Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web.
Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons que vous en êtes satisfait.

  • Visiteur, merci de ne pas poster plus de 5 poèmes par jour. Ceci dans le but d'améliorer la visibilité du site.

Anna Anderson [fausse Anastasia] revisitée (1896-1984)

Filiatus

Maître Poète
#1
"Franziska Schanzkowska", c'est moche !
"Anastasia Manahan", non !
"Anna Anderson", ça accroche
Pourtant ce sont trois mêmes noms

Trois identités peu communes
Dont la dame décrite là
N'en aura retenue aucune
Pour s'appeler "Anastasia"

Comme la célèbre princesse
Dont elle a volé le prénom
Ressuscitant feue son altesse
Pour en galvauder le renom

Aussi pour la petite histoire
Nous la prénommerons Anna
Même si bien des binoclards
Verront en elle Anastasia

Anna est une Polonaise
Née dans le nord-est du pays
En mil huit cent quatre-vingt-seize
Soit cinq ans avant son sosie

On ne sait rien de son enfance
Elle-même ne le sait guère
Elle a dû oublier, je pense
Sa vie durant la Grande Guerre

D'ailleurs peu après l'armistice
On la retrouve dans Berlin
En des pensées dévastatrices
Augurant de sa proche fin

Elle saute dans le canal
Sous l'œil d'un agent de police
Qui la sauve, et à l'hôpital
Elle revit, in extremis

Plus muette que n'est la tombe
Et sans papiers d'identité
On doit la diriger en trombe
Vers un asile d'aliénés

Après une année de relègue
À ne rien comprendre au Teuton
On lui adjoint une collègue
Atteinte de persécution

Celle-ci, d'origine Russe
Qui à côtoyé le Gotha
Propage aussitôt le virus
Qu'Anna serait Anastasia

Anastasia, fille du tsar
Tuée en mil neuf cent dix-huit
Qui, à peine deux ans plus tard
Chez les cinoques ressuscite !

Voilà qui attire à l'hospice
Des curieux et des journalistes
Jusqu'à son ancienne nourrice
Chassée par les loups communistes

Certains disent que c'est bien elle
D'autres sont encore hésitants
Dans les esprits le doute est tel
Qu'on la libère sur le champ

Peu à peu Anna en confiance
Peut débiter son boniment
Elle explique avoir eu la chance
D'être blessée légèrement

Et qu'un repenti bolchevique
L'aurait sauvée, l'aurait soignée
Et pour finir, c'est romantique
À Berlin, l'aurait épousée

Malheureusement le bellâtre
S'est fait tuer d'un coup de fusil
Et dans ce cas pourquoi se battre
Quand on n'a plus rien dans la vie

Comme tout Polonais du nord
Elle parle un petit peu russe
Les docteurs expliquant alors
Que son accent n'est qu'un hiatus

Pendant dix années la bougresse
Embobeline les ruskovs
Et ce, aux frais de la princesse
[Car aux bons soins des Romanov]

Tandis que les experts se battent
Anna rencontre un bon ami
Lors, elle et lui se carapatent
Aux fins fonds des États-Unis

En mil neuf cent soixante-huit
Ils se marient en Virginie
Tandis qu'un tribunal d'élites
Dénonce la supercherie

Deux années plus tard, au mois d'août
La cour d'appel sise à Hambourg
Admet que subsiste le doute
Et abandonne tout recours

Fort de ce verdict maladroit
Jusqu'à sa mort, la comédienne
Jugera être Anastasia…
Ce qu'infirmera l'ADN
 

Pièces jointes