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Ame, corps, accord

poesiedesrues

Maître Poète
#1
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J'aimerais accorder ma vie. Qu'elle sonne enfin juste. L'accorder sur la note de vrai qui vibre au fond. Sur la gamme de la passion, un battement de cœur pour percussion.

Pas sur le refrain saccadé du tic-tac de l'horloge qui te rappelle à l'ordre, et te clouera à une routine au nom de la stabilité financière. Manque d'air. Le refrain qui s'imice dans ton esprit pour y déposer un voile. Le murmure incessant qui te dit de dépenser, et transforme ton champ de pensées en un désert aride, te stérilise par une brlure à l'acide, détruit ta nature profonde avec des torrents d'herbicide. Le mot "nécessaire" règne dans ta tête, formatée par des actionnaires. Alors achète pour être beau, heureux et bien dans ta peau. Achète, sinon personne ne t'aimera. Achète, car tu vaux ce que tu as.

Ce refrain corrosif, qui résonne dans les reliefs de tes différences, les appelle défauts, et les broie sous ses griffes. Couvre-les, cache-les, arrache-les. Tu devrais en avoir honte. Il vaut mieux pour toi que tu deviennes ce qu'on te montre.

Je voudrais parvenir à balayer cette fausse note qui retentit autour de moi chaque jour. Ce martèlement qui nous assène des coups jusqu'à ce qu'on fasse un choix entre devenir fou ou devenir sourd parmi la foule. Je voudrais faire naître une autre note, qui sonnerait comme un sourire pour riposter à ces milliers de visages fermés qui défilent. Une note simple dont la profondeur pourrait côtoyer celle qu'offrent les ciels étoilés. Une note cristalline, au sein de laquelle résonnerait la pureté de l'astre, pour nous rappeler qu'eux seuls ont la légitimité de guider nos heures. La note qui sonnerait assez fort pour nous réveiller, nous faire ouvrir brusquement les yeux afin qu'ils réalisent enfin qu'il n'y a nulle trace de bonheur ou d'amour sous ces montagnes de contingent. Car l'essence de ces choses est en nous. Et c'est là que s'enracine la vraie confiance en soi. Et nous avons la capacité de cultiver tout ça, de faire grandir, et de faire s'épanouir quelque chose de magnifique.

Je ne l'ai pas encore trouvée, cette note. Mais je sais qu'elle existe. Elle est belle, c'est sûr. Belle comme la vraie beauté. Comme l'authenticité d'une rature. Belle comme la voix qui affirme qu'aucun visage habité par la vie ne peut être laid. Car celui qui embrasse ses différences simplement, avec amour et détachement, celui qui regarde la distance qui l'éloigne des modèles imposés sans la moindre trace d'anxiété, celui là enseigne au monde la beauté.

Je la cherche au creux de chaque jour, la note qui ranimera la foi. Celle qui vibrera nous nos pas pour leur rendre leur légèreté d'autrefois. Une note qui se briserait en miliers d'éclats couleur or, pour nous faire voir enfin où sont les vrais trésors. Une note pour briser l'immobilité. Une note sur laquelle bâtir l'âme d'une danse véritable. A l'image de la vie. Sans chorégraphie.​