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Août

Eléâzar

Maître Poète
#1
Ce matin, juillet prend une année de vacances
Et passe le flambeau à son jumeau frère août
Dont l’infernalité terrorise le roux,
Le fragile souffrant de ses inconséquences.

Le nez collé sur un carreau de ma fenêtre,
Je l’observe avec soin exercer son pouvoir
En séchant la rosée sans même s’émouvoir
Du grand déchirement que son acte fait naître.

Les perles accrochées aux toiles d’araignées
Ont été dérobées et la mare aux têtards
Etait encore pleine, hier au soir très tard
De trois demoiselles qui s’y étaient baignées.

Scrupuleusement, août remplit son ministère
En nettoyant le ciel de ses impuretés,
Ces traînées de fil blanc nuisant au pur été
Dont l’astre solaire exerce le magistère.

La buse vole haut, la limace se traîne
Ainsi que l’escargot sur le chemin terreux
Cabossé, caillouteux, herbeux, poussiéreux
Flanqué du sureau-roi, de la fougère-reine.

Tiens, voici Antoine qui court et qui agite
Une couleuvre entortillée entre ses mains,
Le souffle court et fier comme l’est un gamin
Qui a pu débusquer le serpent dans son gîte.

Sur le mur blanc de pierre, un petit lézard gris
Est immobilisé ; il a vu un moustique
Pris dans un interstice : un repas fantastique !
Et file, vif éclair, sur l’insecte surpris.

La mûre est noire dans le roncier en bataille,
La framboise carmin exhale son parfum ;
Il est tôt et déjà, j’ai un creux, une faim
Entrés dans l’estomac par une large entaille.

Douze heures ont sonné ; la nature est figée ;
Je tire le rideau et ferme le volet ;
C’est comme si soudain le plein jour s’envolait
Pour laisser pénétrer une nuit obligée.

Ah ! L’août, le méchant loup salivant sur les cous,
Est sorti, oui, mais d’où ? D’un bois, d’un endroit sombre ?
Déshydraté, je bois, en cherchant un coin d’ombre
A sa chaude santé, un grand verre, d’un coup.

Je n’ai plus envie de me sustenter, je songe
A m’allonger sous l’axe du ventilateur
Ou à m’enfermer dans le grand congélateur
Près des crèmes glacées : cette pensée me ronge...

Vivement le quinze de la sainte Marie ;
Le temps se rafraîchit, les pruneaux sont cueillis ;
Sous les mirabelliers, je serai accueilli
Par les fruits blonds mûris vers la mare tarie.

Je rêve ! Pour l’heure, le monstre incendiaire
Entouré de chaleur fonce à toute vapeur
Et ma torpeur mue vers une indicible peur
Prisonnière d’une gigantesque chaudière ;

Et le sommeil m’appuie la tête sur la table
Quand il est dérangé par une mouche à miel
Vibrionnant autour de ma couche et le ciel
Adoube sans broncher cet insecte indomptable

Comme n’est pas doux ce mois d’août insupportable.
 

céruléen

Maître Poète
#3
vivement le mois de Septembre même si ton mois d'Août est très bien écrit.....quelle souffrance, un peu de fraîcheur svp.....merci Eléâzar....amicalement