se tenaient par le bras et lorsqu’ils se lâchaient, ce n’était que pour s’unir à un autre partenaire. Ils sautaient les uns par-dessus les autres et leurs bonds atteignaient des hauteurs démentielles.
Je me suis pincé, je l’avoue, ne pouvant croire au spectacle qui se déroulait sous mes yeux et dont j’étais, semble-t-il, le seul témoin.
Les surprises ne s’arrêtèrent pas là; ce qui m’a littéralement époustouflé, fut sans doute quand un de ces spasmodiques Arlequins me serra la main tout en enfouissant, de sa dextre vacante, une poignée de cartes dans la poche droite de mon pantalon. Sans me relâcher, il m’interrogea :
Où étais-tu ? Cela fait des lustres que l’on t’attend ! Il me tira en avant et me dit ou plutôt m’ordonna:
Maintenant, viens et danse avec nous !
Cette danse se nommait la danse des aspirations humaines. Voilà donc la signification de leurs cartes; le pourquoi du soin particulier dont elles bénéficiaient.
Chacune d’elles symbolisait l’espérance individuelle, les espoirs de chacun, du nouveau-né jusqu’au doux vieillard. Ce jeu à lui seul était représentatif de l’ensemble des inspirations de l’humanité.
Voici donc la raison d’un tel éloignement, la cause de cette presque inaccessibilité; et l’aura magnifique qui enveloppait les êtres fabuleux n’était rien d’autre que la démonstration étincelante de leur maîtrise des cartes, de leur adresse à les manipuler. La brillance de leur regard n’avait d’équivalent
que leur altruisme et cet amour inconditionnel pour l’autre illuminait de sa chaude luisance la froide noirceur de la forêt.
Pour celui qui perdait ses cartes, point de pitié, il serait irrémédiablement condamné au pire des châtiments, autrement dit à retrouver son monde originel : le néant.
Ce soir-là, pour la première fois de ma vie, je me suis senti vivre. Ils m’avaient affublé d’oripeaux maculés de folie enluminée. Ceint de ces étranges et joyeux personnages et en possession de cartes féeriques, une totale sérénité m’envahit, une quiétude de l’âme pour la première fois éprouvée.
Si cet endroit existait...
...En ces lieux, Chronos n’aurait point d’emprise, la notion de temps serait inexistante; notre unique repère resterait cette aliénante chorégraphie et c’est par elle que le but pourrait être atteint. Après quoi, chacun de nous serait appelé à quitter ce bois, à s’évaporer, à passer peut-être dans d’autres strates dimensionnelles. Nous suivrions alors notre propre route, cette ligne de conduite que notre intuition aurait tracée.
 

tbaqmn

Grand poète
#1
Merci de votre lecture.
Content que mon texte vous ai plus.
d'autres viendront, promi

salutations sincères